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À La Une - Violence

Incident de Bir Hassan : vive indignation du 14 Mars, quasi-silence du 8 Mars

C’est un élément du Hezbollah qui a mené l’opération de « mise à mort » de Hachem Salman devant le siège de l’ambassade d’Iran, a réaffirmé hier le leader de l’Option libanaise, Ahmad el-Assaad.

Le responsable estudiantin de l’Option libanaise a été mis en terre dans son village de Adloun, en dépit du climat de tension entretenu par le Hezbollah.

L’échauffourée de Bir Hassan, qui a tué un jeune partisan de l’Option libanaise, venu manifester avec ses pairs devant le siège de l’ambassade d’Iran contre la participation du Hezbollah en Syrie, a suscité de vives réactions hier. L’émotion après la mort du jeune Hachem Salman était à son paroxysme dans son village natal de Adloun à Zahrani. L’indignation et la colère ont remué sa famille connue pour son appui indéfectible à l’ancien président de la Chambre décédé Kamel el-Assaad. Nachaat Salman, père de la victime, a choisi de rester engagé dans cette ligne, quand bien même une vague de changements politiques aurait ravagé le pluralisme du terrain politique chiite. Les membres de la famille ont tous appelé à « l’arrestation du meurtrier de notre fils ».


Mais les circonstances de l’attaque menée par les chemises noires du Hezbollah contre les manifestants et la source des tirs ayant tué Hachem Salman n’ont pas encore été précisées. Le chef de l’Option libanaise, Ahmad el-Assaad, a démenti les informations selon lesquelles l’identité du tueur aurait été révélée. Il a préféré s’attarder sur ce qui est connu jusque-là, c’est-à-dire que c’est un élément du Hezbollah qui a mené l’opération de « mise à mort » de Hachem Salman devant le siège de l’ambassade d’Iran. Précisant que le nombre des agresseurs, revêtus de chemises noires, s’élevait à 300, il a affirmé que la mort de Salman « est un assassinat clair, planifié par ceux qui savaient notre lien de proximité, afin de m’envoyer un message sanglant ». Le jeune homme « a été exécuté au vu de tous, y compris de l’armée déployée sur les lieux. Après qu’il eut été touché par les tirs, il est resté étendu sur le sol, le corps saignant parce que les éléments du Hezbollah nous empêchaient de le recueillir. C’est après vingt minutes que l’ordre du Hezbollah a été donné pour le transporter à l’hôpital ». Il a demandé une nouvelle fois aux autorités concernées « notamment le président de la République, le commandant en chef de l’armée, et tous les responsables sécuritaires », de conduire le meurtrier de Salman devant la justice. Sinon, « autant reconnaître que nous vivons sous l’emprise du Hezbollah ». Et d’ajouter : « Si l’Iran veut combattre en Syrie, pourquoi a-t-il choisi d’envoyer nos jeunes ? »

« Non à la répression de l’opinion opposée »
Ahmad el-Assaad a néanmoins insisté sur le fait qu’il n’a pas l’intention d’inciter à la discorde. Il a dénoncé une nouvelle fois la non-intervention des militaires pour mettre un terme à l’échauffourée. « L’armée se posait en spectateur, lançant aux gens de passage “nous ne sommes pas concernés” », a ajouté le responsable chiite indépendant, lors d’une interview télévisée.


Dans la ligne de l’appel du président de la République à la coopération du Hezbollah et de l’ambassade d’Iran avec les enquêteurs, le ministre sortant de l’Environnement Nazem el-Khoury a exhorté les leaders politiques au dialogue, puisque « la situation sécuritaire a dépassé toutes les bornes ».
Le chef du bloc du Futur, le député Saad Hariri, est entré en contact avec Ahmad el-Assaad, dénonçant « l’attaque orchestrée par des acteurs relevant du Hezbollah ». L’ancien Premier ministre a assuré que « les Libanais refusent les méthodes de chantage et d’intimidation contre ceux qui défendent une opinion différente. Les Libanais n’admettront certainement pas que les zones relevant du Hezbollah soient des îlots sécuritaires à la façon iranienne ». Plusieurs députés du bloc parlementaire du Futur ont également réagi à l’incident, dénonçant notamment « la répression de l’opinion opposée », et encore plus si cette opinion est celle d’un chiite. Pour Mohammad Hajjar, l’incident de l’ambassade d’Iran « est un avant-goût de ce que le Hezbollah promet à ses opposants ».

 

(Lire aussi : Salam craint un durcissement du Hezbollah)

« Hachem Salman et le projet de bâtir l’État »
Le député Ammar Houry a fait remarquer en outre que l’apparition des chemises noires sans masque « est la preuve de la déchéance de la logique même de l’État ». Pour Atef Majdalani, l’incident aura prouvé que « le Hezbollah est devenu partie intégrante d’une milice qui s’articule autour des deux régimes syrien et iranien ». Et le député de la Jamaa islamiya Imad Hout d’ajouter : « Le Hezbollah ne réussira pas à faire taire les voix. »
De leur côté, les Kataëb ont appelé à « l’arrêt de la violence itinérante dans le pays » et dénoncé l’assassinat planifié de l’un des responsables du parti de l’Option libanaise. « Cet acte criminel vise l’exercice politique libre et légitime le meurtre comme moyen de taire les positions dissidentes ». Le bureau politique des Kataëb a appelé enfin les autorités compétentes à poursuivre les coupables, « d’autant qu’ils sont reconnaissables par le son et l’image ». Le député Nadim Gemayel a tweeté pour sa part une pensée en hommage à Hachem Salman : « Aujourd’hui l’activiste Hachem Salman a été tué par la milice du Hezbollah dont il a refusé la politique, l’hégémonie, le crime et le monopole au sein de la société chiite... Un salut à ton âme, toi qui as cru, comme beaucoup, dans le projet de bâtir un État libanais, ce qui était précisément le projet du président martyr Bachir Gemayel. »

Mise en garde du 8 Mars
Le député des Forces libanaises Antoine Zahra s’est attardé pour sa part sur la teneur du communiqué de l’armée ayant relaté l’incident de l’ambassade d’Iran, faisant état d’une « altercation entre une partie politique et des citoyens libanais ». Le député FL s’est demandé à cet égard comment « ceux qui manifestent contre la participation du Hezbollah à la guerre en Syrie sont assimilés à une partie politique, alors que les éléments organisés habillés d’un même uniforme et portant des armes sont présentés comme des citoyens ».
Notons que les étudiants du Futur et des FL ont publié hier des communiqués pour dénoncer la mort du jeune Hachem Salman, qui était responsable de la section des étudiants au sein de l’Option libanaise.

 

(Lire aussi : Raad : « Le 14 Mars a reçu de nouvelles directives de ses patrons américains »)


Du côté du 8 Mars, l’on relève un quasi-silence des responsables sur l’incident. Le député Kassem Hachem a toutefois affirmé, lors d’une interview radio, que « certains groupes qui agissent contre le Hezbollah ont des liens avec l’étranger connus de tous. Ces groupes n’agissent qu’en fonction d’un agenda dicté par les ambassades, afin de brouiller l’opinion publique et de déformer l’image de la résistance ». Le député baassiste a mis en garde contre « le maintien du discours politique provocateur qui aura des répercussions négatives sur la sécurité du pays ».

 

 

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