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À La Une - Egypte

Les Frères musulmans dans la ligne de mire de la justice égyptienne

Le nouveau Premier ministre entame ses consultations pour former un gouvernement de transition.

Dans les rues du Caire, des volontaires distribuent aux partisans des Frères musulmans de la nourriture gratuite pour l’iftar. Louafi Larbi/Reuters

Le procureur général égyptien a ordonné hier l’arrestation du guide suprême des Frères musulmans, Mohammad Badie, et d’autres hauts responsables de la confrérie, qui sont accusés d’incitation à la violence, après les heurts sanglants survenus lundi devant le siège de la garde républicaine au Caire, a-t-on indiqué de source judiciaire. Cette décision ajoute à la tension prévalant depuis l’éviction du président islamiste, Mohammad Morsi, il y a une semaine. M. Badie, qui était apparu publiquement vendredi dernier au Caire pour exhorter les partisans de M. Morsi à rester mobilisés « par millions », était déjà sous le coup d’un mandat d’arrêt.

Nouveau procureur
Peu avant cette annonce du parquet, un nouveau procureur général avait été nommé en remplacement de Abdel Méguid Mahmoud. « Le Conseil suprême de la justice a décidé d’approuver la nomination de Hicham Barakat », a annoncé une source judiciaire. Elle a ajouté que M. Mahmoud avait démissionné mardi. Personnalité controversée, Abdel Méguid Mahmoud avait été nommé à ce poste sous Hosni Moubarak, avant d’être démis en novembre 2012 par le président Mohammad Morsi, aujourd’hui déchu. Réintégré la semaine passée, il avait fait part quelques jours plus tard de son intention de démissionner, invoquant de possibles conflits d’intérêt dans de futures instructions.


En outre, d’après des sources judiciaires, 200 personnes, parmi les 650 interrogées pour avoir voulu forcer l’entrée du site militaire, ont été inculpées hier, notamment pour « meurtre ». Survenus lundi à l’aube, durant une manifestation de partisans de M. Morsi, ces heurts, les plus graves depuis le début de la crise, ont fait 53 morts et 480 blessés, selon un dernier bilan du ministère de la Santé. La confrérie, qui a appelé au « soulèvement » après ce « massacre », a accusé des soldats et des policiers d’avoir ouvert le feu sans aucune raison. L’armée a assuré avoir répliqué à une attaque de « terroristes armés ». Dans la rue, les deux camps, pro et anti-Morsi, restaient fortement mobilisés.

 

(Lire aussi : Éviter l’Algérie en Égypte, le commentaire d'Álvaro de Vasconcelos, directeur des projets pour l’Initiative de réforme arabe)


Pour leur part, Amnesty International et un collectif de 15 ONG locales ont critiqué un usage « disproportionné » de la force et réclamé une enquête indépendante. Quant à Mohammad Morsi, arrêté dans la foulée de sa destitution, il ne fait « pour l’heure l’objet d’aucune poursuite » judiciaire, a assuré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty. Il se trouve « en lieu sûr, pour sa propre sécurité, et il est traité dignement », a-t-il avancé.
Pendant ce temps, le nouveau Premier ministre, dont la nomination mardi soir a été accompagnée de celle de Mohammad el-Baradei à un poste de vice-président, devait tenter de former dans les meilleurs délais un gouvernement. Hazem Beblawi aura la lourde tâche de favoriser la réconciliation et de redresser l’économie, au bord de la faillite. La présidence a indiqué que M. Beblawi allait proposer « quelques postes » aux Frères musulmans, mais cette tentative de main tendue a été sèchement rejetée par la confrérie. « Nous ne pactisons pas avec des putschistes. Nous rejetons tout ce qui émane de ce coup » militaire, a ainsi déclaré Tareq al-Morsi. La confrérie a également dénoncé le plan de transition présenté par le président par intérim, Adly Mansour. Ce cadre institutionnel provisoire prévoit, entre autres, l’adoption d’une nouvelle Constitution et la tenue de législatives d’ici à début 2014. Dans l’attente, le pouvoir législatif reste entre les mains du président par intérim. Le Front de salut national (FSN), une coalition laïque, et le mouvement Tamarrod, à l’origine des manifestations de masse ayant abouti à l’éviction du président Morsi, ont eux-mêmes émis des critiques. La coalition est « en désaccord » avec « des articles » et « proposera » ses « propres amendements au président », a indiqué le FSN.



(Portrait : Adly Mansour, un juge peu connu du public à la tête de l’Égypte)

Des F-16 US
Par ailleurs, après les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, le Koweït a annoncé hier avoir accordé une aide de quatre milliards de dollars au Caire, portant à 12 mds USD le montant de l’assistance de ces trois pays du Golfe depuis l’éviction de M. Morsi. Quant aux États-Unis, dont le soutien financier à l’Égypte, et en premier lieu à son armée, avoisine les 1,5 milliard de dollars par an, ils ont dit être « prudemment encouragés » par le calendrier des élections. Cependant, Washington prévoit de livrer comme prévu quatre chasseurs F-16 supplémentaires à l’Égypte dans les prochaines semaines, ont indiqué des responsables américains. Huit autres F-16 devraient être livrés en décembre. Washington a déjà fourni 650 millions de dollars d’aide militaire à l’Égypte dans l’année fiscale 2013 se terminant en septembre. Quelque 585 millions de dollars devraient encore être attribués, a indiqué un responsable. Le porte-parole de la Maison-Blanche a, lui, estimé qu’il faudrait du temps pour déterminer si le renversement de Mohammad Morsi constitue ou non un coup d’État. Jay Carney a appelé l’armée égyptienne à faire preuve de retenue. « Nous évaluons actuellement la manière dont les autorités réagissent et gèrent la situation actuelle », a-t-il ajouté.


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