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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’étrange coup de poker de Barack Obama

Le président a plus de chances d’être soutenu par les républicains que par les démocrates, selon des observateurs.

Barack Obama a surpris samedi en demandant au Congrès son autorisation pour frapper le régime du président syrien Bachar el-Assad. Jim Watson/AFP

Barack Obama a surpris samedi en demandant au Congrès son autorisation pour frapper le régime du président syrien Bachar el-Assad, mais l’issue du débat est incertaine. La voie choisie par Obama a même donné lieu à de vifs échanges entre le président et ses plus proches conseillers, dont la conseillère nationale à la Sécurité Susan Rice, son adjoint Tony Blinken, le conseiller présidentiel Dan Pfeiffer et d’autres membres du premier cercle qu’il a informés de sa décision vendredi soir dans le bureau Ovale.


La Maison-Blanche a ainsi envoyé au Congrès un projet de résolution autorisant le président à user de la force pour empêcher l’utilisation ou la prolifération d’armes chimiques et dont le Sénat commencera l’examen demain lors d’auditions parlementaires. La Chambre des représentants et le Sénat débattront chacun en séances plénières à partir du lundi 9 septembre et les sénateurs voteront dès la semaine du 9 septembre, s’est engagé Harry Reid, chef de la majorité démocrate. Plus de 170 parlementaires républicains et démocrates avaient réclamé avec insistance cette consultation, mais leurs positions respectives, sur le bien-fondé ou non des frappes, étaient plus difficiles à cerner samedi, les élus étant éparpillés dans tout le pays à la faveur des congés estivaux.

 

(Voir ici l'intégralité du discours de Barack Obama (en anglais))


Nul doute que de nombreux républicains rechigneront à soutenir politiquement Barack Obama, qui en impliquant le Congrès prend un risque majeur, alors que d’autres dossiers brûlants sont à l’ordre du jour de la rentrée parlementaire – dette, budget, immigration. Certains faucons comme les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham ont d’ailleurs d’ores et déjà averti qu’ils voteraient contre toute résolution trop timorée, qui ne viserait pas à ébranler le pouvoir de Bachar el-Assad. « Nous ne pouvons en notre âme et conscience soutenir des frappes militaires isolées en Syrie qui ne feraient pas partie d’une stratégie globale visant à changer la dynamique sur le champ de bataille, à atteindre l’objectif du président de faire quitter le pouvoir à Assad et à mettre fin à ce conflit », ont déclaré les deux élus dans un communiqué commun.


Leur credo tranche avec la position réservée, volontairement ambiguë, affichée jusqu’ici par la plupart des responsables républicains, majoritaires à la Chambre des représentants. Leur aval, répétaient-ils déjà depuis plusieurs jours, dépendra des arguments développés par Barack Obama pour convaincre le pays que les frappes ne sont pas destinées à soulager sa conscience. « J’apprécie la décision du président (...) L’autorisation pour l’usage de la force dépendra de la capacité du président à fixer des objectifs militaires clairs », a réagi Howard McKeon, président républicain de la commission de la défense de la Chambre.

 

(Lire aussi : Les rebelles syriens entre choc et déception, mais aussi espoir)

 


« On verra... »
« Une action militaire prise simplement pour envoyer un message ou sauver la face » n’est pas dans l’intérêt national, a mis en garde Marco Rubio, qui milite depuis des mois pour augmenter l’aide militaire aux groupes rebelles. Jamais tendre pour Barack Obama, le chef des républicains du Sénat, Mitch McConnell, a pour sa part estimé que « le rôle du président en tant que commandant en chef était toujours renforcé quand il s’appuyait sur le soutien exprimé du Congrès ». Mais, prudent, il ne s’est pas avancé sur ses intentions de vote, à l’image de la quasi-totalité de ses collègues.


M. Obama dispose cependant du soutien sans faille de plusieurs importants élus démocrates, qui ont la majorité au Sénat. « Le régime syrien et les autres comme lui doivent comprendre que les lignes rouges sont indélébiles, nos ennemis ne doivent jamais douter de la résolution des États-Unis », a ainsi déclaré le sénateur démocrate Robert Menendez, président de la commission des Affaires étrangères. Le chef de la majorité, M. Reid, a, lui, estimé que les États-Unis avaient en l’occurrence une « obligation morale » et des « intérêts de sécurité nationale ».

 


Le paradoxe républicain
La question transcende les lignes partisanes, une coalition du « non » émergeant entre certains démocrates et des républicains alignés avec le Tea Party – un rapprochement déjà observé dans le débat autour de l’espionnage américain. « Absolument, on verra à quoi ressemble le plan », a répondu Adam Smith, un démocrate à qui MSNBC demandait s’il pourrait voter contre la résolution promue par la Maison-Blanche. La résolution devra recevoir l’approbation de chacune des deux Chambres. Désormais, a recommandé le sénateur républicain Bob Corker, il est impératif que Barack Obama « dépense immédiatement toute son énergie pour convaincre les Américains ». Quant à l’issue du vote, « elle peut être problématique dans les deux Chambres », a-t-il reconnu. « Le vote dépendra des républicains », note un assistant parlementaire démocrate à la Chambre des représentants, qui ajoute que les démocrates « vont se diviser en deux ». « Paradoxalement, Obama pourrait être sauvé par des parlementaires républicains (...). Ils ont tendance à être plus “faucons” sur les questions de politique étrangère alors que je vois bien un grand nombre de démocrates voter contre parce qu’ils sont plus sceptiques sur les interventions à l’étranger », avance finalement Darrell West, de la Brookings Institution.

 

 

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