Les frappes militaires occidentales contre la Syrie en réponse à l’usage par le régime syrien d’armes chimiques contre la population civile sont imminentes, selon des sources diplomatiques occidentales. Ces sources affirment que l’attaque n’attend plus que le feu vert du président des États-Unis, Barack Obama, et que l’objectif de l’intervention occidentale est de terrasser une fois pour toutes la capacité de nuisance du régime, mais aussi d’amorcer un processus politique qui incitera enfin toutes les parties à retourner à la table de dialogue – un Genève 2 – pour parvenir à une solution à la crise.
Cette intervention militaire, conduite par l’aviation à partir de porte-avions américains, avec la participation de la Grande-Bretagne et de la Turquie, viserait ainsi à détruire l’infrastructure aérienne militaire de Bachar el-Assad, pour l’empêcher de sévir contre la population avec ses raids aériens, ainsi que son artillerie lourde et certaines positions militaires stratégiques. Damas, où se trouve Assad, se retrouverait encerclée, et la formation de zones d’exclusion aérienne dans le nord du pays, à la frontière avec la Turquie, sous la tutelle de l’Armée syrienne libre, ainsi qu’à la frontière jordanienne, à Deraa, deviendrait un fait accompli. Le régime serait aussitôt pris à la gorge, et les différentes parties seraient aussitôt convoquées à se rendre à Genève 2 après un nettoyage, mené par l’ASL et des milices kurdes, des différentes officines jihadistes et terroristes nées du conflit.
Ces sources diplomatiques justifient par ailleurs leur décision de ne pas avoir fourni d’armes aux rebelles face au régime, par une crainte sérieuse que cet arsenal ne finisse entre les mains des groupes islamistes et ne les renforce à court terme, conduisant à une extension de leur zone d’influence jusqu’au Liban, à la Jordanie et d’autres pays arabes. D’autant qu’il s’est avéré, expliquent ces sources, que ces groupes, en raison de leur idéologie prompte au martyre, constituaient le fer de lance de l’opposition syrienne dans les combats. D’où l’insistance des sources diplomatiques occidentales à ce que l’ASL prenne l’initiative d’unifier ses rangs et ses efforts pour établir sa suprématie sur les régions « libérées » des forces loyalistes et empêcher les extrémistes d’en faire un foyer pour leurs activités. Cette opération de nettoyage est d’une importance capitale, souligne l’Occident, pour mettre un terme au conflit et régler une fois pour toutes la crise syrienne.
Alors que les préparatifs pour la frappe militaire vont bon train, des sources diplomatiques révèlent que des efforts importants ont été déployés, au lendemain de l’attaque à l’arme chimique contre Ghouta, afin d’intensifier les contacts entre Washington et Moscou, ce qui a finalement permis de fixer une date au sommet entre Barack Obama et le président russe Vladimir Poutine, et, surtout, d’établir un marché entre les deux hommes sur un règlement de la crise syrienne. Ce projet de solution américano-russe est actuellement à l’étude et sera soumis aux pays de l’Union européenne durant la conférence de Genève 2. Cela explique sans doute l’attitude de Moscou, exprimée par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, selon laquelle la Russie n’interviendrait pas si l’Occident décide de frapper le régime Assad.
À en croire certaines sources diplomatiques, les frappes sur la Syrie n’entraîneront aucune réaction, dans la mesure où l’opération sera tellement ciblée et limitée dans le temps qu’elle ne pourra pas donner lieu à des représailles. L’armée syrienne n’aura pas l’opportunité de se livrer à une contre-attaque ou de balancer des armes chimiques sur ses voisins, comme le Liban par exemple, ou encore de demander à ses alliés de rétorquer. La décision a été prise au plan international de mettre fin au conflit syrien. Cela, les alliés de Bachar el-Assad l’ont déjà compris.
Quant à Téhéran, l’allié indéfectible du régime, il devrait réfléchir à deux fois avant de réagir. Le sous-secrétaire général de l’ONU pour les Affaires politiques, Jeffrey Feltman, autrefois véritable « bête noire » des Iraniens, s’est rendu dans la capitale iranienne où il s’est entretenu avec des officiels de l’importance de prendre part au processus de Genève 2. Téhéran a également reçu la visite de Sultan Qabouss, le sultan d’Oman, qui a rencontré le guide spirituel iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, et de hauts responsables. L’Iran, qui souhaite retourner dans le giron de la communauté internationale pour obtenir une levée des sanctions économiques qui pèsent sur elle, recevoir la bénédiction mondiale sur le nucléaire et s’ouvrir enfin sur l’Occident, ne se laissera donc pas entraîner dans une aventure en signe de représailles. Téhéran ne fera rien non plus pour s’attirer les foudres de l’Occident, ce qui pourrait lui valoir également une frappe militaire particulièrement dure et ultralégitimée au plan international.
Ces sources diplomatiques écartent, partant, la possibilité selon laquelle le Hezbollah s’aventurerait à répondre à l’attaque occidentale par des tirs de roquettes sur Israël, dans la mesure où le parti chiite sait fort bien quelles seraient les conséquences, indubitablement lourdes, d’un tel acte. Un responsable au sein du parti aurait déjà mis un ministre au courant de la position du Hezbollah au cas où la Syrie est attaquée : aucune démarche ne sera entreprise pour enflammer le front sud. Des sources occidentales ont d’ailleurs transmis une mise en garde aux forces du 8 Mars, et tout particulièrement au Hezbollah, dans ce sens, selon laquelle Israël répondrait très durement et frapperait « les zones sous l’influence du parti chiite et celles qui le soutiennent » – ce que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a d’ailleurs clairement exprimé dans sa dernière conférence de presse. Même les alliés du Hezbollah lui ont conseillé de ne pas se mêler des développements à venir et de saisir l’occasion pour mettre un terme à son équipée syrienne et retirer ses hommes de Syrie. Selon ce que le responsable du parti a affirmé à ce ministre, le Hezbollah aurait même commencé à se retirer du territoire syrien sans faire de bruit, dans la mesure où l’annonce d’une telle décision reste particulièrement difficile, l’engagement du parti étant le fruit d’une décision extérieure. Le Hezbollah aurait fixé la fin du mois de décembre comme date pour se désengager de Syrie, sans toutefois que ce retrait ne soit annoncé publiquement...
Face à ces développements stratégiques majeurs, des sources diplomatiques conseillent plus que jamais aux parties libanaises de profiter de l’instant pour se rassembler autour de la légalité et des institutions, de former dans les plus brefs délais un gouvernement, d’oublier les conditions rédhibitoires mutuelles et de s’asseoir ensemble à la table de dialogue.
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13 h 09, le 29 août 2013