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À La Une - Egypte

Gouvernement de transition : Beblawi n'exclut pas les Ikhwane

Le Caire dénonce une "ingérence inacceptable" de l'Iran.

Des partisanes du président destitué Mohamed Morsi manifestent au Caire. AFP PHOTO / MAHMUD HAMS

Le nouveau Premier ministre égyptien Hazem Beblawi a affirmé jeudi ne pas exclure une participation des Frères musulmans au gouvernement de transition qu'il s'efforce de former, en dépit de la défiance des partisans de l'ex-président Mohamed Morsi.


Contacté par téléphone, M. Beblawi, désigné mardi, a indiqué à l'AFP qu'il réfléchissait toujours à la composition de son gouvernement, une semaine après l'éviction du président islamiste Mohamed Morsi par l'armée.
"Jusque-là je n'ai contacté personne", a-t-il relevé, expliquant vouloir identifier les meilleurs candidats sur "deux critères": "l'efficacité et la crédibilité". "Je ne me préoccupe pas de l'appartenance politique", a encore assuré cet ancien vice-Premier ministre et ministre des Finances de la première période de transition, après le départ d'Hosni Moubarak début 2011. Si "quelqu'un est proposé par le Parti de la liberté et de la justice (PLJ, bras politique de la confrérie islamiste) et que cette personne est qualifiée", sa nomination pourra être envisagée, a-t-il fait valoir.
Hazem Beblawi a ainsi relayé une offre évoquée par la présidence et rejetée dès mercredi par les Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, qui ont écarté toute possibilité de pactiser "avec des putschistes".


La tâche du nouveau chef du gouvernement, 76 ans, s'annonce d'ailleurs particulièrement ardue.
Sa première mission est de maintenir sur les rails le processus de transition politique édicté par le président intérimaire Adly Mansour, qui prévoit notamment l'adoption d'une nouvelle Constitution et la tenue de législatives d'ici début 2014.
Ce cadre institutionnel a là aussi été rejeté par les islamistes, et il est critiqué par les laïcs anti-Morsi, qui ont promis de présenter des amendements.

 

(Portrait : Adly Mansour, un juge peu connu du public à la tête de l’Égypte)


Dans la rue, le climat de grande tension persiste.
La défiance des islamistes pro-Morsi à l'égard des nouvelles autorités a été renforcée par le lancement mercredi d'un nouveau mandat d'arrêt contre le Guide suprême des Frères musulmans, Mohamed Badie, et d'autres responsables de la confrérie. Ils sont recherchés pour incitation à la violence lors des heurts qui ont fait 53 morts lundi devant le siège de la Garde républicaine au Caire.
L'enquête sur cet incident, le plus grave depuis le début de la crise, a déjà abouti à la mise en examen de 200 personnes -parmi les 650 interrogées-, pour avoir voulu forcer l'entrée du site militaire.
Dès lundi, les Frères musulmans avaient accusé des policiers et soldats d'avoir ouvert le feu, et dénoncé un "massacre". L'armée a assuré avoir répliqué à des "terroristes".

 

 

Un Copte décapité
Mercredi soir, après la rupture du jeûne du ramadan, des milliers de personnes ont rejoint les pro-Morsi installés devant la mosquée Rabaa al-Adawiya du Caire, dans le quartier de Nasr City, et ont prié pour les morts de lundi. Ils ont aussi promis de poursuivre le mouvement jusqu'au retour de leur "président".
Après plusieurs jours sans la moindre communication sur le sujet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a affirmé que Mohamed Morsi, arrêté dans la foulée de sa destitution, se trouvait "en lieu sûr". "Il est traité dignement" et ne fait "pour l'heure l'objet d'aucune poursuite", a-t-il ajouté.


Une centaine de personnes ont été tuées depuis que l'ex-chef de l'Etat a été déposé le 3 juillet par l'armée, après des manifestations massives.
Jeudi, un chrétien d'Egypte (Copte) a été retrouvé mort, décapité, dans le Sinaï. D'après une source de sécurité, il avait été enlevé par des "groupes extrémistes" samedi dernier, le jour même où un prêtre copte a été tué par des hommes armés. Le Sinaï (nord-est) connaît des problèmes de sécurité récurrents depuis la chute de Moubarak en 2011, et ceux-ci pourraient s'aggraver avec la crise actuelle, selon des experts.

 

(Lire aussi : Éviter l’Algérie en Égypte, le commentaire d'Álvaro de Vasconcelos, directeur des projets pour l’Initiative de réforme arabe)

 

Sur le plan diplomatique, l'Egypte a accusé jeudi l'Iran d'"ingérence inacceptable" dans ses affaires intérieures après les critiques iraniennes contre la destitution de Mohamed Morsi par l'armée.

L'Iran, avec lequel M. Morsi avait tenté un rapprochement, a déclaré lundi que l'éviction du président égyptien était une "source d'inquiétude" et laissait entrevoir que des "mains étrangères" étaient à l'oeuvre en Egypte.

 

L'Egypte a exprimé jeudi son "extrême mécontentement" face à ces déclarations qui reflètent, selon elle, "un manque de compréhension exacte de la nature des développements démocratiques que connaît l'Egypte".

"Cela constitue une ingérence inacceptable dans les affaires intérieures de l'Egypte", écrit le ministère des Affaires étrangères sur sa page Facebook.

 

Les relations entre l'Egypte et l'Iran se sont fortement dégradées après la révolution islamique à Téhéran en 1979, Le Caire ayant accueilli le shah après son renversement. Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a tenté de rapprocher les deux pays après son élection en 2012, malgré leurs désaccords, notamment sur la Syrie. Mahmoud Ahmadinejad a été en février le premier dirigeant iranien reçu au Caire depuis plus de trente ans.


Les Etats-Unis, un important soutien financier de l'Egypte -et en particulier de son armée-, ont pour leur part indiqué jeudi qu'ils allaient poursuivre la livraison de chasseurs F-16, achetés par Le Caire en 2010.
Mardi, après avoir exprimé ses craintes des violences, Washington avait dit être être "prudemment encouragé" par le calendrier des élections.

 

Enfin, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius s'est entretenu jeudi avec le vice-président égyptien Mohamed El Baradei, soulignant "la nécessité de refuser les violences" et un "retour le plus rapide possible à un processus électoral démocratique".

 

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Voir aussi notre dossier spécial : Égypte : le défi de l’opposition, transformer la mobilisation en effet politique

 

Le nouveau Premier ministre égyptien Hazem Beblawi a affirmé jeudi ne pas exclure une participation des Frères musulmans au gouvernement de transition qu'il s'efforce de former, en dépit de la défiance des partisans de l'ex-président Mohamed Morsi.
Contacté par téléphone, M. Beblawi, désigné mardi, a indiqué à l'AFP qu'il réfléchissait toujours à la composition de son...

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L'Egypte aussi pays arabe risque de connaitre une guerre civile avec l'Iran encore une fois en chef d 'orchestre. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

15 h 44, le 11 juillet 2013

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Commentaires (1)

  • L'Egypte aussi pays arabe risque de connaitre une guerre civile avec l'Iran encore une fois en chef d 'orchestre. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 44, le 11 juillet 2013

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