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Liban - Enquête

Rapt des pilotes turcs : 3 prévenus transférés à Roumieh, mécontentement grandissant dans la banlieue sud

La Direction générale des FSI a publié hier deux communiqués démentant des informations sur des soi-disant fractures dont souffrirait l’un des prévenus à la suite de son interrogatoire.
L’enquête se poursuit dans l’affaire du rapt des deux pilotes de la Turkish Airlines, enlevés le vendredi 9 août sur la route de l’aéroport. Les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) ont procédé samedi à l’arrestation d’une nouvelle personne suspectée d’avoir planifié le rapt, élevant ainsi à trois le nombre de prévenus, qui ont été ensuite transférés à la prison de Roumieh. Il s’agit de Mohammad Saleh, Hassan Saleh et Nadim Zogheib, tous des proches des neuf otages libanais détenus à Aazaz, en Syrie. Cinq autres avaient été interrogés par les FSI, avant d’être relâchés.
Le transfert des trois autres à la prison de Roumieh a fait suite à la plainte portée contre eux par le procureur général près la cour d’appel du Mont-Liban, le juge Claude Karam, à la lumière des résultats de l’interrogatoire effectué au siège de la Direction générale des FSI.
Des informations ont été véhiculées dans certains médias sur l’état de santé précaire de l’un des prévenus, qui souffrirait de plusieurs fractures après avoir soi-disant subi un violent interrogatoire au siège de la Direction générale des FSI. Celle-ci a publié hier deux communiqués, à quelques heures d’intervalle, pour réfuter catégoriquement ces informations.

« Qui veut s’enquérir de leur santé peut demander une visite »
Dans le premier communiqué publié dans la matinée, les FSI ont démenti les informations véhiculées par l’un des proches des otages de Aazaz, cité dans les médias, qui affirme que le médecin de la prison de Roumieh aurait refusé d’accueillir dans la prison le prévenu Mohammad Saleh, à cause de ses nombreuses fractures qui résulteraient de coups subis durant son interrogatoire, ce qui aurait contraint les FSI à le reconduire à leur siège à Achrafieh. Soucieux de démentir cette information, les services de renseignements des FSI ont précisé dans leur communiqué que « l’enquête avec les trois prévenus s’est déroulée selon les lois et les règlements en vigueur. Aucun des trois n’a été touché, et ils ont tous été transférés, en bonne santé, à la prison centrale de Roumieh. L’un d’eux souffre d’une inflammation à la gorge et a été examiné par le médecin de la prison qui lui a prescrit les soins nécessaires ». Plusieurs heures plus tard, les FSI ont insisté, dans un nouveau communiqué, sur le fait que les trois accusés « se portent bien ». « Certains médias continuent de relancer les informations précédemment démenties et de sources non confirmées sur la santé de l’un des détenus qui aurait subi des coups lors de son interrogatoire. » Afin de lever tout doute sur la question, « les FSI précisent deux points : d’abord, la Direction générale réaffirme qu’il s’agit là de mensonges, les prévenus étant en parfaite santé et n’ayant subi aucune atteinte physique. Ensuite, quiconque souhaiterait se rendre à Roumieh pour s’enquérir de leur santé peut le faire, à condition d’obtenir la permission du procureur général près la cour d’appel du Mont-Liban, en vertu du règlement intérieur des prisons ».

Le recours à Aïn el-Tiné
Il reste que l’arrestation de Nadim Zogheib et le transfert des trois prévenus à la prison de Roumieh samedi ne sont pas restés sans suite, les familles des otages de Aazaz ayant observé deux sit-in consécutifs, le premier à Aïn el-Tiné et le second devant le siège de la Direction générale des FSI. La première réaction des familles a été de se rendre au domicile du président de la Chambre Nabih Berry. Ce dernier se trouvant à l’étranger, les familles se sont entretenues avec son conseiller, Ali Hamdane. Se prononcant à l’issue de la rencontre, Mona Termos a dénoncé une nouvelle fois toutes les formes de rapts, précisant toutefois que « les choses en sont arrivées là à cause de l’atermoiement des Turcs ». De son côté, Hayat Awali, membre de la commission de suivi de l’affaire des otages à Aazaz, a signalé que « la manifestation devant Aïn el-Tiné est liée à l’arrestation de Hassan Jamil Saleh, fils de l’otage Jamil Saleh, et qui est un agent de la police du siège du Parlement ».

« Un plan des FSI pour déstabiliser le pays »
Les familles se sont regroupées ensuite devant le siège des FSI à Achrafieh, au milieu d’un cordon de sécurité imposé par les FSI. Prenant la parole, cheikh Abbas Zogheib, chargé par le Conseil supérieur chiite du suivi de l’affaire des otages de Aazaz, a stigmatisé « la manière dont les FSI traitent avec les familles des otages, qui est assimilable à l’explosion ayant visé la banlieue sud (jeudi dernier, NDLR) ». Pour le dignitaire chiite, les FSI voudraient « entraîner les familles dans une mobilisation qui menacerait la stabilité du pays, mais c’est l’éveil des habitants de la banlieue sud qui a permis d’éviter la mise en œuvre du plan des FSI ». Démentant, à l’instar des autres manifestants, les informations selon lesquelles les personnes arrêtées auraient fourni des informations sur l’opération du rapt des deux pilotes, cheikh Zogheib a estimé que « les proches des otages ne sont pas les agresseurs mais les agressés, et les services de renseignements des FSI doivent accomplir leur devoir de protéger les citoyens ». « Notre demande n’est pas la remise en liberté des trois prévenus, mais l’exposé des motifs légaux de leur arrestation », a-t-il précisé, rappelant que le ministre démissionnaire de l’Intérieur Marwan Charbel « avait assuré qu’aucune accusation n’était dirigée contre les prévenus ». Il a révélé enfin qu’un rendez-vous avait été accordé pour les familles des otages avec le directeur général des FSI par intérim, le général Ibrahim Basbous, avant d’être annulé « sous prétexte qu’il se trouve en dehors du pays. Je ne sais quelles pressions politiques il a subies ».
S’exprimant de son côté au nom des familles des neuf otages de Aazaz, Daniel Cheaib n’a pas écarté la possibilité d’une escalade, en l’occurrence le blocage de la route de l’aéroport.
L’enquête se poursuit dans l’affaire du rapt des deux pilotes de la Turkish Airlines, enlevés le vendredi 9 août sur la route de l’aéroport. Les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) ont procédé samedi à l’arrestation d’une nouvelle personne suspectée d’avoir planifié le rapt, élevant ainsi à trois le nombre de prévenus, qui ont été...
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