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Moyen Orient et Monde - Analyse

Dans l’océan des printemps arabes, seul le Yémen...

Bain de sang en Égypte, guerre civile en Syrie, impasse politique en Tunisie : le printemps arabe a cédé la place à une violence qui risque de s’intensifier faute de maturité de nouvelles classes dirigeantes, redoutent des experts. Sauf au... Yémen.


« Les pays arabes entrent dans une période de turbulences et de changements, qui devrait probablement voir encore plus de violence intérieure, de polarisation et de compétition régionale (...) les soulèvements dans le monde arabe ont “exposé l’immaturité politique des principales factions politiques”, comme l’a montré la brève expérience des Frères musulmans au pouvoir en Égypte, où ils se sont “aliéné” les segments mêmes de la société sur lesquels ils auraient dû compter », estime Émile Hokayem, de l’Institut international d’études stratégiques.


Ainsi, en Égypte, près de 900 personnes, en grande majorité des manifestants soutenant le président destitué Mohammad Morsi, ont été tuées en près d’une semaine et les violences ont connu une nouvelle escalade lundi avec un attentat contre la police dans la péninsule instable du Sinaï. La crise a déjà balayé quasiment tous les acquis du soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011, « surtout le multipartisme avec l’entrée des islamistes en politique et les premières élections démocratiques », souligne Sophie Pommier, maître de conférences à Sciences Po. « L’Égypte va dans le mur. Les acteurs sont incapables de compromis politique », estime cette spécialiste de l’Égypte. Le chef de l’armée et nouvel homme fort de l’Égypte, le général Abdel Fattah al-Sissi, a ainsi martelé dimanche que son pays ne plierait pas devant les « terroristes », et le guide suprême des Frères musulmans Mohammad Badie vient d’être arrêté. « Si la confrérie (des Frères musulmans) est dissoute, on franchit une ligne rouge (...) La grande question est de savoir si la communauté internationale va elle aussi réitérer ses erreurs par peur de l’islamisme ou taper du poing sur la table en signifiant aux militaires que personne n’est plus dupe de ce genre de stratégie », affirme Mme Pommier.

 


Contraints à la clandestinité ?
Les Frères musulmans semblent donc contraints à retourner dans la clandestinité pour fuir la répression de l’armée qui a renversé le président issu de leurs rangs et décapité leur direction, mais ils pourraient en sortir renforcés en se réorganisant et en repensant leur stratégie. Ils pourraient aussi se diviser, quelques-uns se radicalisant ou basculant dans le terrorisme, d’après des experts. Leurs dirigeants ont été arrêtés ou sont recherchés et des centaines de leurs membres ont été tués par les forces de l’ordre.


Dès lors, explique Karim Bitar, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris, le mouvement islamiste qui a « toujours été organisé de façon pyramidale » fait face à « un problème organisationnel ». Aujourd’hui menacés d’être déclarés illégaux, les options des Frères musulmans, explique François Burgat, directeur de l’Institut français du Proche-Orient (IFPO), sont « celles dont ils sont familiers pour les avoir pratiquées de longue date, y compris la clandestinité. L’armée va de toute évidence parvenir à freiner, voire à paralyser l’appareil décisionnel des Frères, mais pas pour autant à rayer de la carte un parti qui a un ancrage populaire solide et ancien », poursuit ce spécialiste de l’islamisme. Mais l’implacable répression du pouvoir intérimaire installé par l’armée pourrait également permettre à la confrérie de capitaliser sur une nouvelle « martyrologie », après la dispersion extrêmement sanglante de leurs rassemblements au Caire et la mort des enfants de plusieurs dirigeants, dont M. Badie. « Après un long passage à vide dû au ressentiment actuel, ils vont à nouveau pouvoir profiter de l’aura victimaire alors que dans l’exercice du pouvoir, ils étaient en train de se discréditer eux-mêmes », affirme M. Bitar. En tout cas, quelles que soient les « mesures éradicatrices » du nouveau pouvoir, M. Burgat estime que la crise actuelle n’est qu’« un épiphénomène à l’échelle de l’histoire contemporaine des Frères en particulier et de l’islam politique en général ». « Ils ont survécu à beaucoup de persécutions et en sont sortis renforcés », renchérit M. Bitar.

