L’Égypte et la Tunisie, où les islamistes sont arrivés en tête aux élections, « doivent être inquiètes devant les problèmes rencontrés par la Turquie d’Erdogan, censée constituer un modèle abouti de fonctionnement » de l’islam politique, estime ainsi Antoine Basbous, de l’Observatoire des pays arabes, à Paris. Les deux pays arabes pâtissent d’une polarisation croissante entre islamistes et laïcs, les islamistes au pouvoir étant notamment accusés de ne pas tenir leur promesse de garantir les droits et libertés. En Égypte, beaucoup font le parallèle entre les manifestations anti-AKP et un rassemblement prévu le 30 juin contre le président Morsi à l’occasion du premier anniversaire de son accession au pouvoir. Mais des membres du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) de M. Morsi affirment que de telles comparaisons visent seulement à couper l’herbe sous les pieds des dirigeants islamistes.
M. Basbous, lui, estime que les manifestations en Turquie servent à rappeler aux libéraux et aux laïcs dans le monde arabe « qu’ils ont été les moteurs du changement » en 2011. Cela ne se traduira toutefois pas nécessairement en un changement sur le terrain, ajoute-t-il, l’opposition aux islamistes en Égypte et en Tunisie restant faible et peu organisée. L’analyste politique tunisien Sami Brahem affirme de son côté « qu’il y a des tentatives d’exporter ce qui se passe en Turquie vers la Tunisie. Ce sera difficile d’en faire un mouvement de protestation d’envergure, mais (la situation en Turquie) peut constituer un soutien moral à tous les laïcs face à des gouvernements islamistes ».
Certains considèrent que les manifestations en Turquie reflètent un mécontentement à travers la région face à l’islam politique, toutes proportions gardées toutefois : M. Erdogan a été élu trois fois, avec une augmentation constante des votes en sa faveur. « Au final, ce qui importe, ce n’est pas la justesse de l’analogie, mais sa perception publique et sa capacité à frapper les esprits, ce qui semble le cas en ce moment », affirme Hesham Sallam, un politologue de l’Université de Georgetown, aux États-Unis. Plus de deux ans après les soulèvements, l’Égypte et la Tunisie traversent une crise économique, et pour certains spécialistes, c’est l’économie, plus que l’idéologie, qui conduirait à de nouveaux mouvements de protestation.
commentaires (2)
Une nuance toute petite toutefois Mr Basbous, on ne peut pas mettre dans le même sac l'Iran et le reste du monde arabe, si pour l'Iran on peut dire qu'ils sont au milieu de gué , en ce qui concerne les autres arabes ils n'ont à peine pas encore mouillé leurs pieds, la différence est que la démocratie perse est par rapport à celle des arabes(inexistante, mais bon), ce que la démocratie russe est par rapport à celle des occidentaux, quoique en occident ça se dilue pas mal, mais en plus des ressources sous embargo et sanctions, l'Iran affiche une santé scientifique impressionnante, où voit on cela en pays bensaoudique ??? En Turquie vous me direz ! ils sont pas libres et indépendants de leurs choix politiques otanisés..
Jaber Kamel
12 h 06, le 10 juin 2013