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À La Une - Egypte

Au Caire, le "vendredi de la colère" est meurtrier

Les Frères musulmans ont appelé à manifester contre le "massacre" de partisans de Morsi il y a deux jours.

Des soldats égyptien, arme au poing sur leur transport de troupe blindé barrent une avenue en face de la station de la télévision d'Etat, le 16 août 2013 au Caire. REUTERS/Louafi Larbi

Des violences entre partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi, mobilisés par milliers, et forces de l'ordre ont fait au moins 70 morts vendredi en Egypte, avec des quartiers entiers transformés en champs de bataille.

 

Le pouvoir mis en place par l'armée après la destitution de M. Morsi affirme désormais se battre contre un "complot terroriste malveillant des Frères musulmans", la confrérie du président déchu, et a autorisé ses hommes à ouvrir le feu sur les manifestants.

 

Au Caire, verrouillée par l'armée déployée en masse et quadrillée par des "comités populaires" pro-pouvoir, des tirs d'armes automatiques résonnaient dans différents quartiers, notamment autour de la place Ramsès où étaient massés des milliers de partisans des Frères musulmans.

Dans deux morgues improvisées dans des mosquées attenantes, un correspondant de l'AFP et des témoins ont compté au moins 39 corps. En outre, des sources de sécurité ont affirmé que 31 personnes avaient été tuées dans différentes provinces, sans évoquer de bilan pour Le Caire.

 

Egalement dans le centre de la capitale, des témoins ont rapporté avoir vu un homme sauter d'un pont pour éviter les balles alors que les chars se dirigeaient vers les manifestants.

 

Les télévisions égyptiennes montraient des hommes tirer au fusil d'assaut Kalachnikov depuis un pont du Caire mais il était impossible de savoir s'il s'agissait de manifestants ou de policiers en civil qui quadrillent la ville aux côté des soldats.

 

Des tirs ont également été entendus dans d'autres grandes villes du pays où les pro-Morsi manifestent comme Alexandrie (nord), Beni Soueif et Fayoum au sud du Caire, et la ville touristique de Hourghada sur la mer Rouge.

 

Pour justifier la répression qui a fait plus de 600 morts ces trois derniers jours, des pro-Morsi pour l'essentiel, "le gouvernement affirme que ses membres, les forces armées, la police et le grand peuple d'Egypte sont unis pour combattre le complot terroriste malveillant ourdi par les Frères musulmans", affirme un communiqué du cabinet du Premier ministre.

 

Les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, avaient appelé leurs partisans à défiler "pacifiquement" par "millions" à la sortie des mosquées vendredi et à converger vers la place Ramsès au centre de la capitale.

 

Mercredi, au moins 623 personnes ont été tuées, dans leur très grande majorité des civils, essentiellement dans la dispersion sanglante au Caire de partisans de M. Morsi, destitué et arrêté par l'armée début juillet. Le précédent bilan était de 578 morts, dont 535 civils. 43 policiers ont été tués. Il s'agit là de la journée la plus meurtrière de l'histoire récente de l'Egypte.

Lors du carnage sur les places où campaient depuis un mois et demi des milliers d'islamistes venus avec femmes et enfants, l'Intérieur avait assuré que "les instructions étaient de n'utiliser que les gaz lacrymogènes, pas d'armes à feu". "Mais quand les forces de sécurité sont arrivées, elles ont été surprises par des tirs nourris", avait-il ajouté.

 

Deux jours après cette sanglante journée, l'appel à la mobilisation lancé par les Frères faisait redouter de nouvelles violences dans le pays sous état d'urgence et où un couvre-feu nocturne a été imposé dans la moitié des provinces.

 


Un partisan du président déchu Mohamed Morsi manifeste devant une mosquée du Caire, le 16 août 2013. REUTERS/Louafi Larb 

 

 

Le risque est d'autant plus fort qu'après de nouvelles attaques jeudi, dont l'incendie du siège de la province de Guizeh dans la banlieue du Caire et la mort de neuf policiers et militaires, attribuées à des "islamistes" notamment dans la péninsule instable du Nord-Sinaï, Tamarrod, le principal mouvement à l'origine des manifestations monstres ayant conduit à la destitution du président Morsi, a appelé les Egyptiens à former des "comités populaires" pour défendre le pays contre ce qu'il appelle le "terrorisme" des Frères musulmans. Ces "comités populaires" pro-pouvoir ont installé des points de contrôle à travers le pays, fouillant les habitants et régulant les accès aux quartiers.

Face à l'appel de la confrérie islamiste, le Front de salut national (FSN), coalition hétéroclite de militants de gauche et de libéraux, a en outre appelé les Egyptiens à manifester ce vendredi contre les "actes évidents de terrorisme" commis par les Frères.