 


 « Personne ne peut gagner en Syrie »
La situation est encore plus critique en Syrie, où les violences ont fait, selon l’ONU, plus de 100 000 morts et près de 2 millions de réfugiés depuis mars 2011. « Personne ne peut gagner en Syrie. Assad peut survivre à moyen terme et espérer que ses ennemis s’affaiblissent pour ne jamais être capables » de remporter la guerre, souligne Émile Hokayem, qui vient de publier un livre sur le soulèvement syrien. Pour lui, si « un démembrement formel de la Syrie reste peu probable, une partition douce de facto du pays en plusieurs petites entités (...) prend forme ». Pour Nadim Shehadi, expert à Chatham House, il faut s’attendre à encore plus de violences en Syrie comme en Égypte, dans la mesure où « les anciens régimes savent manipuler la violence ».


La Libye peine également à retrouver la stabilité, parce que l’ancien régime de Mouammar Kadhafi avait « détruit toutes les institutions du pays », selon M. Shehadi. Et l’impasse politique frappe également la Tunisie, où ni l’opposition ni les islamistes au pouvoir ne cèdent sur leurs revendications malgré des pourparlers directs et indirects.

 

 

Seul le Yémen, unique cas dans le monde arabe où le soulèvement a abouti à une solution négociée, avance tant bien que mal, sous l’égide de l’ONU, dans le processus de réconciliation politique. Mais le dialogue national qui doit s’achever en septembre piétine, notamment en raison de l’épineuse question sudiste, et il n’est pas encore acquis que les élections générales puissent avoir lieu comme prévu en février 2014.

 

 

Pour mémoire

Hague : La crise au Moyen-Orient pourrait durer des décennies

 

Commentaire

C’est l’autoritarisme qui pose problème, pas l’islam !
Bain de sang en Égypte, guerre civile en Syrie, impasse politique en Tunisie : le printemps arabe a cédé la place à une violence qui risque de s’intensifier faute de maturité de nouvelles classes dirigeantes, redoutent des experts. Sauf au... Yémen.
« Les pays arabes entrent dans une période de turbulences et de changements, qui devrait probablement voir encore plus de violence...

commentaires (3)

PLUTÔT : DANS LES DÉSERTS DES PRINTEMPS-HIVERNAUX ARABES... ETC... ETC... ETC...

SAKR LOUBNAN

14 h 28, le 22 août 2013

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Commentaires (3)

  • PLUTÔT : DANS LES DÉSERTS DES PRINTEMPS-HIVERNAUX ARABES... ETC... ETC... ETC...

    SAKR LOUBNAN

    14 h 28, le 22 août 2013

  • De tel spécialistes nous écœure a tel point que je doute qu'il y ai encore quelqu'un qui veuille fréquenter Harvard, l'ENA, Oxford et autres établissements du genre. Ont y fini bête par excès d'intelligence!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 09, le 21 août 2013

  • Hier Harvard, aujourd'hui Pommier de Sciences Po...chaque jour nous apporte son lot de "spécialistes " qui racontent tous les mêmes conneries.Une pomme qui tape du poing sur la table, c'est un peu tarte...Pour la Syrie, c'est encore plus drôle...il y a quelques semaines Assad était tombé, allait tomber...et aujourd'hui, les mêmes analystes stratégiques(autoproclamés) penchent pour le ni vainqueur, ni vaincu...c'est du plus haut comique. Mais fermez donc vos clapets...les peuples décident,point/barre.

    GEDEON Christian

    03 h 07, le 21 août 2013

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