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Culture - Exposition

« Exercice », des nus à demi-nus

Les photographes en devenir de l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA) ont pris le nu féminin pour sujet. Jusqu’au 8 juin, l’Institut français de Beyrouth accueille les résultats de leur travail. Bien qu’ayant pour titre « Exercice », l’exposition présente des nus pas si nus mais aboutis.

Un cliché de nus très astucieusement camouflés.

Le sein est caché d’une main, le corps d’un flou et le visage hors cadre. Rien ne se voit, tout se devine. La sensualité surtout. L’affiche de l’exposition est une photo de Sophie Kosremelli, élève de troisième année à l’ALBA. L’école a proposé à ses étudiants et anciens diplômés réunis dans un collectif baptisé «Avril» de travailler sur le thème de la photographie de nu en mêlant corps et lumière. L’Institut français expose leurs clichés jusqu’au 8 juin.
L’exposition devait d’abord s’appeler «Fragments de corps», ce sera finalement «Exercice». Les clichés présentés ne sont pourtant pas que des ébauches. Tous ne se valent pas en termes d’originalité ou de qualité, mais ils ont le mérite de donner une idée du regard que la jeunesse porte sur cette bien ancestrale beauté du nu féminin. Aguicheur, androgyne, homosexuel ou souverain, ce dernier a été capturé sous des angles multiples, inattendus parfois. Si Maya Nohra le prend à fleur de peau, Melissa Jabbour, elle, choisit de le montrer absurde et asexué, alors que Tarek Moukaddem l’a entouré de mâles serviteurs, à l’image des reines des peintures orientales.
Preuve de l’évolution des mœurs libanaises, les jeunes filles acceptant de poser ne se sont pas faits rares selon les photographes. Une tendresse certaine émane de la complicité partagée d’un côté à l’autre de l’appareil. Ainsi, sous l’objectif doucement intrusif de Yasmina Boulos, une modèle tout juste formée se dévoile autant qu’elle ne se découvre.

Des nus en déshabillés de soie
Bien étrange détail de cette «exposition de nus», dans de nombreux clichés, les nus en question portent des culottes. Difficile de savoir si le motif de cette soyeuse présence est d’échapper à la vulgarité ou à la censure. De fait, si pour certains jeunes photographes comme Sandra Fayad «le tabou a déjà été levé dans les années 1990», la censure s’est avérée toutefois moins tolérante qu’elle ne l’aurait imaginé. Sandra a ainsi vu disparaître de l’exposition l’une des cinq photos de sa série. Conçue comme un «reportage mis en scène», cette dernière évoque le sujet qui enflamme la société française depuis des mois et reste un tabou omniprésent au Liban. L’homosexualité, que l’artiste a accordée au féminin, y est traitée avec beaucoup de douceur (et de dentelles) dans une intimité artificielle. La pièce bannie de la salle d’exposition présentait «deux femmes en sous-vêtements sur un même lit», a expliqué la jeune photographe qui souhaitait «ne pas tomber dans les clichés des courbes féminines, mais présenter quelque chose de plus “2013”».Trop «2013» pour la censure visiblement... Également victime de cette pruderie, Marie Sullar, étudiante de troisième année, regrette qu’il faille encore «cacher les visages et voir alors l’intimité nous échapper».
Si le corps féminin est encensé depuis toujours, il faut, pour en dire la grâce, savoir l’évoquer sans l’exposer crûment. L’objectif peut alors se faire trop net et frôler le vulgaire. Que le mérite en revienne à la prude censure, aux dessous persistants ou au brio des jeunes photographes, l’exposition échappe brillamment à cet écart.
Le sein est caché d’une main, le corps d’un flou et le visage hors cadre. Rien ne se voit, tout se devine. La sensualité surtout. L’affiche de l’exposition est une photo de Sophie Kosremelli, élève de troisième année à l’ALBA. L’école a proposé à ses étudiants et anciens diplômés réunis dans un collectif baptisé «Avril» de travailler sur le thème de la photographie...
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