Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a pris le parti hier de défendre l’armée, déclarant, dans une intervention télévisée lors d’un iftar organisé dans la banlieue sud, que « l’armée est la seule garantie pour ce pays » et que « la Résistance lui est un appui ».
Hassan Nasrallah a commencé par rappeler que, « depuis sa création, la Résistance a eu une vision claire de sa mission et s’est fixé plusieurs objectifs : libérer les territoires libanais occupés, libérer les détenus dans les prisons de l’ennemi (en référence à l’État hébreu), et protéger, avec l’armée libanaise, le Liban des menaces externes, notamment israéliennes ». « Les deux premiers objectifs ont en grande partie été atteints, a-t-il ajouté. Certes, de petites portions de territoire restent occupées et le Hezbollah continue de réclamer quelque trois ou quatre prisonniers ainsi que des dépouilles mortelles dont Israël dit ne rien savoir, mais il reste les convoitises d’Israël, qui ne connaissent pas de limites et s’étendent à tous les domaines. » « Quelqu’un a-t-il réagi quand le ministre de l’Énergie a signalé dernièrement qu’Israël pouvait pomper subrepticement les réserves gazières sous-marines du Liban ? » a-t-il noté.
Dans ce contexte, Hassan Nasrallah a réitéré que le débat sur la légitimité des armes du Hezbollah « ne mène à rien ». « Forte de ses victoires passées, de sa conviction que face à Israël les Libanais ne peuvent compter que sur eux-mêmes, et forte du large soutien populaire, la Résistance est aujourd’hui plus forte que jamais et personne ne peut l’isoler ou la briser », a-t-il déclaré.
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Hassan Nasrallah a par ailleurs réitéré dans son discours que « la Résistance est ouverte au dialogue national et prête à discuter de la stratégie nationale de défense, sans conditions préalables, avant ou après la formation du gouvernement ». « Mais les autres parties n’ont jamais été sérieuses dans leur appel au dialogue ; leur seul but est que le Hezbollah rende ses armes », a accusé le chef du Hezbollah. « À celui qui qualifie les armes de la Résistance d’illégitimes, je demande : quelle est l’alternative ? » a déclaré Hassan Nasrallah, soulignant le véritable besoin de mettre une stratégie de défense nationale « face aux dangers qui menacent le Liban et la région ».
Équilibre de la terreur
Pour Nasrallah, « il est normal que la Résistance soit visée car elle est effective et crainte par l’ennemi ». « Certes, a-t-il admis en substance, nous n’avons jamais prétendu que la Résistance, par son équipement ou par le nombre, peut égaler l’armée israélienne. Mais nous sommes parvenus, malgré tout, en exploitant les points faibles d’Israël, à établir un certain équilibre de la terreur dissuasif. » « La Résistance au Liban a pu torpiller les complots américano-israéliens et défaire le projet du Nouveau Proche-Orient », s’est félicité le chef du parti chiite. Et de marteler : « Personne ne peut désormais attaquer le Liban sans en payer le prix. »
Soutien à l’armée
Le secrétaire général du Hezbollah a par ailleurs appelé à soutenir l’armée libanaise. « Si l’armée tombe ou se divise, il ne restera ni paix civile, ni stabilité, ni État », a-t-il mis en garde. Hassan Nasrallah a de ce fait appelé à mettre l’institution militaire à l’écart des clivages internes, à la soutenir et à renforcer ses capacités militaires. « Nous ne disons pas que l’armée est infaillible, mais les erreurs peuvent être réglées sans porter atteinte à l’institution », a-t-il assuré. Et de poursuivre : « L’armée est la seule garantie pour ce pays, la Résistance lui est un appui. » « Quand l’armée est agressée, nous devons nous tenir à ses côtés, a-t-il dit, et quand elle commet des erreurs, nous devons être à ses côtés pour l’assister. » Et de souligner avec force : « Si nous ne voulons pas brader nos dernières garanties, préservons l’institution militaire. »
Hassan Nasrallah a dans ce contexte rappelé plusieurs incidents qui ont opposé dans le passé son parti à l’armée, tels que ceux de Mar Mikhaël quand sept partisans du parti chiite ont été tués par l’armée, assurant que le Hezbollah n’a malgré tout jamais tiré sur la troupe. Évoquant l’assassinat du capitaine Samer Hanna à Soujod, Hassan Nasrallah a admis qu’une erreur a eu lieu, ajoutant que le coupable a été livré à la justice.
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Rappelons que l’armée libanaise a été à maintes reprises critiquée par le 14 Mars après les affrontements meurtriers qui l’ont opposée aux partisans du cheikh salafiste fugitif Ahmad el-Assir (partisan de la rébellion syrienne), à Abra, une banlieue de Saïda au Liban-Sud. La troupe est depuis questionnée sur la participation du Hezbollah dans ces combats.
Hassan Nasrallah a par ailleurs mis en garde contre les tentatives de discorde qui visent les Libanais de tous bords, assurant que les incidents sécuritaires au Liban « ne sont pas liés à l’implication du Hezbollah en Syrie, comme certains prétendent, car de tels incidents avaient lieu avant le début de la crise syrienne ».
Enfin, le secrétaire général du Hezbollah a appelé les médias à la prudence dans leur façon de rapporter les informations, vu la grande tension qui règne au Liban. Il a mis en garde contre les tentatives de discorde qui ne visent pas, selon lui, uniquement le Hezbollah, mais les Libanais de tous bords, appelant à la coopération pour traverser cette période difficile.
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commentaires (12)
Genial comme toujours!
Michele Aoun
14 h 34, le 21 juillet 2013