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À La Une - Coup d'Etat

Egypte : le président par intérim promet d'être le "garant des intérêts du peuple"

Morsi détenu par l'armée ; les dirigeants des Frères musulmans arrêtés.

Des avions militaires égyptiens survolent le Caire le 4 juillet 2013. REUTERS/Louafi Larbi

Un magistrat peu connu choisi par les militaires, Adly Mansour, a prêté serment jeudi comme président par intérim de l'Egypte, remplaçant l'islamiste Mohamed Morsi renversé par l'armée qui le détient.
Âgé de 67 ans, M. Mansour, président de la Haute cour constitutionnelle, a promis de "protéger le système républicain" et d'être le "garant des intérêts du peuple" dans une brève allocution. 

 

Le président par intérim a ensuite rendu hommage au peuple égyptien, aux médias, aux militaires et aux forces de police. "Un hommage au peuple égyptien qui, le 30 juin, a corrigé la trajectoire de sa glorieuse révolution", a précisé M. Mansour en référence aux manifestations massives qui ont débuté dimanche, pour le premier anniversaire de l'investiture du président déchu.


(Portrait : Adly Mansour, un juge peu connu du public à la tête de l'Egypte)

La chute du régime de M. Morsi, élu en juin 2012 à la première présidentielle démocratique de l'histoire du pays, met un terme à un an de pouvoir islamiste marqué par des crises à répétition et une forte contestation populaire.

Elle ouvre cependant la voie à une délicate transition dans le plus peuplé des pays arabes, où l'armée a lancé une vaste opération contre les Frères musulmans dont est issu l'ex-chef d'Etat, accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer un régime autoritaire au profit de la confrérie.



M. Morsi et sa garde rapprochée sont détenus par l'armée. Le Guide suprême de la confrérie Mohamed Badie a été arrêté à Marsa Matrouh (nord-ouest) pour "incitation au meurtre de manifestants" (qui protestaient dimanche devant le siège de la confrérie), son numéro 2 Khairat al-Chater est sous le coup d'un mandat d'arrêt, et le chef du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique du mouvement islamiste, a également été arrêté.

Un haut responsable de l'armée a confirmé la détention "de façon préventive" de M. Morsi, laissant entendre qu'il pourrait être poursuivi, alors que la justice le convoque lundi à un interrogatoire pour "insulte à l'institution judiciaire" et que d'autres charges pourraient être retenues contre lui.

Les Frères musulmans ont réagi en dénonçant un "Etat policier", et les islamistes ont appelé à manifester en masse et "pacifiquement" pour un "vendredi du refus", faisant craindre un nouveau bras de fer.

 

 

C'est le général Abdel Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort du pays, qui a annoncé la mise à l'écart de M. Morsi. REUTERS/Louafi Larbi

 


Réactions contrastées

La mise à l'écart d'un président démocratiquement élu par l'armée, qui a aussi suspendu la Constitution pour une période transitoire non précisée, a créé un certain embarras à l'étranger et suscité des réactions contrastées.

Si les capitales ont évité de parler de "coup d'Etat", le président américain Barack Obama a appelé à réexaminer l'importante aide militaire à l'Egypte, la Russie a exhorté les camps rivaux à "la retenue" et l'Europe a insisté sur la tenue rapide d'une présidentielle.

M. Mansour a en outre reçu des félicitations de plusieurs dirigeants arabes en tête desquels l'Arabie saoudite, mais la Turquie a jugé antidémocratique le renversement de M. Morsi.

Sur la place Tahrir au Caire qui a fêté toute la nuit avec des feux d'artifice le renversement de M. Morsi, il restait quelques petits groupes de manifestants alors que des haut-parleurs diffusaient de la musique patriotique.
Les célébrations des anti-Morsi, rappelaient celles observées lors de la chute de Hosni Moubarak en février 2011, dans le sillage du Printemps arabe lancé en Tunisie.

Le président tunisien Moncef Marzouki, dont le pays est dirigé par un gouvernement islamiste, a estimé qu'il n'y avait pas de risque de contagion, appelant toutefois à faire "attention" aux attentes du peuple.

 


(Portrait : Morsi, du "président de tous les Egyptiens" à l'homme qui divise)


"L'Egypte est de retour"
"Le président chassé par la légitimité populaire", "l'Egypte est de retour", a titré la presse gouvernementale et indépendante. En revanche, le journal des Frères musulmans titrait sur les manifestations pro-Morsi.

Les événements se sont précipités depuis lundi au lendemain de manifestations sans précédent, émaillées de violences meurtrières, contre M. Morsi.

 

Après l'expiration d'un ultimatum de 48 heures lancé par l'armée et face à la persistance du président à rester au pouvoir, c'est son ministre de la Défense et chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, le nouvel homme fort du pays, qui a annoncé sa mise à l'écart.

Les forces de sécurité l'ont ensuite arrêté et emmené au siège du ministère de la Défense, après la diffusion d'un enregistrement vidéo dans lequel M. Morsi, qui fut le premier président civil et islamiste du pays, s'est redit "le président élu d'Egypte" et a dénoncé un "coup d'Etat complet".



La place Tahrir a fêté toute la nuit avec des feux d'artifice le renversement de M. Morsi. AFP PHOTO / KHALED DESOUKI


Ce coup de force fait craindre de nouvelles violences, alors que les heurts depuis le 26 juin ont coûté la vie à 57 personnes, dont dix morts mercredi soir lors d'accrochages entre des pro-Morsi et les forces de l'ordre et entre pro et anti-Morsi.

