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Cinema- - À l’affiche

« Libanophilie », quand tu nous tiens !

Si les films internationaux ne changent pas de couleur et varient de thriller en suspense et en romance, les films libanais par contre prennent leur envol et se distinguent par leur originalité. Il est du devoir du spectateur de les encourager.

« Layali Bala Noom »
(Sleepless Nights),
d’Éliane Raheb

Osé, courageux, dans un pays qui a perdu la mémoire, le film documentaire de plus de deux heures d’Éliane Raheb plonge dans le passé de la période la plus douloureuse du Liban pour s’interroger sur la possibilité de rédemption, de pardon ou encore de reconstruction.
Avec l’aide de son producteur et scénariste Nizar Hassan, Éliane Raheb va baser son action à partir d’une figure publique assez connue de la guerre civile, Assaad Chaftari, que la réalisatrice avait rencontré en 2005 et qui représente le point de départ de son film. Ayant par la suite appris que Chaftari aidait la maman d’une victime dans la recherche de son fils disparu, la cinéaste va sonder l’univers de cet ex-personnage-clé des Forces libanaises et le confronter (dans une seule scène très puissante) avec Maryam Saïdi pour comprendre si on peut – d’une part, avoir été partie prenante aux atrocités de la guerre et, de l’autre, avoir perdu son fils – être capable de refaire sa vie.
Un sujet qui a nécessité, avoue Éliane Raheb, plus de trois ans de travail, cent heures de tournage et beaucoup d’implication personnelle. En effet, à différents moments, laissant de côté sa casquette de cinéaste, elle devient le troisième protagoniste de ce film qui s’apparente presque à un thriller. Troquant donc son rôle de réalisatrice contre celui d’enquêteur, elle va aller, tout comme Maryam, à la recherche d’indices qui pourraient l’aider à retrouver son fils. Et si on s’avise de lui demander pourquoi elle a choisi cet homme de droite et pas un autre, elle vous répondra parce que, « humblement, c’est une des rares figures à avoir fait ses confessions publiques à la presse et à s’être infligé cette autoflagellation qui le mène à la purification... et à son aspect humain.
Assaad Chaftari et Maryam Saïdi sont des êtres brisés qui tentent par instants et parfois d’une façon maladroite de se reconstruire et de retrouver une certaine paix de l’âme. Si Chaftari essaye d’aller de l’avant, Saïdi, par contre, vit encore dans le passé. Mais tous deux sont des échantillons d’une population entière qui, volontairement ou involontairement, a vécu les affres d’une guerre civile qui s’est imposée à eux.
Ce documentaire, qui ressemble parfois à une fiction (tant dans la trame du scénario que dans la surprise que celui-ci réserve), n’a donc ni intention historique ni même narrative, à savoir aborder une énième fois une facette de la guerre civile en tant qu’événement. Le seul objectif de Layali Bala Noom est de tenter de répondre aux questions qu’Éliane Raheb s’est posées alors qu’elle était jeune au moment de la guerre. Peut-on se transformer du jour au lendemain en bourreau ? Peut-on effacer le passé ? Peut-on pardonner ? Et d’autres questions en suspens que le film suscite.
Bien que d’une durée assez longue pour un documentaire, le spectateur est entraîné dans le tourbillon d’une action tournée à la bonne vitesse. Un scénario bien dosé et une très belle photo signée Meyar al-Roumi et Jocelyne Abi Gebrayel achèvent de compléter ce tableau humain bien peaufiné, qui ne verse à aucun moment dans le sentimentalisme même en pénétrant dans l’intimité des protagonistes – facilement chez Chaftari, plus difficilement chez Saïdi – mais en pudeur et sans aucune indécence. Projeté en première à la 60e édition du Festival du film de San Sebastian (compétition des nouveaux réalisateurs), en compétition au Festival de Dubaï, en sélection officielle au Festival de Hamptons (USA), Sao Paolo et Montréal, Sleepless Nights, premier long documentaire d’Éliane Raheb après deux courts-métrages, a été meilleur documentaire au Birds Eye View Festival (Londres), gagnant du Critic’s Choice au Festival d’Ismaïlia (Égypte) et du prix des Droits humains au Ciné invisible (Bilbao, Espagne).

MÉtropolis Empire
 Sofil, Vox BC Center, Bliss PremiÈre
« Layali Bala Noom » (Sleepless Nights),d’Éliane Raheb Osé, courageux, dans un pays qui a perdu la mémoire, le film documentaire de plus de deux heures d’Éliane Raheb plonge dans le passé de la période la plus douloureuse du Liban pour s’interroger sur la possibilité de rédemption, de pardon ou encore de reconstruction. Avec l’aide de son producteur et scénariste Nizar...
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