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À La Une - Crise

Réfugiés syriens : Sleiman juge « insuffisante » l’aide internationale au Liban

L’UE débloque 70 millions d’euros supplémentaires pour aider « les plus démunis à passer l’hiver ».

Le président Sleiman réuni avec les ambassadeurs de l’UE. Photo Dalati et Nohra

« Insuffisante ! » C’est le terme utilisé par le président Michel Sleiman pour qualifier l’aide accordée jusque-là par la communauté internationale au Liban, peu après l’annonce du déblocage de plus de 70 millions d’euros par l’Union européenne au profit du Liban, pour faire face à la crise des réfugiés syriens.

« Soixante-dix millions d’euros supplémentaires seront alloués par l’agence humanitaire de l’UE, ECHO, pour aider les réfugiés les plus démunis à passer l’hiver », avait annoncé hier Angelina Eichhorst, après avoir rencontré le chef de l’État au palais de Baabda.


Avec 779 000 personnes enregistrées par le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), le nombre total de réfugiés pouvant être bien plus élevé, le Liban constitue en effet la première terre d’accueil des réfugiés syriens. Les 70 millions d’euros, qui doivent couvrir les mois de novembre à mars, sont destinés à aider 90 000 familles considérées comme étant les plus vulnérables.


« Nous mettons tout en œuvre pour aider à répondre aux besoins pressants des Libanais et des réfugiés, par l’aide humanitaire d’urgence ainsi que le développement des infrastructures et des services de base », a ajouté Mme Eichhorst. « Les institutions européennes et les États membres ont déjà alloué plus de 500 millions d’euros au Liban pour répondre aux conséquences de la crise syrienne » sur le Liban, a pourtant indiqué Mme Eichhorst. Et d’ajouter : « Le Liban subit de plein fouet l’impact de la crise syrienne sur tous les plans. La politique de dissociation formulée dans la déclaration de Baabda demeure essentielle pour que le Liban reste à l’écart du conflit syrien. L’Union européenne appelle encore une fois toutes les parties à se conformer à cet engagement et soutient l’appel au dialogue du président Sleiman. Il faut un gouvernement de plein exercice pour assumer les responsabilités essentielles et prendre les décisions qui s’imposent, que ce soit en termes de gestion de la crise des réfugiés ou bien de gouvernance nationale et d’obligations internationales. »

 

(Lire aussi: Réfugiés syriens : l’aide internationale encore trop mince)


« L’Union européenne continue à préparer l’avenir et encourager les secteurs productifs de l’économie libanaise, et à saisir aussi les opportunités que peuvent offrir de nouveaux secteurs, dans le domaine du pétrole et du gaz par exemple. L’accession à l’Organisation mondiale du commerce accompagnée de programmes structurels pour en tirer le plus grand profit doit rester une priorité. Toute une série de projets de loi devrait être discutée au Parlement, y compris la loi électorale en vue des échéances démocratiques qui approchent. L’adoption d’un budget national est un élément essentiel de bonne gouvernance et de gestion des priorités nationales et des obligations internationales, y compris la contribution annuelle au Tribunal spécial pour le Liban qui reste due pour 2013 », a-t-elle conclu.


Michel Sleiman a quand même estimé de son côté que le soutien financier de la communauté internationale au Liban pour faire face à la crise des réfugiés syriens sur son sol « est toujours insuffisante ». Selon lui, l’engagement pris par la communauté internationale, lors de l’Assemblée générale en septembre à New York, ne se limite pas à l’aide des réfugiés mais implique également la poursuite du soutien au Liban et la compensation de ses pertes des suites de la crise syrienne. Le chef de l’État s’était réuni à Baabda hier avec les ambassadeurs à Beyrouth des pays membres de l’Union européenne, mais aussi avec les représentants des États membres permanents du Conseil de sécurité, présidés par le coordonnateur spécial de l’ONU au Liban, Derek Plumbly.

Une nouvelle réunion des pays donateurs ?
Au nom du Groupe international d’appui au Liban, et à l’issue de la réunion, M. Plumbly a salué depuis Baabda « le rôle du président de la République, Michel Sleiman, qui consiste à protéger la stabilité, l’unité et la souveraineté du pays ». « L’impact de la crise syrienne s’amplifie et ceci nécessite un soutien international puissant », a-t-il précisé, soulignant la nécessité d’« assister le Liban en vue de faire face à la crise des réfugiés syriens. La communauté internationale est alors appelée à prendre part aux charges financières ». Il a en outre déclaré que « le Groupe d’appui défendra toujours le Liban et communiquera avec les concernés afin de tenir une réunion susceptible d’assurer une plus large participation », mettant l’accent sur la nécessité de « former un gouvernement capable de faire face aux défis ». « Nous aspirons à la relance du dialogue et au respect de la déclaration de Baabda », a-t-il ajouté, saluant « la situation calme au niveau de la ligne bleue et l’application efficace de la résolution 1701 ».

 

(Lire aussi: La France invite les Libanais à dialoguer pour aboutir à un « équilibre politique »)


 De son côté, le président Sleiman a appelé à la tenue de nouvelles réunions des pays donateurs en vue de suivre de près et en détail les résultats de la réunion du Groupe international d’appui au Liban à New York, de façon à ce que chaque conférence étudie un dossier spécifique, tel que le soutien à l’armée libanaise ou le soutien aux institutions. « La réunion de Genève et celles qui ont précédé ont mené à la validation des démarches suivantes : la répartition des charges financières, le partage du nombre des réfugiés, l’hébergement de ces derniers à l’intérieur des territoires syriens sans avoir recours à l’embargo aérien et l’aboutissement à une solution politique à la crise syrienne pour garantir le retour des réfugiés chez eux », a-t-il affirmé. M. Sleiman a en outre estimé que « la participation aux charges financières est insuffisante, la participation à la répartition des réfugiés l’est également, la mise en place de centres d’hébergement en Syrie n’a pas encore eu lieu et le parcours de Genève II trébuche toujours ». Le chef de l’État œuvre actuellement, en effet, et selon des sources autorisées proches de Baabda, à contrôler la situation intérieure et à la calmer, en vue d’accompagner le soutien international au Liban et de ne pas permettre aux décisions politiques d’entraver l’application des mesures qui tiennent à compenser les pertes du Liban dues à la crise syrienne, et à le soutenir économiquement.

 

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