Le ministère de l'Intérieur a averti qu'il répondrait "fermement" aux troubles et des blindés ont été déployés la veille au Caire.

 

(Chronologie : De la chute de Moubarak au renversement de Morsi)

La feuille de route sur la transition politique a été rédigée par l'armée, qui avait pris les rênes de l'exécutif durant 16 mois entre la chute de Moubarak et l'élection de Morsi. Elle a toutefois fait l'objet de tractations avec l'opposition et les principaux dignitaires religieux musulmans et chrétiens du pays.
Les consultations pour la formation d'un gouvernement "doté des pleins pouvoirs" qui sera dirigé par M. Mansour, ont commencé, selon l'opposant Amr Moussa.

 

M. Morsi était accusé de tous les maux du pays -administrations corrompues, dysfonctionnements économiques, tensions confessionnelles- par ses adversaires qui voyaient en lui un apparatchik islamiste inexpérimenté, cherchant à placer ses partisans dans tous les rouages du pays et à restaurer, sous un habillage idéologique différent, le système autoritaire d'autrefois.
Ses partisans, eux soulignent que les problèmes auxquels il faisait face ne datent pas de son arrivée. Ils ont manifesté eux aussi massivement et plusieurs ont estimé qu'il avait été "trahi".


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commentaires (9)

C'était le Joker de l'Armée et des Américains ce "juge" !

Antoine-Serge KARAMAOUN

00 h 43, le 05 juillet 2013

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Commentaires (9)

  • C'était le Joker de l'Armée et des Américains ce "juge" !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    00 h 43, le 05 juillet 2013

  • Tout dépend de ce qu'il entend par "intérêts du peuple", si c'est sa vision des intérêts du peuple ou celle du peuple. Il faut surtout qu'il promette qu'il écoutera son peuple, ce qu'aucun dirigeant arabe ou iranien ou russe ou syrien ou chinois ou... etc. n'a su faire jusqu'à présent. Tous ces dirigeants atteints de surdité aiguë et d'égo incommensurable, tous dictateurs et assassins, doivent disparaître et libérer les femmes et les hommes de leurs pays.

    Robert Malek

    17 h 26, le 04 juillet 2013

  • Oh putain...Hollande s'est précipité en Tunisie pour dire à l'islamiste fou Ghannouchi de tenir le coup...peut-être même qu'il va lui proposer le "savoir-faire" français en matière de répression,comme MAM...c'est la panique à bord..next stop,Tripoli,Lybia...Good morning Vietnam..en Afrique du Nord...mais qu'est ce qu'ils peuvent être cons alors...où il est le brushingué avec chemise blanche ouverte sur poitrail avantageux...le tout petit ,tout petit BHL...gageons qu'il est plus Henri que Lévy en ce moment...quand je pense que ce clown ridicule a joué les premiers rôles avec rase-mottes sur l'affaire libyenne!ERHAL ya Ghannouchi,ERHAL...les peuples arabes ne veulent plus de vous...rigolos...Elhak Morsi...dehors les fous! Dégagez, les théocrates... les gens ne veulent plus de vous. Vous les faites braire...allez vous faire voiler ailleurs...tarés!

    GEDEON Christian

    16 h 25, le 04 juillet 2013

  • Militaires et dictateurs peuvent seulement diriger l'Egypte en faillite . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 53, le 04 juillet 2013

  • On voit hollandouille vite dépêché à Tunis pour sauver les meubles de ce qui reste du qatarisme politique. mais là aussi ghannouchi va erhaler , comme toute pièce rapportée, Nshallah !

    Jaber Kamel

    15 h 48, le 04 juillet 2013

  • Seuls les obtus obstinés primitifs ne comprendront jamais que le monde bouge et que les lignes fixées naguère par l'occident décadent seront balayées par la volonté des peuples épris de justice, une notion qui n'existe pas encore chez nous, mais en voie de devenir. Bientôt Nshallah !

    Jaber Kamel

    15 h 12, le 04 juillet 2013

  • Vive le peuple arabe d'Egypte qui a répudié le totalitarisme islamique au pouvoir ( les arabo-islamiques qui pensent imiter le miracle Iranien, il faudra qu'ils sachent faires des miracle!). Faut-il rappeler que les mêmes souteneurs de morsi et frères musu sont les mêmes qui soutiennent les bandes armées cannibales et les pseudo-révolutionnaires en Syrie et ailleurs dans le monde islamique. Notre joie sera complète lorsque nous verrons les peuples du golfe (bravo au bahreïnis!!) se soulever contre les familles régnantes, suceuses des richesses nationales, sans partage ni AUCUNE forme de démocratie (ahh l'avidité et l'ultra-pragmatisme des occidentaux qui leur font oublier le minimum appliqué dans leur propres pays!! Et si leurs peuples avaient conscience de la vérité fort occultée!!).

    Ali Farhat

    14 h 48, le 04 juillet 2013

  • Le peuple égyptien veut être libre, et il le sera. Que les peuples syrien, iranien, russe, chinois, nord-coréen, bref, tous les peuples que les mercenaires du Hezbollah protègent corps et âmes, s'inspirent de la détermination des Egyptiens qui n'ont besoin d'aucune influence.

    Robert Malek

    13 h 54, le 04 juillet 2013

  • Pourvu qu'il applique à la lettre ce que les révolutionnaires ont dans la tête. CAD s'éloigner de la politique imposée par l'occident pour les intérêts d'israel, un point c'est tout !!!

    Jaber Kamel

    13 h 21, le 04 juillet 2013

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