Rechercher
Rechercher

À La Une - Turquie

Erdogan : Nous ne ferons plus preuve de tolérance

Les forces de l’ordre évacuent la place Taksim ; des discussions entre les deux camps prévues aujourd’hui.

En fin de journée hier, les forces de l’ordre sont intervenues pour la seconde fois pour faire évacuer à coups de gaz lacrymogènes la place Taksim d’Istanbul.  Bulent Kilic/AFP

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a usé de la force hier contre les manifestants qui exigent sa démission en faisant évacuer à deux reprises la place Taksim d’Istanbul. Fermement décidé à mettre un terme à la fronde sans précédent qui agite depuis douze jours son pays, M. Erdogan a assuré que son gouvernement ne ferait plus preuve « d’aucune tolérance » envers les protestataires. « Je m’adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui veulent continuer à semer la terreur : cette affaire est maintenant terminée. Nous ne ferons plus preuve de tolérance », a-t-il déclaré devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste).


Peu après 07h30 heure locale (04h30 GMT), les forces de l’ordre ont repris facilement le contrôle de la place Taksim, le bastion de la fronde, en repoussant les quelques centaines de protestataires qui y avaient passé la nuit par des tirs de grenades lacrymogènes ou des billes de plastique, et en utilisant des canons à eau. Les barricades qui bloquaient l’accès à la place ont été rapidement démantelées par des pelleteuses, et les drapeaux et banderoles hostiles au gouvernement arrachés. Tout au long de la journée, des échauffourées ont opposé la police et des groupes de jeunes manifestants casqués, armés de pierres et de cocktails Molotov.

 

(Lire aussi : Les jeunes, fer de lance de la contestation en Turquie)



« Pas une zone d’occupation »
En fin de journée, la police s’est finalement repliée devant un des bâtiments qui bordent la place, cédant à nouveau la place à des milliers de manifestants. Mais une heure plus tard, elle a pour la seconde fois balayé la foule, provoquant la panique et faisant de nombreux blessés parmi les contestataires. « Nous (la police) attendons devant le centre culturel Atatürk juste pour nous assurer que les drapeaux et les banderoles ne seront pas déployés à nouveau pendant la nuit », a expliqué le gouverneur d’Istanbul, Hüseyin Avni Mutlu, sur son compte Twitter. M. Mutlu a répété que la police n’interviendrait pas pour évacuer le petit parc Gezi, ce jardin public adjacent à la place Taksim dont la destruction annoncée a donné le coup d’envoi de la contestation le 31 mai.

Plus tôt dans la journée, M. Erdogan avait pourtant clairement menacé ses occupants de le faire. « Le parc Gezi est un parc, pas une zone d’occupation », a-t-il lancé devant ses élus, qui l’ont ovationné à plusieurs reprises. « J’invite les manifestants sincères à regarder ce qui se passe, à comprendre le jeu qui se joue et à se retirer » du parc, a-t-il ajouté. 


Surpris par l’intervention des forces de l’ordre, les militants du parc Gezi ont accueilli avec incompréhension l’opération de la police. « Pouvez-vous croire ça ? Ils attaquent Taksim et nous gazent ce matin alors qu’ils ont proposé hier soir de discuter avec nous. » s’est interrogé Yulmiz, un manifestant de 23 ans. « Si on nous chasse d’ici, nous reviendrons », a renchéri lancé Ali, un retraité de 63 ans, un masque de chirurgien sur le visage. Le collectif écologiste de défense du parc a lui aussi dénoncé le recours à la force. « Nous resterons là tant qu’aucune mesure concrète n’aura été prise pour satisfaire les demandes des jeunes qui protègent Taksim et le parc Gezi », a-t-il écrit. 

 

(Lire aussi : La « femme en rouge », nouvelle icône des manifestantes d’Istanbul)


La reprise, symbolique, de la place Taksim intervient au lendemain de l’annonce d’une rencontre, prévue aujourd’hui, entre M. Erdogan et des représentants de la contestation, qu’il n’a eu de cesse qu’il présente comme des « pillards » ou des « extrémistes ». L’ONG Greenpeace, invitée à ce rendez-vous, a déjà fait savoir qu’elle ne s’y rendrait pas. « D’abord, la violence doit cesser », a-t-elle demandé. En attendant, la police a procédé hier à des dizaines d’arrestations, dont 73 avocats qui dénonçaient, dans l’enceinte du Palais de justice d’Istanbul, l’intervention de la police, selon l’Association des avocats contemporains.
(Source : AFP)

 

Pour mémoire

La lutte des classes en Turquie

 

Les manifestations inquiètent les islamistes arabes

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a usé de la force hier contre les manifestants qui exigent sa démission en faisant évacuer à deux reprises la place Taksim d’Istanbul. Fermement décidé à mettre un terme à la fronde sans précédent qui agite depuis douze jours son pays, M. Erdogan a assuré que son gouvernement ne ferait plus preuve « d’aucune tolérance »...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut