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Liban

Des ONG se mobilisent contre un projet d’incinérateurs au Liban

Ces dernières années, deux projets de loi sur la gestion des déchets solides ont vu le jour au Liban, sans aboutir à des législations proprement dites : le premier, en 2006, recommandait le recours au tri à la source, au recyclage et au compostage des déchets organiques. Le second a été voté en Conseil des ministres en 2010 et préconise l’installation d’incinérateurs qui permettent de produire de l’électricité par la chaleur dégagée (une technique connue sous le nom de « Waste to Energy »). C’est ce second projet qui a été transféré cette année par le vice-Premier ministre, Samir Mokbel, aux commissions parlementaires mixtes, le 22 mars dernier, le jour même de la démission du gouvernement. Sa discussion en commissions semble imminente, ce qui pousse les dizaines d’ONG environnementales hostiles à l’incinération à se mobiliser pour une campagne contraire. Une réunion devrait se tenir aujourd’hui pour décider des mesures à prendre.
Fifi Kallab, une des fondatrices de la Campagne nationale civile pour la gestion des déchets et experte en sociologie de l’environnement, fait remarquer que les deux projets transférés aux commissions, celui de 2006 et celui de 2010, sont parfaitement contradictoires. Elle évoque une récente réunion entre des représentants du ministère de l’Environnement, de l’Intérieur et du Conseil pour le développement et la reconstruction (CDR), qui a débouché sur la nécessité d’une étude sur les déchets confiée au bureau d’études Rambol.
Ayant elle-même consulté l’étude effectuée par Rambol, Fifi Kallab note que le bureau « recommande à l’État de s’en tenir à un grand incinérateur, étant donné qu’il n’a pas l’expérience nécessaire pour en faire fonctionner six ». Or, selon elle, les autorités ne semblent pas tenir compte de cette remarque. De plus, poursuit-elle, les déchets au Liban sont à 55 ou 60 % organiques, donc leur teneur en humidité est très grande. « Voilà pourquoi l’étude recommande de trier 20 % des déchets organiques et de brûler les recyclables comme le plastique ou le carton, poursuit-elle. Cela signifie que tous les efforts de tri et recyclage seront anéantis. »
Plus grave encore, selon elle : les cendres toxiques qui résultent de la combustion. « L’étude précise bien qu’elles doivent être traitées et enfouies, mais qu’elles ne peuvent l’être que dans deux pays au monde, l’Allemagne et la Norvège, dit-elle. Même pour être utilisées dans la construction de routes, ces cendres doivent être solidifiées dans un processus difficile et coûteux. Ce qui nous inquiète, c’est que des décharges sont prévues près des incinérateurs : où finiront les cendres non traitées ? Sans compter que toute incinération dégage de la dioxine, une matière extrêmement cancérigène quoi qu’on dise des mesures de prévention. »
Ces dernières années, deux projets de loi sur la gestion des déchets solides ont vu le jour au Liban, sans aboutir à des législations proprement dites : le premier, en 2006, recommandait le recours au tri à la source, au recyclage et au compostage des déchets organiques. Le second a été voté en Conseil des ministres en 2010 et préconise l’installation d’incinérateurs qui...
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