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Maïla au conseil exécutif de l’Unesco : Si vous voulez que demain ressemble à aujourd’hui, ne votez pas pour moi !

La prestation du candidat du Liban a été saluée par un tonnerre d’applaudissements

Joseph Maïla

C’est aujourd’hui vendredi que le conseil exécutif de l’Unesco élira son directeur général lors d’un vote à bulletins secrets. Le candidat du Liban, Joseph Maïla, ancien recteur de l’Institut catholique de Paris et ancien directeur de la Prospective au ministère français des Affaires étrangères, a-t-il ses chances face à la directrice générale sortante, Mme Irina Bokova, donnée favorite, le troisième challenger étant l’ambassadeur de Djibouti en France, Rachad Farah ?
Avant-hier mercredi, les trois candidats étaient appelés à exposer leur programme devant le conseil exécutif de l’Unesco au cours d’une séance de questions-réponses méticuleusement préparée, minutée et encadrée en fonction d’un cérémonial impressionnant.


Dans la grande salle oblongue où siègent les 58 membres votants du conseil (les délégués des États non votants sont installés dans une salle adjacente d’où ils suivent les débats sur écran), Joseph Maïla est le premier à s’exprimer. Soixante minutes de paroles balisées par le temps rigoureusement imparti : deux minutes aux questions, cinq minutes aux réponses, sous le tic-tac implacable de l’horloge. Les 58 pays sont regroupés en six groupes continentaux, chaque groupe ayant droit à une question. Au total, six questions franches et directes posées à chaque candidat, et touchant à toutes les questions qui intéressent l’honorable organisation des Nations unies chargée de l’éducation, des sciences et de la culture : les thématiques culturelles, les sciences humaines et sociales, le patrimoine, l’information et la communication, la religion mais aussi des sujets touchant aux compétences des candidats en matière de gestion.


L’universitaire libanais répond sans détour aux questions des six groupes. Il expose sa vision de ce que devrait être l’Unesco, de sa mission, de ses objectifs qu’il estime s’être perdus dans les méandres politiques et administratifs. Voilà une organisation traversant une crise de vocation en sus d’une crise morale et financière, et n’attirant plus grand monde, dit-il en substance. S’agit-il d’avoir une présidence affaiblie pour une organisation déjà affaiblie par une telle crise ? Ou d’initier une véritable réforme et d’attirer à nouveau les intellectuels, de faire de l’Unesco un lieu où l’on réfléchit aux problèmes de la mondialisation, de la diversité culturelle, où l’on œuvre à la culture de la paix et où les problèmes en suspens sont pris en charge à bras-le-corps par une direction présente et à l’écoute ?


Et Joseph Maïla de conclure avec ces mots : « L’élection n’est jamais à propos d’aujourd’hui. C’est toujours à propos de demain. Si vous voulez que demain ressemble à aujourd’hui, alors je vous en supplie, ne votez pas pour moi. Mais si vous voulez que demain cette organisation internationale retrouve toute sa place dans le système des Nations unies, alors vous pouvez être sûrs que vous aurez un directeur général qui la servira avec passion et détermination. »
Sa prestation est saluée par un tonnerre d’applaudissements. Visiblement, le candidat libanais a remué les consciences et les esprits.


Suivent M. Rachad Farah, qui axe sa présentation sur les problèmes de l’Afrique et des pays du Sud, puis Mme Bokova qui présente le bilan de son mandat et propose son programme. Elle conclut six minutes avant la fin, non sans avoir essuyé des questions directes relatives à sa gestion ou encore des interrogations comme celle du représentant du Venezuela, au nom du groupe latino-américain, qui n’hésite pas à lui demander : « Comment voulez-vous que l’on se souvienne de vous ? »


Les personnes présentes se souviendront, elles, de cette quasi-ovation qui a accueilli l’exposé de Joseph Maïla comme l’expression d’une adhésion à ses idées. Ces applaudissements se traduiront-ils aujourd’hui en votes ? Pour les observateurs, le candidat du Liban, soutenu avec dévouement et compétence par la délégation du Liban auprès de l’Unesco, avec à sa tête l’ambassadeur Khalil Karam, a mené une campagne transparente, sincère. Cette campagne a replacé le débat sur la vocation de l’Unesco dans sa véritable perspective, celle d’une vision à long terme, et d’une conception du rôle de la culture et de l’éducation dans le développement et la paix dans le monde. Mais comme toute élection, cette campagne n’était pas uniquement une campagne d’idées et de projets basés sur une vision, mais essentiellement, et avant tout, une campagne politique, faite d’alliances et de calculs étatiques. En tout état de cause, le candidat Joseph Maïla aura fait honneur au Liban, quel que soit le résultat.

 

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