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À La Une - Egypte

Les Ikhwane haussent le ton : "Nous resterons dans la rue par millions"

Echange de tirs meurtrier entre l'armée et des manifestants pro-Morsi.

Le Guide suprême des Frères musulmans Mohamed Badie lors d'une manifestation pro-Morsi au Caire le 5 juillet 2013. Mahmud Hams/AFP

Le Guide suprême des Frères musulmans Mohamed Badie a affirmé vendredi que les partisans du président déchu Mohamed Morsi, issu de sa confrérie, resteraient mobilisés "par millions" et ne reconnaissaient pas "le coup d'Etat militaire" qui l'a renversé.

 

"Nous resterons dans les rues par millions jusqu'à ce que nous portions en triomphe notre président élu", a-t-il lancé devant un rassemblement d'islamistes, après que son mouvement a démenti son arrestation annoncée la veille par les services de sécurité. "Le coup d'Etat militaire n'est pas valide", a-t-il ajouté, un slogan repris par une foule de dizaines de milliers d'islamistes rassemblés sur la place Rabaa al-Aadaouiya, dans le faubourg de Nasr City au Caire.

 

"Je dis à notre grande armée (...): +ne tire pas sur ton peuple+", a-t-il poursuivi, après que trois manifestants pro-Morsi au moins ont été tués dans l'après-midi lors d'échange de tirs avec l'armée devant la Garde républicaine.

"Notre révolution est pacifique et le restera et si Dieu le veut notre pacifisme sera plus fort que les balles et les chars", a-t-il poursuivi.

"Les arrestations, la prison, la potence, rien ne nous dissuadera", a-t-il encore lancé, faisant référence à la vague d'arrestation et de mandats d'arrêt lancés contre des dirigeants de la confrérie après le coup militaire contre le président islamiste.

 

(Reportage : « Je suis prêt à me sacrifier pour le président Morsi et ma religion »)

 

"Nous avons déjà vécu sous un régime militaire et nous ne l'accepterons pas une nouvelle fois", a-t-il prévenu, faisant référence aux 16 mois durant lesquels l'armée avait pris les rênes de l'exécutif entre le départ de Hosni Moubarak, chassé par une révolte populaire en février 2011, et l'élection de M. Morsi en juin 2012.

 

Durant son discours, des hélicoptères militaires survolaient la foule à basse altitude. M. Badie a ensuite quitté l'estrade entouré d'un important service d'ordre.

 

Les islamistes ont lancé un "vendredi du refus" du "coup d'Etat militaire" et de "l'Etat policier" qui a arrêté de nombreux dirigeants des Frères musulmans, la confrérie dont est issu M. Morsi, lui-même toujours détenu par l'armée.

 

Vendredi, le président intérimaire Adly Mansour nommé par l'armée a dans son premier décret dissous la chambre haute dominée par les islamistes qui assure l'intégralité du pouvoir législatif. Il a également nommé un nouveau chef des renseignements.

Ces décisions pourraient faire à nouveau monter la tension d'un cran alors que les accrochages entre pro-Morsi et soldats et entre pro et anti-Morsi renforcent le climat de tension dans le pays profondément divisé.

 

(Portrait : Adly Mansour, un juge peu connu du public à la tête de l'Egypte)

 

Les troubles en Egypte ont déjà fait une cinquantaine de morts depuis le 26 juin dernier.

 

Alors que l'armée a appelé au rejet de la "vengeance" et à "la réconciliation nationale" dans un pays profondément divisé, de nouvelles violences ont éclaté jeudi. Dans la péninsule du Sinaï, un soldat a été tué et deux blessés dans des attaques simultanées de militants islamistes qui ont tiré à la roquette et à la mitrailleuse sur des postes de police et militaire, selon une source médicale.

 Des militants dans cette région ont publiquement menacé de commettre des violences en représailles à l'éviction du président islamiste, alors que des heurts entre pro et anti-Morsi ou dans des accrochages entre manifestants et forces de l'ordre ont par ailleurs fait ailleurs en Egypte plus de 50 morts depuis le début de manifestations le 26 juin.

Mercredi, à l'expiration d'un ultimatum de 48 heures, l'armée a désigné le président de la Haute cour constitutionnelle Adly Mansour comme dirigeant intérimaire du pays, écartant de fait M. Morsi, le premier président civil et islamiste d'Egypte, après des manifestations d'une ampleur inédites réclamant sa chute.
Lançant une période de transition à la durée non précisée avant la tenue d'élections présidentielle et législatives, Adly Mansour a prêté serment jeudi comme président intérimaire.

La feuille de route sur cette transition politique, rédigée par l'armée et négociée avec l'opposition et les principaux dignitaires religieux musulmans et chrétiens du pays, prévoit un gouvernement "doté des pleins pouvoirs" et dirigé par M. Mansour qui a reçu les félicitations de dirigeants arabes.

 

(Portrait : Morsi, du "président de tous les Egyptiens" à l'homme qui divise)

 

Pour le représentant de l'opposition Mohamed ElBaradei, l'intervention de l'armée pour faire partir M. Morsi était une "mesure douloureuse" mais nécessaire pour "éviter une guerre civile". L'armée n'a pas l'intention de diriger le pays, a-t-il dit à la BBC, promettant "un gouvernement civil sous une semaine".