 

(Lire aussi : Davantage de division et de violences à craindre en Egypte)

 

Vendredi, la presse, quasiment unanimement acquise à l'armée, se déchaînait contre la confrérie. "Les milices des Frères détruisent les biens du peuple", titrait notamment le journal privé al-Masry al-Youm au-dessus d'une photo du siège de la province de Guizeh ravagé par les flammes.

 

 Un bénévole, épuisé, dort à côté des cadavres entreposés dans une mosquée du Caire. AFP /MAHMOUD KHALE

 

A l'aube de ce "vendredi de la colère", Laila Moussa, une porte-parole de la Coalition pro-Morsi contre le "coup d'Etat", a affirmé à l'AFP que des membres des Frères musulmans, dont au moins deux parlementaires, avaient été arrêtés.

Depuis le coup de force des militaires, la majorité des dirigeants de la confrérie ont été arrêtés ou sont en fuite.

M. Morsi est lui-même toujours détenu au secret, tandis que doit s'ouvrir le 25 août le procès de plusieurs de ses hauts responsables, dont son Guide suprême Mohamed Badie, en fuite. Ce dernier a promis vendredi dans sa lettre hebdomadaire à ses partisans que les responsables des "massacres" allaient devoir payer. Les Frères musulmans ont évoqué 2.200 morts et plus de 10.000 blessés.

 

 

"Maximum de retenue"

Alors que de nombreux pays occidentaux ont condamné ce bain de sang, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont appelé jeudi soir les différentes parties en Egypte à faire preuve d'un "maximum de retenue".

Les Etats-Unis ont de leur côté annulé des exercices militaires communs et incité leurs ressortissants à quitter l'Egypte, sans aller jusqu'à interrompre l'aide annuelle (1,5 milliard de dollars) versée en grande partie à la toute-puissante armée de leur grand allié.

 

Dans le monde arabe, des centaines de personnes ont manifesté à l'appel de groupes islamistes à Khartoum, Amman, Rabat, Jérusalem-Est et en Cisjordanie pour dénoncer "le coup d'Etat" contre Mohamed Morsi et le coup de force contre ses partisans

 

Le pouvoir avait sommé maintes fois les manifestants pro-Morsi de se disperser sous peine de le faire par la force, mais ceux-là ont refusé, disant vouloir rester sur place jusqu'au rétablissement de M. Morsi dans ses fonctions.

Avant l'assaut, les heurts en marge de manifestations pro et anti-Morsi et les attaques contre les forces de sécurité dans le Sinaï avaient fait plus de 300 morts depuis fin juin.

Le nouvel homme fort du pays, le chef de l'armée le général Abdel Fattah el-Sissi, avait invoqué les millions de manifestants pour destituer le 3 juillet M. Morsi, accusé d'avoir accaparé le pouvoir et d'avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue.

Les pro-Morsi dénoncent un coup d'Etat contre le premier président démocratiquement élu du pays et refusent de participer au processus de transition.

 

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Commentaire

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commentaires (1)

Mais quel est donc ce parti pris sans fard? Et quelles sont donc ces photos ,toutes les mêmes ou presque, présentant ces fanatiques comme de pauvres citoyens réprimés sans raison? Et où sont les photos des églises brûlées et des chrétiens massacrés, de la ville dévastée, des gens au chômage, des sites touristiques désertés, des bateaux du Nil vides,et les commentaires ad hoc? Et où sont les millions de manifestants réclamés par ces foutus frères? je déteste toute cette violence...mais quand même, parler de "coup d'état" à propos de la destitution d'un fou furieux qui avait nommé comme gouverneur de province l'homme responsable du massacre de 60 touristes, c'est une vaste plaisanterie, macabre. On peut être arabe,musulman,croyant et ne pas se transformer en monstre....regardez donc la vidéo de Nasser tournant en ridicule ces fanatiques rétrogrades sur You tube...facile à trouver.

GEDEON Christian

18 h 06, le 16 août 2013

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Commentaires (1)

  • Mais quel est donc ce parti pris sans fard? Et quelles sont donc ces photos ,toutes les mêmes ou presque, présentant ces fanatiques comme de pauvres citoyens réprimés sans raison? Et où sont les photos des églises brûlées et des chrétiens massacrés, de la ville dévastée, des gens au chômage, des sites touristiques désertés, des bateaux du Nil vides,et les commentaires ad hoc? Et où sont les millions de manifestants réclamés par ces foutus frères? je déteste toute cette violence...mais quand même, parler de "coup d'état" à propos de la destitution d'un fou furieux qui avait nommé comme gouverneur de province l'homme responsable du massacre de 60 touristes, c'est une vaste plaisanterie, macabre. On peut être arabe,musulman,croyant et ne pas se transformer en monstre....regardez donc la vidéo de Nasser tournant en ridicule ces fanatiques rétrogrades sur You tube...facile à trouver.

    GEDEON Christian

    18 h 06, le 16 août 2013

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