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Liban

À Tripoli, le Haut Comité de secours, l’armée et les volontaires aident les sinistrés à évaluer les dégâts

Durant le week-end, Tripoli, témoin vendredi de l’attaque la plus meurtrière depuis la fin de la guerre du Liban, était toujours en état de choc. Les travaux de nettoyage des sites des deux explosions ont commencé alors que nombre de cadavres restaient non identifiés.
Tripoli, toujours endeuillée par la double explosion de vendredi, a commencé à enterrer ses morts dès la nuit de vendredi à samedi. Plusieurs familles ont organisé des funérailles à la hâte en raison du mauvais état des corps. Hier et samedi, les familles ont continué à enterrer leurs morts alors qu’une dizaine de corps étaient toujours non identifiés dans les morgues des hôpitaux et nombre de personnes étaient encore portées disparues.
Durant les obsèques, des civils ont tiré en l’air alors que des slogans hostiles au Hezbollah et au président syrien Bachar al-Assad fusaient de toutes parts : « Mort au Hezbollah, Bachar espèce de porc. »
Pendant que des familles continuaient à chercher des proches disparus depuis l’attaque, le bilan du double attentat de vendredi, le plus meurtrier depuis la fin de la guerre du Liban, s’est alourdi à 45 morts, et quelque 280 blessés, sur les 600 atteints lors des deux explosions, restaient hospitalisés.
Nombre de blessés sont toujours dans un état grave. Des sources ont précisé qu’une dizaine a été transportée vers des hôpitaux de Beyrouth.
Les FSI ont appelé les parents des disparus à effectuer des tests ADN dans deux gendarmeries de Tripoli afin de permettre l’identification des cadavres et de rassembler les débris humains rapportés aux hôpitaux.
Sur le terrain, des groupes de volontaires travaillaient, certains appartenant à des courants politiques, notamment le courant du Futur et la Jamaa islamiya, et d’autres à diverses associations tripolitaines et libanaises. Un groupe de volontaires a vu le jour à travers les médias sociaux. Près de 600 personnes se sont ainsi mobilisées, venant de tout le Liban, pour aider les sinistrés.
Les volontaires ont aidé les habitants de la zone à nettoyer leurs maisons et les rues. Certains ont mis en place des points fixes dans les quartiers, des sortes de dispensaires ambulants pour aider les blessés à changer leurs pansements.
L’armée a commencé dès samedi à dégager les nombreuses carcasses de voitures calcinées, alors que l’office des eaux et l’EDL ont entamé leur travail pour rétablir le courant et l’eau dans les secteurs sinistrés.
Le Haut Comité de secours, qui est arrivé hier sur le terrain, a publié un premier rapport sur les dégâts.
Ainsi, l’explosion de la mosquée al-Takwa a occasionné des dégâts à environ 150 voitures, une école, 20 bâtiments résidentiels dont 300 appartements endommagés, 22 fonds de commerce et à la mosquée elle-même.
L’attentat de la mosquée al-Salam a occasionné des dégâts à environ 150 voitures, 36 immeubles résidentiels dont 380 appartements endommagés, 35 fonds de commerce, quatre restaurants, ainsi que la mosquée elle-même.
Mais il faut compter plusieurs jours pour évaluer les dégâts d’une façon détaillée. Le travail se fait en coopération avec l’armée libanaise.

L’enquête progresse
Les forces de l’ordre ont renforcé les mesures de sécurité pour prévenir de nouvelles attaques. L’armée et les FSI ont dressé des barrages dans divers quartiers de la ville, mettant également en place des postes d’observation. L’armée a multiplié ses patrouilles. Toute voiture suspecte était fouillée.
Bien que les notables de Tripoli aient souligné que seul l’État peut les protéger, rejetant l’autosécurité, dans la matinée de samedi, des hommes en civil armés, craignant de nouvelles attaques, étaient visibles devant les mosquées, près des sièges de partis politiques, de maisons de députés et de dignitaires religieux.
Samedi également, suite à la décision du Premier ministre, Nagib Mikati, un deuil national en signe de solidarité avec les familles des victimes et de refus du terrorisme a été observé. Alors qu’à Tripoli plusieurs magasins ont gardé leurs portes fermées, les administrations, dans tout le Liban, ont cessé de travailler durant une heure.
En ce qui concerne les investigations, selon des sources de sécurité, l’enquête relative à l’attentat de la mosquée al-Salam, située à proximité du domicile de l’ancien directeur général des FSI, le général Achraf Rifi, progresse rapidement. La voiture piégée est une Ford 4x4 vert foncé. Il n’existe aucune preuve, jusqu’à présent, qu’elle a été volée. Elle a été vendue et revendue à plusieurs reprises. Des parties de ce véhicule, propulsées par le souffle de l’explosion, ont été retrouvées au balcon de l’appartement du général Rifi.
La charge explosive est évaluée par les experts à 175 kilogrammes de TNT.
Selon des témoins, le chauffeur de la voiture avait tenté de la garer à l’entrée du bâtiment où habite le général Rifi, mais les hommes en charge de la sécurité l’en ont empêché. Il a alors stationné le véhicule sur le trottoir d’en face, à proximité de la mosquée.
Cheikh Ahmad Gharib, du courant al-Tawhid, mouvement sunnite proche du Hezbollah, ainsi qu’un autre cheikh de ce même courant sont toujours interrogés par la police.
Le domicile de cheikh Gharib a été perquisitionné et diverses armes à feu et grenades à main ont été retrouvées.
Une vidéo prise par des badauds au moment de l’attentat le montre en train de parler au téléphone à proximité de la mosquée al-Salam.
Concernant la mosquée al-Takwa, la voiture piégée serait également une 4x4, de marque GMC. Un marchand ambulant, Abdelrazzak Sbeyho, est interrogé en tant que témoin. Ce dernier, qui a perdu son fils dans l’attentat et qui est toujours en état de choc, avait indiqué aux enquêteurs que le chauffeur de la voiture piégée lui avait demandé un jus d’orange, payant le verre avec 20 000 livres avant de partir. Le marchand a couru derrière lui pour lui rendre la monnaie mais il n’a pas pu l’atteindre car le chauffeur est monté à bord d’une voiture qui l’attendait. L’attentat a vite suivi. La charge explosive est évaluée à 80 kilos de TNT et de nitrate.
Tripoli, toujours endeuillée par la double explosion de vendredi, a commencé à enterrer ses morts dès la nuit de vendredi à samedi. Plusieurs familles ont organisé des funérailles à la hâte en raison du mauvais état des corps. Hier et samedi, les familles ont continué à enterrer leurs morts alors qu’une dizaine de corps étaient toujours non identifiés dans les morgues des...
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