Les ministres des Affaires étrangères de l'UE devraient décider lundi d'inscrire la branche armée du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, tout en assurant vouloir continuer à dialoguer avec la formation politique, très active au Liban, a-t-on appris vendredi de sources européennes.
A la suite de plusieurs réunions pour trouver un compromis entre les 28, "nous nous dirigeons vers une position commune" à l'occasion du conseil mensuel des ministres qui se tiendra lundi à Bruxelles, a indiqué un haut responsable européen.
Quelques pays, dont Malte ou l'Irlande, se montrent toujours réticents à cette décision, défendue par les principales capitales comme Londres, en pointe sur ce dossier, Paris ou Berlin, a-t-on précisé de sources diplomatiques.
La mesure, qui requiert l'accord unanime des Etats membres, concerne "uniquement la branche armée" du Hezbollah, a souligné le responsable. Elle ne concerne donc pas la formation politique, qui joue un rôle de premier plan dans la communauté chiite et a participé au gouvernement sortant dirigé par le Premier ministre Nagib Mikati.
Attaques en Bulgarie et à Chypre
"La raison pour laquelle il est envisagé d'inclure la branche armée à la liste est uniquement et entièrement liées aux attaques terroristes perpétrées en Bulgarie et à Chypre", a-t-il insisté.
"Cette procédure répond à des critères légaux tout à fait précis" qui reposent sur "un certain nombre de preuves" liant des militants du Hezbollah à l'attentat ayant fait six morts le 18 juillet 2012 à Bourgas (Bulgarie), et à la condamnation en mars à Chypre d'un membre du mouvement accusé d'avoir planifié une attaque contre des intérêts israéliens sur l'île, selon lui.
La décision "n'a donc rien à voir avec les sanctions liées à la situation en Syrie" et l'implication croissante du Hezbollah dans le conflit, où il combat au côté du régime, a-t-il précisé.
Actuellement, seuls les Pays-Bas et la Grande-Bretagne ont mis le Hezbollah sur leur liste nationale des organisations terroristes. Les autorités néerlandaises ont mis au ban l'ensemble des composantes du mouvement chiite, Londres uniquement sa branche militaire.
Preuves concrètes et objectives
Le Liban a cependant demandé officiellement jeudi à l'UE de ne pas inscrire la branche armée du Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes, faisant valoir que le puissant mouvement représentait une "composante essentielle de la société" libanaise.
Le bureau de presse de la présidence de la République a annoncé jeudi que le ministre sortant des Affaires étrangères Adnane Mansour avait été chargé de demander à l’UE de ne pas inclure le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes.
"À la suite des discussions avec le Premier ministre démissionnaire, il a été décidé de charger le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour d’informer le représentant du Liban auprès de l’UE et le secrétariat général des pays membres de cette organisation de la demande du gouvernement libanais de ne pas inclure le Hezbollah, une composante principale de la société libanaise, sur la liste des organisations terroristes, surtout si cette décision est prise sans être basée sur des preuves concrètes et objectives", indique le communiqué.
Le président du Parlement Nabih Berry est entré en contact vendredi avec le chef de l'Etat Michel Sleiman afin de le remercier de sa position envers le Hezbollah.
L'inscription sur la liste entraînerait un gel des avoirs et l'interdiction de visa d'entrée dans l'UE pour les personnes concernées. Sa mise en oeuvre devrait toutefois être complexe en raison de l'imbrication entre la composante armée et le reste du mouvement, a indiqué un diplomate.
Les Etats-Unis considèrent le Hezbollah comme un mouvement terroriste et ne font "pas de distinguo entre ses ailes politique, militaire et terroriste", a récemment expliqué un porte-parole du Département d'Etat. "Les nombreuses branches et filiales du Hezbollah partagent une direction, des membres et un financement communs qui soutiennent tous des actions violentes du groupe", selon ce porte-parole, Patrick Ventrell.
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Qu'ils lui coupent déjà le Robinet des mollâhhhs Pers(c)és et ça suffira.... bahhh, basta !
17 h 58, le 20 juillet 2013