A sa victoire en juin 2012, Mohamed Morsi lance, place Tahrir, qu'il sera "le président de tous les Egyptiens" et le garant des idéaux démocratiques de la révolte qui fit tomber Hosni Moubarak. Un an plus tard, il laisse un pays profondément divisé avant d'être écarté par l'armée.
M. Morsi dénonce désormais un "coup d'Etat complet", après avoir affirmé la veille qu'il était prêt à "donner sa vie" pour défendre une "légitimité" acquise lors de la première élection présidentielle démocratique de l'histoire du pays.
Son allure ronde, ses manières simples et son parler compréhensible par tous avaient contribué à un certain état de grâce durant les premiers mois à la tête de l'Etat de cet ancien dirigeant du puissant mouvement des Frères musulmans.
Mais rapidement il apparaît à de nombreux Egyptiens comme avide de pouvoir, imbu d'idéologie politico-religieuse et cherchant à restaurer un régime autoritaire. Des manifestations massives ont lieu pour réclamer son départ.
Certains accusent cet homme de 61 ans de n'être qu'une marionnette de l'opaque bureau politique des Frères musulmans et le "mouton" de leur guide suprême, le très secret Mohamed Badie.
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L'humoriste le plus célèbre d'Egypte, Bassem Youssef, le brocarde chaque semaine dans un show télévisé ultra-populaire, au grand dam du pouvoir. Et les manifestants lui renvoient le même slogan que celui utilisé deux ans plus tôt lors de la révolte contre Hosni Moubarak : "dégage!"
Ses partisans soulignent en revanche qu'il est le premier civil à accéder à la présidence, et qu'il puise sa légitimité dans les urnes. Les problèmes auxquels il doit faire face -administrations corrompues, dysfonctionnements économiques, tensions confessionnelles- ne datent pas de son arrivée, rappellent-ils.
Se déplaçant fréquemment à l'étranger, il cherche à mieux intégrer l'Egypte parmi les grands pays émergents -Chine, Brésil...-, tout en ménageant les Occidentaux -tout particulièrement les Etats-Unis, alliés de longue date de l'Egypte à qui il assure que le traité de paix avec Israël ne sera pas remis en cause.
M. Morsi avait été surnommé la "roue de secours" pour avoir remplacé au pied levé pour la présidentielle le premier choix de la confrérie, le richissime financier des Frères musulmans Khaïrat al-Chater, dont la candidature avait été invalidée.
Sur la défensive lors de ses premières apparitions publiques, il n'avait, aux yeux de nombreux experts, pas le profil d'un favori pour la présidence. Mais au fil de la campagne, il a pris de l'assurance et du mordant, et bénéficié de l'immense réseau militant des Frères musulmans face à son rival, l'ex-Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq.
En août 2012, il a mis au pas l'institution militaire qui avait placé son gouvernement sous tutelle, en envoyant à la retraite le puissant maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées.
Issu d'une famille modeste du gouvernorat de Charqiya, dans le delta du Nil, M. Morsi est diplômé d'ingénierie de l'Université du Caire en 1975 et a obtenu en 1982 un doctorat de l'Université de Caroline du Sud aux Etats-Unis. Il est marié et a cinq enfants.
Député de 2000 à 2005, il est emprisonné en 2006 pendant sept mois. En 2010, il devient porte-parole et membre du bureau politique des Frères musulmans. Il fait à cette époque des déclarations antisémites qui ont ressurgi récemment dans la presse. Washington les a vivement condamnées, mais M. Morsi les juge "sorties de leur contexte".
Il avait été à nouveau brièvement emprisonné le 28 janvier 2011, trois jours après le début de la révolte contre M. Moubarak. Il avait ensuite dirigé un temps le Parti de la liberté et de la justice, la vitrine politique des Frères musulmans.
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commentaires (6)
PAUVRE MORSI ! RENVOYÉ SANS UN MERCI !
SAKR LOUBNAN
09 h 10, le 05 juillet 2013