Les étudiants de la LAU envisagent un nouveau sit-in aujourd’hui.
Dans une initiative pour le peu étonnante, la direction de la LAU a décidé de suspendre quatre étudiants de la Lebanese American University (LAU) à qui elle reproche d’avoir organisé sur le campus de Beyrouth, un mouvement de protestation contre l’augmentation des frais d’études dans cette université et encouragé leurs camarades à sécher leurs cours pour y prendre part.
La décision a été prise par le doyen en charge des affaires estudiantines, sachant que les étudiants avaient informé la direction qu’ils s’opposaient à cette majoration et qu’ils envisageaient d’organiser un sit-in de protestation.
« Nous sommes un groupe d’étudiants indépendants et nous avons voulu protester il y a deux semaines contre l’augmentation des frais d’études à la LAU. Pour ce semestre, l’augmentation a atteint jusqu’à 15 % pour certaines spécialisations, a indiqué à L’Orient-Le Jour, Hala Hassan, étudiante en art graphique. Nous avons créé une page Facebook, et avec l’accord de l’université, nous avons installé dans les campus de Jbeil et de Beyrouth des stands pour la signature d’une pétition à cet effet. Nous avons pu récolter plus de 4 500 signatures d’étudiants », précisant que jeudi dernier, le président de la LAU, Joseph Jabra, avait organisé une rencontre avec les étudiants pour leur annoncer qu’il sera difficile de changer les frais pour ce semestre, le budget annuel ayant été approuvé, mais qu’il prendra leurs requêtes en considération pour le semestre prochain. « Nous avons sur-le-champ prévu une escalade et appelé à un sit-in pour lundi (hier) », a poursuivi Hala.
« La manifestation était pacifique. De nombreux étudiants y ont participé, mais beaucoup ont dû se retirer à 13 heures pour suivre leurs cours. Quatre étudiants ont fait alors le tour des classes pour demander à leurs camarades de rejoindre le sit-in. Certains ont répondu présent à cet appel, mais quand l’administration a appris ce qui s’était passé, le doyen en charge des affaires des étudiants, Raëd Mohsen, a annoncé la suspension des quatre. L’un d’eux est le président du comité estudiantin. Il avait été élu l’an dernier », a-t-elle dit, avant d’annoncer qu’un deuxième sit-in est prévu ce matin en signe d’appui aux quatre étudiants, dont le sort doit être décidé par un conseil de discipline, mais aussi à la cause qu’ils défendent.
Les quatre étudiants suspendus sont Hassan Harb, président du comité estudiantin, Jad Dana, Sarabelle Khalifé et Rami Kanso.
Une pétition a été signée pour protester contre la majoration des frais d’études.
« Les frais d’études sont augmentés chaque année. Il est temps de réagir. La LAU est connue pour être l’une des universités les plus chères, il est vrai, mais il n’est pas normal que des étudiants qui ont fait leurs comptes, au moment de l’inscription, pour payer des études à 60 000 dollars, se voient contraints, au bout de quatre ans, à essayer de trouver les moyens pour payer 20 000 dollars supplémentaires », s’est-elle indignée.
Le point de vue de la direction
Pour sa part, Christian Oussi, directeur exécutif des relations publiques et des relations avec les médias à la LAU, a indiqué à L’Orient-Le Jour que la direction de l’université a autorisé « dès le départ les étudiants à faire signer leur pétition sur les deux campus et à organiser un sit-in ». « Nous croyons ferme que la liberté de penser et d’expression fait partie intégrante de la vie estudiantine et qu’elle est même nécessaire dans la formation de l’étudiant », a-t-il ajouté . « Nous leur avons même reproché aujourd’hui de ne pas nous avoir averti plus tôt de leur sit-in, car nous leur aurions fourni des haut-parleurs », a poursuivi M. Oussi, en soulignant que « c’est le manquement au code de conduite de l’université » qui a poussé la direction à réagir en suspendant les quatre étudiants. « Ce document est clair dans sa partie relative au respect des autres, à l’interdiction de perturber des cours et de porter préjudice à l’éducation d’autres étudiants. Aujourd’hui (hier), quatre étudiants se sont permis de faire une tournée des classes pour les fermer, en prétendant avoir été chargés de prendre ces mesures par le doyen en charge des affaires estudiantines. C’est inacceptable », a-t-il expliqué.
Concernant l’augmentation des frais d’études, M. Oussi a estimé qu’ « elle a lieu dans presque toutes les institutions et personne ne bronche ». « C’est peut-être parce que nous avons donné aux étudiants le droit d’exprimer leur opinion que nous en sommes arrivés là », a-t-il déploré avant d’indiquer que la majoration contestée se situe entre 6 % et 6,7 %. « Tout est en train de renchérir dans le pays, sans compter que cette année, et pour la première fois, 30 % de nos étudiants bénéficient d’une aide financière qui atteint le chiffre record de 18,9 millions de dollars », a-t-il commenté.
Il convient de rappeler, dans ce contexte, que le 10 octobre de l’année 1994, les étudiants de l’AUB s’étaient soulevés contre une décision de l’administration de relever les frais d’études et avaient fini par obtenir gain de cause, d’autant que leur mouvement de protestation avait rassemblé les étudiants de tous bords.
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