Un jeu de miroir
Pour Bradley Stevens, c’est là un jeu de miroir où il tente de retrouver chez les autres le reflet de sa fascination de découvrir, de s’imprégner et de « radioscopier » le message et la manière de faire des artistes célèbres. C’est ce qui d’ailleurs l’avait amené à pratiquer la technique de la copie. Il l’a d’abord fait en tant qu’étudiant des beaux-arts à l’Université de Georgetown (dans les années 70), comme tous les débutants dans ce domaine. Mais lui a abordé cette phase avec une sorte d’inspiration et pas seulement comme un exercice. Au point qu’impressionné par sa talentueuse habileté à recréer les techniques de Degas, Matisse, Monet et les autres, le directeur de la National Gallery of Art lui avait commandé la copie d’une œuvre faisant partie d’une exposition itinérante, pour en faire un cadeau. À présent, à l’âge de 58 ans, il enseigne l’art dans les deux universités de Georgetown et de George Washington, exécute des portraits sur commande, et des paysages champêtres et urbains de son cru.
Copier une œuvre n’est pas seulement l’affaire des faussaires. C’est un métier à part entière reconnu dans le milieu de l’art, et les plus grands musées accueillent des copistes sur leur site. Ce que fait la National Gallery of Art dans le cadre d’un programme similaire. Elle met à la disposition de ceux qui le désirent douze chevalets, mais elle limite le nombre des demandeurs dans les grandes expositions pour ne pas trop encombrer l’espace.
« Sans compter, ajoute Stevens, que même les grands maîtres ont eu à résoudre les problèmes techniques auxquels nous sommes souvent confrontés. Alors, pourquoi ne pas prendre avantage de leur savoir. Durant des siècles et des siècles, copier était considéré comme un bon moyen d’apprendre. »
Ce dont était convaincu Edgar Degas qui avait dit : « Il faut copier et recopier d’après les maîtres, et ce n’est qu’après avoir donné toutes les preuves d’un bon copiste qu’il pourra raisonnablement vous être permis de faire un radis d’après nature. »