Rechercher
Rechercher

Liban - Le commentaire

1975-2013 : le détonateur change, le risque d’éclatement reste le même

Que l’attentat de Bir el-Abed soit un indicateur supplémentaire de la montée des tensions au Liban et dans la région, ou qu’il soit l’œuvre d’une force occulte chargée d’attiser les tensions confessionnelles entre sunnites et chiites, la question est la même : « Où va le Liban ? Quelle chance accorder aux efforts pour convaincre le Hezbollah de se désengager du terrain syrien et de revenir à une politique de distanciation convenue à l’unanimité? Quelle chance accorder aux efforts pour le convaincre qu’en s’engageant aux côtés de l’armée syrienne, il a pris un risque qui le dépasse et dont le Liban tout entier pourrait payer le prix ? »
La question doit être sérieusement posée. Le Hezbollah se croit en mesure d’assumer le risque de l’engagement militaire en Syrie, car il possède une couverture internationale pour le faire. Mais de quelle couverture dispose son allié intérieur, le Courant patriotique libre, pour prendre les mêmes risques ? De quelle légitimité politique ou populaire pourrait se prévaloir Michel Aoun pour exposer le Liban à des risques de déstabilisation permanente ?
Le Liban ne risque-t-il pas de commencer à servir de « caisse de résonance » à ce qui se passe en Syrie, au détriment de sa population civile et de sa propre vie nationale ? Et l’éclatement du Liban en mini-États consécutif à la prolifération des armes palestiniennes au début des années 70 ne risque-t-il pas de se reproduire aujourd’hui, avec comme détonateur, cette fois, l’implication du Hezbollah en Syrie ?
Le risque est réel, et pour certains, il est du devoir moral et politique de Michel Aoun de demander à son allié de revenir sur sa politique aventuriste. Ce faisant, il rendrait un immense service au Liban et aux Libanais, en contribuant notamment à la formation d’un « gouvernement d’union » qui aurait pour programme la déclaration de Baabda.
Si le Hezbollah rejetait l’appel au retrait que lui lancerait M. Aoun, ce dernier disposerait alors d’une plus grande marge de manœuvre pour nouer de nouvelles alliances et surtout, il serait quitte des retombées locales de l’encagement régional de son ancien allié.
« Vues de l’esprit, remèdes illusoires », assure une source diplomatique qui estime que seule l’issue de la guerre en Syrie est susceptible de modifier la donne dans un sens ou dans l’autre.
À ce déterminisme géopolitique où le Hezbollah a engagé le Liban, deux voies de sortie sont possibles. La première consisterait en une solution globale qui accorderait à l’Iran la capacité nucléaire et dont le prix serait son désengagement de la scène arabe. La seconde consisterait en un dialogue interne global entre les Libanais, comprenant d’abord la recherche d’un nouvel équilibre des pouvoirs locaux, qui accorderait à la communauté chiite un meilleur accès au pouvoir exécutif, ensuite une conversion historique des communautés chrétiennes, dont la vocation à la médiation triompherait de toute autre pesanteur sociologique et les pousserait à convaincre leurs alliés musulmans de la nécessité de dialoguer plutôt que de s’entre-tuer.
Que l’attentat de Bir el-Abed soit un indicateur supplémentaire de la montée des tensions au Liban et dans la région, ou qu’il soit l’œuvre d’une force occulte chargée d’attiser les tensions confessionnelles entre sunnites et chiites, la question est la même : « Où va le Liban ? Quelle chance accorder aux efforts pour convaincre le Hezbollah de se désengager du terrain syrien...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut