Hosni Moubarak, l’ancien président égyptien, est apparu dans le box grillagé des accusés, lunettes fumées sur le nez, assis sur un brancard aux côtés de plusieurs responsables de son régime et de ses deux fils, Gamal et Ala’, poursuivis avec lui pour « corruption ». Photo/STR/AFP
La justice égyptienne a ajourné hier le procès pour « incitation au meurtre » des trois principaux chefs des Frères musulmans, la confrérie du président déchu Mohammad Morsi, ainsi que celui de son prédécesseur Hosni Moubarak pour « complicité de meurtre » de manifestants en 2011.
Ces audiences ont lieu en plein chaos politique en Égypte, où le nouveau pouvoir dirigé de facto par l’armée réprime dans le sang depuis 10 jours les manifestations organisées par les Frères musulmans.
Le procès du guide suprême des Frères, Mohammad Badie, de ses adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, actuellement incarcérés, et de 32 autres islamistes a été reporté au 29 octobre, car aucun des accusés n’était présent. La justice a sommé la police de présenter les accusés ce jour-là. Des sources de sécurité ont expliqué qu’ils n’avaient pas été amenés hier au tribunal, de crainte que leur convoi ne soit assailli par des partisans ou des adversaires de la confrérie, notamment parce qu’il doit traverser le centre-ville, une zone difficile à sécuriser.
Les trois dirigeants encourent la peine de mort pour « complicité » dans le meurtre de huit manifestants anti-Morsi le 30 juin. Trois autres membres de leur confrérie sont accusés de ces « meurtres » et 29 autres militants islamistes doivent comparaître avec eux pour avoir participé, armés selon l’accusation, à ces heurts. Avant l’audience, l’avocat d’un des leaders islamistes a déclaré que « les accusations sont montées de toutes pièces, c’est un procès politique ».
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Moubarak
Peu après, un tribunal du Caire a ajourné le procès en appel de M. Moubarak au 14 septembre, à l’issue de la sixième audience. L’ex-raïs encourt également la peine de mort pour « complicité de meurtre » de centaines de manifestants lors de la révolte de janvier-février 2011 qui l’a renversé après trois décennies à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe. M. Moubarak est apparu dans le box grillagé des accusés, lunettes fumées sur le nez, assis sur un brancard aux côtés de plusieurs responsables de son régime et de ses deux fils, poursuivis avec lui pour « corruption ».
Sur le terrain depuis maintenant 10 jours, l’armée et la police répriment dans un bain de sang les manifestations réclamant le retour du président destitué. Hier encore, un manifestant pro-Morsi a été tué lors d’une attaque contre un poste de police à Assiout, selon des sources de sécurité. Le pays est sous état d’urgence et les grandes villes sont truffées de chars de l’armée et de barrages. Signe d’apaisement, le couvre-feu imposé au Caire et dans treize provinces a été raccourci de deux heures samedi.
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Commentaire
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