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À La Une - Syrie

L'opposition syrienne finit par s'entendre sur un remaniement interne

Derrière l'accord (pas encore voté), se dessine la lutte d'influence que se livrent, au sein de l'opposition, le Qatar et l'Arabie Saoudite.

George Sabra, le président de la Coalition nationale syrienne lors d'une conférence de presse à Istanbul, le 25 mai dernier. AFP/Ozan Koze

Après sept jours de longues tractations à Istanbul, les membres de la Coalition nationale syrienne (CNS), sous la pression des insurgés "de l'intérieur" ainsi que de leurs soutiens occidentaux, arabes et turcs, sont parvenus, ce jeudi, à un accord sur un remaniement de leurs structures, pour l'heure dominées par les islamistes.

 

Il aura notamment fallu l'intervention à la dernière minute du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, pour prêter main forte aux diplomates arabes et occidentaux afin de presser les différentes composantes de l'opposition de surmonter des divergences qui menaçaient la réunion. 

"Davutoglu s'est adressé aux membres de la coalition et leur a dit que la communauté internationale ne prenait pas parti, mais que la coalition devait être représentative pour être crédible. Le message était clairement qu'en l'absence de réorganisation, d'autres parties pourraient aller à Genève", a-t-on rapporté de source proche des discussions.

 

L'accord a notamment porté sur l'élargissement de la Coalition nationale syrienne (CNS) dont les délégués ont accepté d'inclure en leur sein le courant libéral soutenu par les Occidentaux et dirigé par Michel Kilo, un chrétien polyglotte, opposant de longue date du régime de Damas. Ce courant obtient 14 sièges alors qu'il en demandait 25. La CNS devrait par ailleurs passer de 60 à 85 membres.

"Nous avons conclu un accord. Je pense que nous aurons besoin de temps avant d'entamer le processus de désignation de la direction", a déclaré Michel Kilo à l'issue de discussions qui ont duré tard dans la nuit de mercredi à jeudi.

 

Cet accord ouvre donc la voie à l'élection de nouveaux dirigeants de la Coalition, qui était sans chef de file depuis mars, et à la formation d'un gouvernement provisoire ayant pour tâche de renouer des liens distendus avec les insurgés sur le terrain. Ces derniers ont toutefois immédiatement exigé la moitié des sièges. "La légitimité de la coalition ne peut provenir que de l'intérieur et sans cette représentation, elle n'aura pas de légitimité", a prévenu le conseil de commandement militaire dans un communiqué.

 

(Voir le reste de l'actualité syrienne ici)

 

Signe d'une entente politique entre les libéraux et les Frères musulmans, M. Kilo a quitté la salle des débats en compagnie d'un représentant des Frères musulmans, qui l'ont soutenu de facto dans la réorganisation après s'être entendus avec l'Arabie saoudite. Avec les libéraux qui y siégeaient déjà, les partisans de Michel Kilo pourrait détenir le tiers des sièges et former une minorité de blocage au sein de la CNS.

 

 

Un accord important pour l'Arabie Saoudite

D'après leurs calculs, l'appoint de quelques membres du groupe emmené par les Frères musulmans pourrait même leur permettre de supplanter l'aile de Mustapha Sabbagh, secrétaire général de la Coalition, dans la bataille pour la présidence et de peser davantage sur le sort de Ghassam Hitto, qui tente en vain de former un gouvernement provisoire depuis mars.

Son remplacement par Ahmed Toumeh al Kheder, un islamiste modéré de la province orientale de Deir Ezzor qui a coopéré avec l'aile libérale et qui a quitté la Syrie il y a seulement un mois, semble désormais plus probable, dit-on au sein de la CNS. Kheder serait par ailleurs acceptable pour les Frères musulmans, qui se tiennent à l'écart des postes à responsabilité pour ne pas être soupçonnés de noyauter l'opposition.

 

Le ministre qatari Khaled Attiyah et le prince saoudien Salman ben Sultan, chargés de la liaison avec l'opposition syrienne, étaient également présents à Istanbul, ce qui témoigne d'un apaisement des relations bilatérales en ce qui concerne le conflit syrien, dit-on dans les rangs de la CNS.

 

La réorganisation pourrait toutefois entamer la position jusqu'ici dominante du Qatar, qui soutient Mustapha Sabbagh, et accorder davantage de poids à l'Arabie saoudite. Maintenant que le Hezbollah pro-iranien combat ouvertement aux côtés des forces syriennes, Ryad, engagé dans une vaste lutte d'influence avec Téhéran, souhaite aider davantage l'insurrection sunnite.

 

"S'il y a un accord, pourquoi n'ont-ils pas voté ?"

L'accord de jeudi doit néanmoins encore être approuvé formellement dans la journée de jeudi. "S'il y a un accord, pourquoi n'ont-ils pas voté ?", s'est d'ailleurs interrogé un diplomate. Les délégués "ont décidé de voter plus tard dans la journée parce qu'il se faisait vraiment tard hier et qu'ils (...) ne pouvaient joindre tous les membres à une heure pareille pour voter. Nous verrons", a-t-on expliqué de source proche de la CNS.

 

 

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