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À La Une - Liban-Diplomatie

Le Qatar dame le pion au Hezbollah : les pèlerins chiites libérés

La médiation de Doha se veut triomphante jusqu’au bout : le ministre al-Attiyah accompagnera les ex-otages jusqu’à Beyrouth...

Les neuf pèlerins libanais enlevés depuis mai 2012 en Syrie ont ete libérés vendredi soir. Photo Joseph Eid/AFP

Cela fait déjà sourire une très grande majorité de Libanais – et ce n’est pas un luxe par ces temps qui courent : que vont inventer les cadres du Hezbollah, Hassan Nasrallah en tête, pour espérer pouvoir arracher quelques centimètres carrés de la victoire qatarie dans l’affaire des pèlerins chiites ; pour ne pas s’étrangler en répétant ad libitum ce Choukran Qatar qu’ils pensaient ne plus jamais être réduits à dire ?
Il doit être vert, le patron de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, trimbalé depuis des jours de Syrie en Turquie via la Belgique : hier en milieu de soirée, le chef de la diplomatie qatarie, Khaled al-Attiya, a annoncé pas peu fier que c’est une médiation de son pays et seulement une médiation de son pays qui a abouti à la libération des neufs otages libanais en Syrie, en référence donc à ces pèlerins chiites détenus depuis mai 2012 à Aazaz, dans la province d’Alep.

La Turquie, pas le Liban
Si ce go-between qatari (aidé surement et beaucoup par les Turcs, mais aussi, disent certains, par les Palestiniens : le PM sortant, Nagib Mikati, a chaleureusement remercié Mahmoud Abbas dans la nuit...) a eu autant de retard, c’est en grande partie à cause des exigences des ravisseurs, qui avaient demandé que soient libérées par le régime de Damas 50 femmes rebelles en plus des 117 réclamées dans un premier temps en contrepartie des pèlerins libanais. Le Liban, par le truchement de Abbas Ibrahim, avait d’abord refusé cette demande annexe, avant de revenir sur cette décision et d’en parler au pouvoir syrien, qui a fini par dire oui. Sauf qu’entre-temps, les Turcs et les ravisseurs redoublaient de tergiversations. Mais Doha a réussi à imposer son agenda, sans que l’on ne sache très bien ce qu’il a dû céder en contrepartie de cette victoire diplomatique et politique (notamment contre le Hezbollah et l’Iran) retentissante : des pétrodollars seulement, ou bien autre chose...


Une fois ces différents obstacles aplanis, il restait à définir le lieu de réception des otages : la Turquie ou le Liban ? Les ravisseurs exigeaient qu’ils soient remis aux Turcs, le régime syrien préférant qu’ils soient réceptionnés par la Sûreté générale représentée naturellement par le très pro-Hezb Abbas Ibrahim. Il semblerait que les ravisseurs aient obtenu gain de cause. « Le général Ibrahim m’a informé que les otages ont quitté la Syrie et sont en route vers la Turquie », a déclaré le ministre de l’Intérieur, foncièrement rasséréné, sur une chaîne de télévision locale. La victoire du Qatar sur le Hezbollah est totale. Plus encore : le ministre al-Attiya va accompagner personnellement les otages jusqu’à leur atterrissage sur le sol libanais. Le calice sera bu jusqu’à la lie.


En attendant, les rumeurs se sont affolées. À propos des deux évêques pris en otages à Alep. Malheureusement, aucune lueur d’espoir n’a filtré. À propos des deux pilotes turcs enlevés il y a quelques semaines sur la route de l’aéroport dans la banlieue sud de Beyrouth. On a entendu qu’ils étaient déjà, en milieu de soirée, en route vers leur pays. Les sources proches du ministre libanais de l’Intérieur penchent plutôt vers un package-deal global, qui engloberait les femmes rebelles de Syrie et les deux aviateurs turcs. Il n’en reste pas moins que le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, souriait hier : « Des développements très favorables sont en cours concernant les deux pilotes turcs, cette affaire a été en grande partie réglée et le dénouement est proche », a-t-il dit sur une chaîne de télévision turque.


Surenchères ?
Prévu ce week-end, le retour au bercail de ces neufs otages privés de toute liberté depuis dix-huit mois devrait impérativement être dénué de toute surenchère, de toute récupération partisane, politique, communautaire ou autre. Parce que, indépendamment de leur confession et de leur sympathie (ou pas, en l’occurrence...) à l’endroit du Hezbollah, impliqué jusqu’à la moelle dans la guerre civile syrienne et à cause duquel les Libanais ont payé/payeront un très lourd tribut (voitures piégées dans la banlieue sud et à Tripoli, haines et heurts intercommunautaires hystériques, etc.), ces neuf personnes sont, avant toute chose, des Libanais.
Que le Hezbollah et autres hajjé Hayat s’en souviennent.

 

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