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Moyen Orient et Monde - Éclairage

L’opposition égyptienne veut retrouver le souffle de la révolution

Morsi a toujours de nombreux partisans et ces derniers entendent le rappeler dès vendredi en entamant une série de manifestations de soutien.

Face au mécontentement, Mohammad Morsi réclame du temps. Egyptian Presidency/AFP

L’Égypte est-elle à la veille d’une nouvelle révolution ? C’est ce que des millions d’Égyptiens semblent espérer. Signataires d’une pétition qui demande la démission du président Mohammad Morsi, ils comptent revenir sur la place Tahrir le 30 juin, premier anniversaire de son élection, pour l’en convaincre. Leur mot d’ordre est sans ambiguïté : « Tamarud, rébellion ! »


Malgré le mécontentement provoqué par sa gestion politique et économique, le chef de l’État issu des Frères musulmans a cependant toujours de nombreux partisans et ces derniers entendent le rappeler dès vendredi en entamant une série de manifestations de soutien. Dans une Égypte minée par l’instabilité et les explosions de violence sporadiques depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, cette confrontation est potentiellement explosive.
Au Caire, le 30 juin est dans toutes les conversations, la Bourse bat de l’aile et l’armée et les forces de sécurité disent se préparer à faire face à toute éventualité. « Il y a un grand risque de violences », résume le général à la retraite Sameh Seif al-Ghazal. « Cela peut démarrer d’un côté comme de l’autre. » Difficile de prédire l’issue de ce face-à-face entre les islamistes, qui détiennent presque tous les leviers du pouvoir, et une agrégation de libéraux, de chrétiens et de laïcs inquiets de l’islamisation du pays, mais aussi de partisans de l’ancien régime et de victimes de la crise économique.

 « La révolution n’est pas terminée »
Certains opposants espèrent en tout cas qu’il donnera un nouveau souffle à la « révolution du Nil », qu’ils accusent les islamistes d’avoir confisquée. « Cette révolution n’est par terminée », a assuré récemment le Prix Nobel de la paix Mohammad el-Baradei, un des chefs de file du mouvement Tamarud, dont les militants affirment avoir recueilli pour leur pétition presque autant de signatures que Mohammad Morsi de voix lors de son élection, soit 13 millions. « Nous appelons tous les Égyptiens à descendre dans la rue le 30 juin pour nous libérer des islamistes et reprendre en main notre révolution », a-t-il expliqué.


Au-delà des opposants, cet appel pourrait trouver un écho chez les millions de pauvres dont les conditions de vie se sont encore dégradées depuis deux ans, conséquence notamment de la chute des revenus du tourisme et de la hausse des prix des produits de première nécessité. « Nous ne voulons pas de Morsi, nous voulons du changement », lance Oum Sultan, qui tient avec son fils un petit magasin de jus de fruits dans la vieille ville du Caire. « Ils doivent nous donner de l’argent pour que nos enfants puissent vivre », réclame-t-elle, alors que le gouvernement, confronté à un effondrement des réserves de devises et sous pression du Fonds monétaire international (FMI), qui négocie l’octroi d’un prêt de 4,8 milliards de dollars, est poussé à réduire les subventions sur l’essence ou le pain.
Selon un sondage Zogby publié lundi, seuls 28 % des Égyptiens considèrent encore que l’élection de Mohammad Morsi a été une bonne chose, ou au moins que ce résultat est légitime, contre 57 % il y a un an.

L’armée en embuscade
« Le mouvement Tamarud traduit la réaction de la population à l’incapacité des Frères musulmans et de Morsi à diriger le pays », estime le politologue Hassan Nafaa, lui-même engagé au sein de l’opposition libérale. « Il n’a pas laissé d’autre choix aux gens que de descendre dans la rue, et c’est ce qu’ils vont faire, en masse », promet-il.
Face au mécontentement, Mohammad Morsi réclame du temps et, à l’instar du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, invoque la légitimité des urnes pour dénoncer les attaques « absurdes et illégitimes » qu’il attribue aux « fellouls », les fidèles de Hosni Moubarak. Les partisans du président égyptien peuvent se consoler à la lecture du sondage Zogby en constatant qu’aucun autre groupe politique n’est plus populaire qu’eux.


Alors que l’armée, qui a géré le pays jusqu’à l’été dernier et que nombre d’Égyptiens aimeraient voir revenir aux affaires, assure ne plus vouloir se mêler de politique, tout en se disant prête à intervenir si la situation dégénère, les Frères musulmans ont aussi reçu le soutien des autres mouvances islamistes, notamment salafistes. « Si Morsi est renversé par la violence ou par un coup d’État, il y aura une révolution islamique », menace al-Ghaddafi Abdel Razek, le coordinateur de la campagne pro-Morsi, qui dit avoir recueilli 7 millions de signatures de soutien au chef de l’État. « Nous avons aussi nos hommes au sein de l’armée et de la police, et nous sommes prêts », affirme cet ancien membre de la Gama’a al-Islamiya, le principal groupe islamiste armé égyptien dans les années 1990, dont un dirigeant a été nommé lundi gouverneur de Louxor. « Nous savons que si Morsi tombe, nous irons tous en prison. »

 

 

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