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À La Une - Humanitaire

« Je pourrais devenir criminel pour nourrir mes enfants... », dixit le réfugié syrien

Le village de Almane et l’école publique de Bayssour accueillent de concert des réfugiés syriens. Les conditions sont différentes, mais les difficultés sont les mêmes. Deux situations qui montrent la terrible incapacité du Liban à gérer l’afflux quotidien de réfugiés sur son territoire.

À Almane, petit village perché dans le Chouf (Iqlim el-Kharroub), une douzaine de familles syriennes ont planté leurs abris de fortune. Leurs histoires sont celles de centaines de milliers d’autres réfugiés, leur misère aussi.
À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, une délégation de diplomates de l’Union européenne est venue sur place pour évaluer les difficultés de ces familles. Angelina Eichhorst, la chef de la Délégation européenne au Liban, est habituée à ce genre de déplacements. Une énième fois, elle constate tristement : « Ces gens sont dans une situation d’urgence. Beaucoup d’enfants ici ont besoin de soins spécialisés. Et aucun n’est scolarisé alors que l’école est la meilleure des protections », affirme-t-elle.

Une situation presque banale
Le camp, financé par l’UE, ressemble à toutes les autres installations réservées aux réfugiés qui parsèment le pays. Construites à la hâte, les « maisons » sont en bois, en tôle ou en plastique. Chaque habitation, petite, comporte une ou deux pièces à 100 $ l’unité. Les plus chanceux, eux, se sont installés dans les immeubles avoisinants, sans vitres aux fenêtres ou couche de peinture sur les murs.

 

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Dans l’unique ruelle du village miniature, Mohammad Idriss fume une cigarette avec quelques amis, le regard tourné vers les journalistes et les diplomates qui s’affairent tout autour de lui. « Je ne veux pas rester ici. Mais mon nom est le même que celui d’un officier de l’Armée syrienne libre. Je ne peux pas retourner là-bas. » Dans sa vie syrienne, Mohammad était coiffeur à Idleb. Aujourd’hui, il est endetté. « Le propriétaire du terrain a doublé le prix du loyer depuis que nous sommes arrivés. J’ai emprunté de l’argent à des cousins en Syrie et au Liban mais ça ne pourra pas continuer éternellement. Pour survivre, peut-être qu’un jour je devrais avoir recours au crime pour subvenir aux besoins de ma famille. » Père de deux petites filles en bas âge, il a commencé à recevoir de l’aide il y a quatre mois, deux mois après avoir été enregistré auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Une situation banale pour Arnaud Fratani, coordinateur de l’ONG Première Urgence. « Ici c’est un site relativement facile. Mais face au nombre croissant de réfugiés, on s’oriente de plus en plus vers de l’urgence, de l’assistanat », déplore-t-il.

 

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À chacun ses problématiques
À quelques dizaines de kilomètres, l’école publique de Bayssour (caza de Aley) a elle aussi son lot de réfugiés. Sur 394 élèves, 370 sont Syriens. Le directeur, Mazen Melhab, fait de tout pour intégrer au mieux les nouveaux arrivants. « On prépare des programmes en prenant en compte les différences individuelles. Les élèves libanais et syriens travaillent ensemble. Nous avons mis en place deux parcours : l’un pour les réfugiés enregistrés, l’autre pour les non-enregistrés. »


Les équipes pédagogiques, composées de travailleurs sociaux, de professeurs et d’animateurs y dispensent des cours d’arabe, d’anglais et de mathématiques. Magida Malaeb est l’une des animatrices de l’école. « Les enfants, qu’ils soient libanais ou syriens, s’entraident beaucoup. Ils apportent énormément les uns aux autres. C’est bon pour eux », sourit-elle. Malgré une situation stable pour le moment, Magida reste anxieuse. « Les enfants syriens viennent de toute la région. Ce matin encore, nous avons dû refuser une dizaine de nouveaux élèves, faute de place », s’alarme-t-elle.
À la fin de sa tournée, Ninette Kelly, la représentante régionale du Haut- Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, a souligné « que ce que fait le Liban pour les réfugiés syriens depuis deux ans et encore aujourd’hui est vraiment remarquable ». Jusqu’à quand ?

 

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