Fifi Kallab, une des fondatrices de la Campagne nationale civile pour la gestion des déchets et experte en sociologie de l’environnement, fait remarquer que les deux projets transférés aux commissions, celui de 2006 et celui de 2010, sont parfaitement contradictoires. Elle évoque une récente réunion entre des représentants du ministère de l’Environnement, de l’Intérieur et du Conseil pour le développement et la reconstruction (CDR), qui a débouché sur la nécessité d’une étude sur les déchets confiée au bureau d’études Rambol.
Ayant elle-même consulté l’étude effectuée par Rambol, Fifi Kallab note que le bureau « recommande à l’État de s’en tenir à un grand incinérateur, étant donné qu’il n’a pas l’expérience nécessaire pour en faire fonctionner six ». Or, selon elle, les autorités ne semblent pas tenir compte de cette remarque. De plus, poursuit-elle, les déchets au Liban sont à 55 ou 60 % organiques, donc leur teneur en humidité est très grande. « Voilà pourquoi l’étude recommande de trier 20 % des déchets organiques et de brûler les recyclables comme le plastique ou le carton, poursuit-elle. Cela signifie que tous les efforts de tri et recyclage seront anéantis. »
Plus grave encore, selon elle : les cendres toxiques qui résultent de la combustion. « L’étude précise bien qu’elles doivent être traitées et enfouies, mais qu’elles ne peuvent l’être que dans deux pays au monde, l’Allemagne et la Norvège, dit-elle. Même pour être utilisées dans la construction de routes, ces cendres doivent être solidifiées dans un processus difficile et coûteux. Ce qui nous inquiète, c’est que des décharges sont prévues près des incinérateurs : où finiront les cendres non traitées ? Sans compter que toute incinération dégage de la dioxine, une matière extrêmement cancérigène quoi qu’on dise des mesures de prévention. »