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À La Une - Présidentielle

Les Iraniens élisent le successeur de Mahmoud Ahmadinejad

Les candidats appellent au calme en attendant les résultats, qui devraient être communiqués aujourd’hui.

Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, qui ne peut pas briguer un troisième mandat consécutif, déposant son bulletin de vote dans l’urne. Photo AFP

Les six candidats à l’élection présidentielle iranienne ont appelé hier soir leurs partisans au calme, en attendant l’annonce des résultats du scrutin qui a connu une forte mobilisation du camp réformateur unifié face à des conservateurs divisés.

Dans un communiqué commun, les représentants des six candidats ont fait part de « rumeurs » sur « l’organisation de fête de victoire », demandant « au peuple de ne pas y prêter attention et d’éviter tout rassemblement avant l’annonce des résultats officiels ». En 2009, l’annonce de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad dès le premier tour avait provoqué des heurts entre police et partisans des deux candidats réformateurs, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, puis plusieurs semaines de manifestations de masse qui dénonçaient des fraudes massives. Le mouvement avait été sévèrement réprimé par le pouvoir et les deux ex-candidats sont en résidence surveillée depuis 2011.

L’ouverture des bureaux de vote a été plusieurs fois prolongée en fin de journée en raison de l’affluence, a annoncé le ministère de l’Intérieur. La plupart ont fermé à 22h00 (17h30 GMT), mais ceux de la province de Téhéran sont restés ouverts jusqu’à 23h00, soit cinq heures plus tard qu’initialement prévu, a précisé le ministère. Le décompte des voix a d’ores et déjà commencé dans les villes de province. Le taux de participation et les premiers résultats partiels devraient être communiqués ce matin. Le Conseil des gardiens de la Constitution, chargé de superviser le scrutin, a prévenu que personne n’avait « le droit de se déclarer vainqueur avant ». En 2009, le taux de participation avait officiellement atteint 85 %. Quelque 50,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour élire le successeur du président Ahmadinejad qui ne peut pas briguer un troisième mandat consécutif, ainsi que leurs conseillers municipaux. Un second tour aura lieu le 21 juin si aucun des six candidats n’obtient plus de 50 % des voix.

(Pour mémoire : L’Iran, en état de « faillite », prépare des mesures draconiennes)

Malgré la chaleur, les électeurs ont formé toute la journée de longues queues devant plusieurs bureaux de vote de Téhéran. L’un des premiers à voter, le guide suprême Ali Khamenei a appelé à la mobilisation pour « la prospérité et le bonheur du pays ». La course semble se jouer entre Hassan Rohani, un religieux de 64 ans et candidat unique des modérés et réformateurs, et trois conservateurs qui ont refusé de former des alliances : l’ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati, le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili. « Ne pensez pas qu’en ne vous déplaçant pas, vous allez régler un quelconque problème », a dit M. Rohani après avoir voté à Téhéran, tandis que M. Velayati appelait « tous les Iraniens à voter ». Pour le camp réformateur, l’enjeu était de mobiliser les abstentionnistes, ceux qui avaient manifesté contre la réélection de M. Ahmadinejad puis juré de ne plus participer à un scrutin qu’ils estimaient joué d’avance.

À la mosquée de la place Tajrish, un quartier huppé du nord de Téhéran, Élias, un réformateur de 48 ans, a estimé que M. Rohani était « le plus apte à diriger le pays » pour réduire l’inflation et faire baisser les prix. La majorité des électeurs avait la même préoccupation : la crise économique, qui se traduit par une hausse du chômage, une inflation supérieure à 30 % et une dépréciation du rial de près de 70 %. La crise a été provoquée par les sanctions internationales décrétées contre le programme nucléaire iranien. Dans une mosquée du sud de Téhéran, bastion conservateur, Sedayat, un séminariste de 27 ans, a affirmé avoir voté Jalili car il était « en accord avec les recommandations du guide suprême ». « Sa fermeté face à l’Occident ne veut pas dire que nous aurons le ventre vide », a-t-il assuré. Saïd Jalili, représentant de M. Khamenei dans les négociations nucléaires, refuse toute « concession » aux grandes puissances malgré les effets des sanctions. M. Rohani, au même poste sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami, prône plus de souplesse.

Les autorités ont annoncé que 205 journalistes étrangers, dont des Occidentaux, avaient été accrédités pour couvrir l’élection. Mais le Canada avait affirmé que seuls 3 % des visas demandés par la presse avaient été accordés et le groupe de radiotélévision britannique BBC a accusé Téhéran « d’intimidations » sans précédent contre les familles en Iran de ses employés. À l’étranger, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme en Iran, Ahmad Shaheed, a estimé que le scrutin n’était pas « libre et équitable » et Washington a dénoncé un « manque de transparence ».

 

 

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