 
La mise à l'écart de M. Morsi a été annoncée par le ministre de la Défense et chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort du pays. Le président déchu a ensuite été arrêté et emmené au siège du ministère de la Défense, après la diffusion d'un enregistrement vidéo dans lequel il s'est redit "le président élu d'Egypte".
Un haut responsable de l'armée a confirmé sa détention "de façon préventive", laissant entendre qu'il pourrait être poursuivi en justice.

 

En outre, le Guide suprême de la confrérie Mohamed Badie a été arrêté pour "incitation au meurtre de manifestants", son numéro 2 Khairat al-Chater est sous le coup d'un mandat d'arrêt, et le chef du Parti de Liberté et de la Justice, a été arrêté.


Elu en juin 2012, M. Morsi était accusé de tous les maux -administrations corrompues, dysfonctionnements économiques, tensions confessionnelles- par ses adversaires qui voyaient en lui un apparatchik islamiste inexpérimenté et avide de pouvoir, cherchant à placer ses partisans dans tous les rouages du pays.
Ses partisans, eux, soulignent que les problèmes du pays existaient avant son arrivée et défendent la "légitimité" de son élection.

 

(Chronologie : De la chute de Moubarak au renversement de Morsi)


Le coup de l'armée ouvre la voie à une délicate transition dans le plus peuplé des pays arabes, où l'armée avait pris durant 16 mois les rênes du pouvoir après la révolte populaire qui avait renversé Moubarak.

Embarrassé après le renversement du premier président démocratiquement élu d'Egypte même s'il était contesté par une grande partie du peuple, l'Occident continuait d'exprimer son inquiétude et Washington a demandé au pouvoir de ne pas procéder à des "arrestations arbitraires" à l'encontre de M. Morsi et ses partisans.

 

Enfin, le procureur général très controversé Abdel Méguid Mahmoud, nommé sous Hosni Moubarak, démis par M. Morsi puis réintégré en début de semaine, a fini par annoncer qu'il démissionnerait.

 

 

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Le Guide suprême des Frères musulmans Mohamed Badie a affirmé vendredi que les partisans du président déchu Mohamed Morsi, issu de sa confrérie, resteraient mobilisés "par millions" et ne reconnaissaient pas "le coup d'Etat militaire" qui l'a renversé.
 
"Nous resterons dans les rues par millions jusqu'à ce que nous portions en triomphe notre président élu", a-t-il lancé...

commentaires (7)

Ce sera, ou la Dictature Islamiste Intégriste, ou la "dictature" Révolutionnaire.... + ou - Laïque ! les "Militaires" n'auront aucun espace ce coup-ci.

Antoine-Serge KARAMAOUN

10 h 54, le 06 juillet 2013

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Commentaires (7)

  • Ce sera, ou la Dictature Islamiste Intégriste, ou la "dictature" Révolutionnaire.... + ou - Laïque ! les "Militaires" n'auront aucun espace ce coup-ci.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 54, le 06 juillet 2013

  • L'armée a tiré et a tué. Elle pouvait éviter ça. Ces dérapages pèseront lourd sur la suite des événements.

    Robert Malek

    03 h 50, le 06 juillet 2013

  • Je crains sérieusement un affrontement militaire entre l'armée et les salafistesetc... l'exemple algérien est encore vivace dans les esprits !!!

    Jaber Kamel

    18 h 36, le 05 juillet 2013

  • Dites donc...Erdo le Pluto a dit que la destitution de Morsi était contraire à la démocratie...Erdo le néo-ottoman qui voile sa femme a parlé...non,non,on ne rigole pas tous en même temps...go,go,Erdo....Erahl,erhal...manak chok güzel...retourne dans tes steppes...il dit la même chose que les fridolins...l'histoire se répète, décidemment...le goût inné de la dictature, sûrement...du ein reich,ein folk,ein führer...mais cassez vous,sales fascistes...raus,und schnell...

    GEDEON Christian

    17 h 21, le 05 juillet 2013

  • Belle histoire de pantins politiques . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    17 h 06, le 05 juillet 2013

  • Qu'ils manifestent leur colère pacifiquement, c'est légitime... après tout ils ont bien subit une sorte de coup d'état populaire et militaire. Les heures en Egypte ne pourront jamais revenir en arrière et ces islamistes ont aujourd'hui le choix entre la vengeance aveugle probable chez ces personnes qui porterait à une guerre contre l'armée et la société civile (l'objectif américano-sioniste du soutien aux faux frères musu) ou après avoir absorbé ce qui leur est arrivé, chercher la réconciliation au niveau national dans le respect de toutes les composantes du pays et de se consacrer aux prochaines élections qui auront incessamment lieu, pour le bien de tout l'Egypte.

    Ali Farhat

    14 h 21, le 05 juillet 2013

  • Ya morsi zîîîhh 3an el koursîîî !!!!!!

    Jaber Kamel

    12 h 43, le 05 juillet 2013

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