Dans un tel contexte, un ancien haut responsable officiel souligne que le président Michel Sleiman devrait convoquer les leaders du pays à une réunion urgente au palais de Baabda afin de débattre d’un seul sujet : la neutralité du Liban vis-à-vis des développements en Syrie. Étant garant, conformément à la Constitution, de l’indépendance du Liban, de sa souveraineté et de la sécurité de son territoire, le chef de l’État devrait dans ce cadre rappeler aux ténors de la vie politique locale les termes du pacte national de 1943 qui rejette tout alignement sur l’Orient ou l’Occident, ce qui, dans le langage actuel, signifie que le Liban doit adopter une attitude de neutralité face aux axes et aux conflits régionaux.
En clair, le président Sleiman devrait rappeler aux leaders qui sont partie prenante au dialogue national l’engagement qu’ils ont pris lorsqu’ils ont approuvé la déclaration de Baabda qui stipule, précisément, que le pays doit se tenir à l’écart des conflits régionaux. Si certains responsables s’abstiennent de participer à la réunion convoquée par le président Sleiman, ils assumeraient ainsi la responsabilité de leur attitude obstructionniste et des conséquences qui en résultent. De fait, les assises qui se tiendraient ainsi à l’appel du chef de l’État devraient déboucher en toute logique sur la formation d’un nouveau gouvernement appelé à avaliser la déclaration de Baabda comme pierre angulaire de sa déclaration ministérielle. Toute faction qui ferait partie de ce nouveau gouvernement devrait donc se conformer, dans les faits, aux termes de la déclaration de Baabda. Dans le cas contraire, toute partie hostile à la neutralité du Liban vis-à-vis du conflit syrien devrait passer dans l’opposition.
Un tel alignement, ayant pour base un document politique fondamental (dans le cas présent, la déclaration de Baabda), a de nombreux précédents dans l’histoire contemporaine du Liban. À titre d’exemple, le gouvernement qui avait été mis sur pied après la signature de l’accord du Caire entre l’État libanais et l’OLP, en 1969, avait été formé sur base de l’acceptation ou non de cet accord. Il en avait été de même pour le gouvernement qui avait vu le jour après l’approbation de l’accord de Taëf. Seuls ceux qui avaient pris position en faveur du document en question avaient été associés au gouvernement formé à l’époque. Le même cas de figure s’était présenté après la conclusion de l’accord de Doha, en mai 2008.
Ces différents précédents illustrent le fait que toute faction qui s’oppose à la déclaration de Baabda – qui avait été approuvée par tous les participants à la conférence de dialogue, y compris le Hezbollah – devrait être écartée du pouvoir exécutif dans les circonstances présentes, plus particulièrement à la lumière des prochaines frappes occidentales contre le régime syrien. Il est en effet inconcevable que le Liban soit entraîné dans un conflit – la guerre syrienne – qui ne le concerne pas directement au niveau de ses enjeux. Et dans ce cadre, aucune faction n’est en droit d’imposer sa volonté et ses propres considérations politiques aux autres Libanais, surtout lorsque ces considérations revêtent un caractère purement régional et qu’elles sont totalement étrangères au Liban.
Face à la tension qui va crescendo dans la région, le président Sleiman n’a donc d’autre choix que de convoquer les chefs de file politiques afin de les placer devant leurs responsabilités. La question reste de savoir si une telle initiative de la part de Baabda contribuera à susciter un sursaut de conscience au niveau des responsables de certaines factions qui persistent à s’aligner aveuglément sur les puissances régionales qui, elles, s’obstinent à vouloir croiser le fer avec la communauté internationale. Et dans ce cadre, le Hezbollah se doit, en priorité, d’assumer les conséquences de ses choix stratégiques.
DES "LEADERS" ! ÇA ? DES BALTRINGUES OUI....
15 h 35, le 05 septembre 2013