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Moyen Orient et Monde - France - Syrie

« On était prêts, le ciblage était fait, mais il est bien clair qu’on est obligés de suivre le tempo des Américains »

En attendant Washington, Hollande doit faire face à la pression de l’opposition.

La France est dans une position délicate après le choix de Barack Obama de consulter le Congrès sur une intervention armée en Syrie, une décision surprise qui isole François Hollande et l’expose à la pression de l’opposition pour un vote au Parlement.
« Si les États-Unis décidaient de ne pas intervenir, la France ne pourrait pas le faire toute seule, c’est clair, car il faut une coalition pour assurer la légitimité » de l’opération, a reconnu la présidente socialiste de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Élisabeth Guigou.

 

(Lire aussi : Syrie : Hollande "piégé" par Obama, selon la presse française)


L’exécutif dément pour sa part tout isolement et souligne que la résolution de François Hollande à agir reste intacte, à l’instar de la détermination américaine. « Nous sommes amenés forcément, par rapport à la capacité d’intervention, à attendre la décision des États-Unis », a concédé Manuel Valls. « La France ne peut pas y aller seule. Ne partez pas sur le principe qu’il n’y aura pas d’intervention. Il faut aujourd’hui attendre la fin de cette nouvelle étape », a-t-il ajouté, citant le vote du Congrès à majorité républicaine, qui n’est pas acquis pour Barack Obama, et le futur rapport des experts de l’ONU, sachant que l’analyse des échantillons prélevés à Damas pourrait prendre trois semaines. « Nous avons désormais un temps, et ce temps, il faut le mettre à profit pour que les choses bougent parce que le pire encore une fois serait de ne rien faire », a encore dit Manuel Valls.


À Paris, un proche du dossier s’inquiète de ce temps qui passe : « Plus la sanction s’éloignera de la date du 21 août, plus elle risque d’être affaiblie dans ses effets militaires et politiques. » « On était prêts, le ciblage était fait, mais il est bien clair qu’on est obligés de suivre le tempo des Américains », ajoute une source militaire.

 

(Lire aussi : Les rebelles syriens entre choc et déception, mais aussi espoir)



L’article 35
Face à cette nouvelle donne, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a décidé de réunir aujourd’hui les présidents de l’Assemblée et du Sénat, ceux des commissions des Affaires étrangères et de la Défense des deux Chambres, ainsi que les présidents des groupes de la majorité et de l’opposition des deux Chambres pour les informer de la situation en Syrie avant le débat au Parlement prévu mercredi, ont indiqué ses services hier.


En attendant, François Hollande fait face à une pression politique croissante. Après François Fillon et Jean-François Copé, le patron de l’UMP, qui ont tiré la sonnette d’alarme devant les risques d’une entrée en guerre, le centriste Jean-Louis Borloo a réclamé samedi, dans la foulée de la déclaration de Barack Obama, un « vote formel » au Parlement français. Si quelques appels en ce sens ont été lancés jusque dans les rangs de la majorité, l’exécutif semblait hier matin peu enclin à organiser ce vote des parlementaires. Selon la Constitution, le président peut se passer de l’accord du Parlement pour engager les forces armées à l’étranger. D’après l’article 35 de la Constitution, « le gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote ». Un vote ne doit intervenir que si la durée de l’intervention excède quatre mois, comme ce fut le cas au Mali. Manuel Valls a renchéri en jugeant qu’on ne « change pas la Constitution en fonction des événements. La fonction présidentielle, il faut la préserver », a-t-il insisté.


D’autres, comme l’ancien ministre UMP Bruno Le Maire, se sont inquiétés pour l’avenir de la France. « On voit bien le risque aujourd’hui, c’est que la France devienne la marionnette des États-Unis ». Enfin, même Valérie Trieweiler, la compagne du président français, y est allée de son commentaire, affirmant sur la chaîne de télévision M6 qu’ « on ne peut pas accepter l’inacceptable » en Syrie.

 

 

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Si les européens, notamment la Grande Bretagne, la France et l'Allemagne, avaient pris l'initiative de fournir les armes nécessaires à la révolution syrienne et avaient en même temps fait la pression nécessaire sur les USA pour qu'Obama le lâche en fasse autant, il y en aurait eu deux résultats extraordinaires : 1-La révolution syrienne aurait neutralisé sinon éliminé Bachar le chimique, ce qui aurait évité ses crimes abominables contre le peuple syrien, nettement crimes contre l'humanité. 2-L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le front al-Nosra, soit al-Qaeda même, ne se seraient pas établis en Syrie. Les Occidentaux ont commis la plus crasse des erreurs en ce q

Halim Abou Chacra

16 h 43, le 02 septembre 2013

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Commentaires (1)

  • Si les européens, notamment la Grande Bretagne, la France et l'Allemagne, avaient pris l'initiative de fournir les armes nécessaires à la révolution syrienne et avaient en même temps fait la pression nécessaire sur les USA pour qu'Obama le lâche en fasse autant, il y en aurait eu deux résultats extraordinaires : 1-La révolution syrienne aurait neutralisé sinon éliminé Bachar le chimique, ce qui aurait évité ses crimes abominables contre le peuple syrien, nettement crimes contre l'humanité. 2-L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et le front al-Nosra, soit al-Qaeda même, ne se seraient pas établis en Syrie. Les Occidentaux ont commis la plus crasse des erreurs en ce q

    Halim Abou Chacra

    16 h 43, le 02 septembre 2013

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