L'aéroport international de Damas a été jeudi la cible d'une rare attaque au mortier par les rebelles, a annoncé le ministre syrien des Transports Mahmoud Saïd, cité par les médias officiels.
"Un obus s'est abattu à la périphérie de l'aéroport près du tarmac, retardant l'atterrissage de deux avions en provenance de Lattaquié (nord-ouest) et du Koweït et le décollage d'un avion pour Bagdad", a dit le ministre en accusant "les terroristes", terme par lequel le régime désigne les rebelles.
"Aucun des passagers n'a été blessé", a-t-il précisé, indiquant que l'autre obus "est tombé près d'un entrepôt, blessant un ouvrier". L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a rapporté de son côté une attaque à la roquette, sans faire de victimes.
Les rebelles ont par ailleurs pris le contrôle d'une position stratégique de l'armée à mi-chemin entre Damas et Alep (nord), tuant six soldats et s'emparant d'armes et de munitions. "Cette position est importante parce qu'elle se situe sur la principale route d'approvisionnement de l'armée vers Alep", a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les médias pro-régime avaient affirmé dimanche que les troupes gouvernementales se préparaient à l'assaut de cette métropole du nord pour y écraser la rébellion.
(Pour mémoire : L'armée syrienne sur le point de lancer la bataille d'Alep)
Assaut sur Husseiniyé
Sur un autre front, l'armée et le Hezbollah libanais ont pris d'assaut le village de Husseiniyé, dans la province de Homs (centre), "où ils pourchassent encore les rebelles", selon l'OSDH.
Husseiniyé se situe près de la région de Qousseir, tombée début juin aux mains de l'armée grâce notamment au Hezbollah, une participation dénoncée par les pays occidentaux et du Golfe et qui exacerbe les tensions confessionnelles en Syrie, pays à majorité sunnite, et au Liban.
En plus des poches rebelles en Syrie, les hélicoptères du régime ont bombardé mercredi Ersal, une localité libanaise qui selon les experts sert de relais pour l'acheminent d'armes et de rebelles. Paris et Washington ont dénoncé cette attaque à laquelle l'armée libanaise a assuré vouloir riposter si elle se répétait.
(Eclairage : Le chaos laisse le terrain libre aux extrémistes en Syrie)
Par ailleurs, d'influents oulémas sunnites venant de plusieurs pays arabes dont l'Arabie saoudite et l'Egypte ont appelé jeudi à mener le jihad en Syrie contre le régime "confessionnel" de Bachar el-Assad.
Cet appel a été lancé lors d'un congrès au Caire, à l'initiative de la Ligue des oulémas musulmans, qui a rassemblé des oulémas de confession sunnite de plusieurs pays et institutions, dont notamment celle d'al-Azhar en Egypte.
"Il faut mener le jihad pour venir en aide à nos frères en Syrie, en leur apportant entre autres argent et armes et en fournissant toute aide susceptible de sauver le peuple syrien de l'emprise de ce régime confessionnel", affirme un communiqué lu par le cheikh salafiste égyptien Mohammed Hassan, au terme de la réunion.
"L'agression flagrante du régime iranien, du Hezbollah et de leurs alliés confessionnels en Syrie constitue une guerre déclarée à l'islam et aux musulmans", est-il écrit dans le texte.
Ils ont aussi demandé l'arrêt de toute coopération avec les pays soutenant le régime, comme la Chine, la Russie et l'Iran et le boycott des produits iraniens.
Nouvelle réunion en Turquie entre occidentaux et l'opposition syrienne
Face aux récentes victoires de l'armée syrienne sur les rebelles, une rencontre est prévue samedi en Turquie entre des représentants des pays alliés de l'opposition et le chef du Conseil militaire suprême de l'armée syrienne libre Sélim Idriss pour discuter d'une "mise en oeuvre concrète" de l'aide à la rébellion. Il a besoin d'"argent, de munitions et d'armes" pour asseoir son leadership et gagner en crédibilité auprès des combattants sur le terrain, selon une source occidentale.
Depuis la chute de Qousseir, Washington, Paris, Londres, Ankara, Ryad, multiplient rencontres et contacts pour aider les rebelles. "Il faut qu'on puisse arrêter cette progression, avant Alep", avait souligné mercredi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.
En outre, Washington a annoncé mercredi un allègement ciblé de leurs sanctions commerciales contre la Syrie au profit des zones contrôlées par l'opposition.
L'ONU dénonce des "tueries incessantes"
Plus de 93.000 personnes, dont au moins 6.500 enfants, ont été tuées depuis le début de la guerre civile en Syrie en mars 2011, a, par ailleurs, annoncé jeudi l'ONU dans un rapport soulignant une forte augmentation du nombre de morts chaque mois.
"J'exhorte les parties à déclarer un cessez-le-feu immédiat, avant que des dizaines de milliers de personnes soient encore tuées ou blessées", a déclaré la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay.
"Les tueries incessantes se poursuivent à des niveaux outrageusement élevés, avec plus de 5.000 décès documentés chaque mois depuis juillet et 27.000 décès supplémentaires depuis le 1er décembre", a-t-elle précisé, soulignant que le nombre réel de personnes tuées pourrait être beaucoup plus élevé.
Le plus grand nombre de décès documentés a été enregistré dans les régions de la périphérie rurale de Damas (17.800) et de Homs (16.400), suivi des régions d'Alep (11.900), d'Idlib (10.300), de Deraa (8.600), de Hama (8.100), de Damas (6.400) et de Deir Ezzor (5.700).
La très grande majorité des cas documentés par l'ONU sont des hommes, mais les experts n'ont pas réussi à établir une distinction entre combattants et civils.
L'âge des victimes ne figure pas dans environ trois quarts des décès signalés. Mais l'ONU a réussi à documenter les décès d'au moins 6.561 mineurs, dont au moins 1.729 enfants de moins de dix ans.
"Il y a aussi eu des cas bien étayés d'enfants torturés et exécutés, mais aussi de familles entières, y compris les bébés, massacrées. Ces cas et le bilan très élevé de décès sont un terrible rappel du tour particulièrement vicieux qu'a pris le conflit", a déploré Mme Pillay.
L'analyse de l'ONU montre une nette augmentation du nombre moyen de décès documentés chaque mois depuis le début du conflit, avec plus de 5.000 morts par mois en moyenne depuis juillet 2012 contre environ 1.000 morts par mois au cours de l'été 2011. "Ce chiffre extrêmement élevé de meurtres, mois après mois, est le reflet de la nette détérioration du conflit au cours de l'année écoulée", a estimé Mme Pillay.
Enfin, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a débuté des discussions avec la Suède pour qu'elle prenne éventuellement la tête d'une force de maintien de la paix renforcée sur le plateau du Golan --région du sud-ouest de la Syrie occupée en grande partie par Israël--, après la décision de l'Autriche de s'en retirer après des combats entre régime et opposition.
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commentaires (7)
Heureusement qu'en finale, Damas sera expurgée de ces nusayrisés et de leurs sé(yy)idez-et affidés d'à côté Bâbord Anti-libanais !
Antoine-Serge KARAMAOUN
09 h 23, le 14 juin 2013