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À La Une - La situation

Trois fois zéro

Le patriarche maronite s’exprimant lors d’une étape de sa tournée dans le Nord.

Depuis que le Hezbollah a organisé un enterrement de fortune à la formule connue sous le label des « trois 8 » ou « trois fois huit », consistant à diviser le nouveau gouvernement de vingt-quatre membres – qui attend encore d’être formé – en trois parts égales, une pour le 14 Mars, une pour le 8 et une pour les centristes, on évoque dans certains milieux politiques un élargissement de la mouture à trente ministres, de sorte qu’il faille parler désormais de la formule des « trois fois dix ».


Les premières questions qui viennent à l’esprit lorsqu’on est informé d’un développement aussi dramatique sont les suivantes : « Mais qu’est-ce qui change ? Pourquoi le Hezbollah, qui a refusé les “trois 8”, accepterait-il les “trois 10” ? »
Bien sûr, il n’y a pas véritablement de réponses à ces questions. À peine des ébauches tendant à confirmer que l’on tourne encore autour du pot, que nul ne semble déterminé jusqu’ici à prendre le taureau par les cornes, qu’on attend toujours le mot d’ordre de l’étranger et que le cabinet sortant a encore bien des jours tranquilles devant lui.
D’après des sources proches des milieux centristes, on fait valoir en premier lieu qu’un gouvernement de trente, cela « rassemble » davantage qu’un de vingt-quatre. Ensuite, pour donner le change au Hezbollah, il serait
question de confier un strapontin ministériel, en l’occurrence l’un des six réservés aux maronites, à une personnalité indépendante qui serait officiellement comptabilisée dans le lot réservé au président de la République ou à celui du Premier ministre désigné.


Est-ce à dire que l’on cherche à rééditer la fâcheuse expérience du ministre d’État Adnane Sayed Hussein (actuel recteur de l’Université libanaise), dont la démission, contraire à un engagement antérieur, aux côtés de ses collègues du 8 Mars, avait entraîné la chute du gouvernement de Saad Hariri, en janvier 2011 ? Pas du tout, répond-on dans les milieux concernés. Cette fois-ci, il serait question d’un ministre réellement indépendant et à égale distance de toutes les parties. Un nom s’est d’ailleurs dégagé à ce stade et il aurait d’ores et déjà obtenu le feu vert du président de la Chambre, Nabih Berry : il s’agirait de l’ancien ministre des Affaires étrangères et candidat implicite permanent à la présidence de la République, Jean Obeid.
Or justement – et c’est là le clou – on voudrait faire en sorte que ce ministre-là puisse être lui-même le prochain président, ce qui l’obligerait à naviguer avec prudence et éviter toute erreur qui dresserait contre lui l’un des deux grands camps en présence, 14 et 8.


Pour un beau montage, c’en est un, mais il reste à savoir s’il aurait raison des réticences du Hezbollah, lequel continue à réclamer sur tous les tons, y compris le plus menaçant, un cabinet formé selon le principe de la représentation proportionnelle des blocs parlementaires, autrement dit avec le tiers de blocage à la clé.


Le 14 Mars, pour sa part, ne s’est pas prononcé, jusqu’ici, sur le scénario proposé et semble plutôt sur le point de hausser sensiblement la tonalité afin de pousser le chef de l’État et le Premier ministre désigné à agir. « Qu’on ne vienne plus nous dire “on n’y peut rien” ou bien “si l’on fait ceci, il risque d’arriver cela” ; ce qui risque d’arriver n’est pas pire que ce qui arrive déjà. » Voilà une formule qui résume, dans la bouche du secrétaire général de l’alliance, Farès Souhaid, l’état d’esprit dominant au sein du 14 Mars. Et M. Souhaid de définir à l’agence al-Markaziya les quatre « constantes » essentielles sur lesquelles le 14 Mars n’entend pas transiger : 1) Un gouvernement dans les plus brefs délais. 2) La déclaration de Baabda comme pilier de la déclaration ministérielle. 3) Pas de tiers de blocage ni de triptyque « armée-peuple-résistance ». 4) Ce sont le président de la République et le Premier ministre qui forment le gouvernement et eux seuls.


Qu’en pense le chef de l’État ? On indique, dans son entourage, qu’il pourrait accepter à la limite que le tiers de blocage soit accordé aux deux camps, mais à condition que des garanties lui soient données préalablement contre toute tentation de paralysie du gouvernement, notamment par la démission.


Quant au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, il a dénoncé hier, au terme d’une tournée pastorale dans des villages des cazas de Zghorta et de Denniyé, le « retard délibéré » dans la formation du gouvernement. « Nous demandons aux parties politiques au Liban qui entravent cette formation de se hâter de mettre sur pied le cabinet et de faire en sorte qu’il soit rassembleur, réparti de façon égale et capable », a-t-il lancé.


Sera-t-il écouté ? On n’en sait rien. Encore faudrait-il se mettre d’accord sur l’identité de celui qui devrait l’écouter, et ce d’autant plus qu’on n’en est à ce stade qu’aux considérations touchant à la nature et à la composition du gouvernement et qu’on n’a pas encore effleuré les deux autres aspects essentiels et ultradélicats du processus de mise sur pied du gouvernement, à savoir la répartition des portefeuilles et la teneur de la déclaration ministérielle.


Si, en dépit des pasdaran, le président iranien Hassan Rohani se rend le 13 courant en Arabie saoudite et si son entrevue avec le roi Abdallah se révèle fructueuse, y compris sur les sous-chapitres secondaires, comme cela semble être le cas aujourd’hui pour le Liban, nul doute que cela serait un sérieux raccourci sur le chemin du gouvernement...

 

 

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