Les États-Unis ont "exigé" mercredi que le Hezbollah libanais se retire "immédiatement" du conflit en Syrie, en particulier sur le front de la ville stratégique de Qousseir.
"Nous condamnons avec la plus grande force les déclarations du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah confirmant le rôle actif de ses militants dans les combats à Qousseir et ailleurs en Syrie. C'est une escalade inacceptable et extrêmement dangereuse", a déclaré Jennifer Psaki, porte-parole du département d’État, en ouvrant son point de presse quotidien.
Mme Psaki a aussi de nouveau exprimé l'inquiétude de Washington quant à la "menace incroyablement dangereuse" que fait peser le conflit en Syrie sur la "stabilité du Liban" frontalier, au lendemain de la mort de trois soldats libanais dans l'est du pays.
A Genève, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a condamné l'intervention de "combattants étrangers" aux côtés des forces armées syriennes à Qousseir mais sans nommer explicitement le groupe chiite libanais et a demandé une enquête de l'ONU sur les violences dans cette ville.
Une résolution en ce sens, présentée par les États-Unis, le Qatar et la Turquie, a été adoptée par le Conseil, par 36 voix contre 1 (le Venezuela). Huit pays se sont abstenus.
Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, a estimé que "le nombre croissant de soldats étrangers qui traversent la frontière de part et d'autre ne fait qu'encourager la violence confessionnelle".
Selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, "des combattants sunnites libanais" se battent en outre du côté des rebelles, donnant au conflit "de plus en plus une dimension confessionnelle".
Le régime en Syrie est dirigé par la communauté minoritaire alaouite, une branche du chiisme, tandis que la majorité de la population syrienne et des rebelles sont des sunnites.
(Lire aussi : « Le Hezbollah perd du terrain au sein de la communauté chiite... »)
3.000 à 4.000 combattants du Hezb en Syrie
Sur le terrain, l'armée syrienne, épaulée par le Hezbollah, a annoncé s'être emparée de l'aéroport de Dabaa.
"L'armée syrienne contrôle l'aéroport de Dabaa à l'issue d'une opération militaire de plusieurs heures commencée dans la matinée", a affirmé une source militaire à l'AFP, précisant que "cette opération a abouti à la libération de l'aéroport et la mort de dizaines d'hommes".Al-Manar, la chaîne du Hezbollah, a diffusé des images de l'intérieur de cet ancien aéroport montrant des chars postés près des hangars et des soldats tirant vers l'extérieur.
L'armée contrôle désormais toutes les issues de Qousseir et peut lancer une offensive généralisée de tous les côtés contre le dernier carré d'insurgés dans cette ville du centre-ouest de la Syrie. "Nous pouvons désormais nous diriger vers le quartier nord de Qousseir", où sont retranchés les insurgés, a déclaré un officier à al-Manar.
Cette avancée fait suite à l'envoi vers la ville dans la matinée de renforts du Hezbollah et des forces spéciales de la garde républicaine, les mieux entraînées des troupes syriennes, selon l'OSDH. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que le Hezbollah, fer de lance de l'assaut lancé le 19 mai contre Qousseir, avait déployé 3.000 à 4.000 combattants en Syrie.
(Lire aussi : L’ultimatum de l’ASL : Nous poursuivrons le Hezbollah « jusqu’en enfer... »)
Le contrôle de Qousseir est essentiel pour la rébellion, car cette ville se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes en provenance et en direction du Liban, mais aussi pour le régime car la cité est située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière.
Opposition syrienne : rien ne va plus
A Istanbul, des diplomates saoudiens, qataris, français, turcs et américains ont débarqué dans l'hôtel où est réunie l'opposition depuis une semaine, pour tenter de sortir de l'ornière les palabres sans fin au sein de la Coalition.
"Si nous ne réussissons à pas à nous mettre d'accord maintenant je ne sais pas ce qui arrivera à la Coalition", a affirmé à l'AFP l'un de ses membres.
L'opposition syrienne ne parvient pas à s'accorder sur son élargissement à de nouveaux membres et à adopter une position commune sur sa participation à la conférence internationale de paix que souhaitent organiser en juin la Russie et les États-Unis et à laquelle le régime a donné son accord de principe. La Coalition continue à exiger le départ de Bachar el-Assad et de ses chefs militaires pour participer à la conférence, selon un projet de déclaration obtenu mercredi soir par l'AFP.
De son côté, l'Iran, allié régional de la Syrie qui n'est pas invité à cette conférence de paix baptisée Genève-2, a dit souhaiter une "solution politique" en Syrie, lors d'une conférence internationale organisée à Téhéran en l'absence des parties en conflit.
Parallèlement, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a affirmé mercredi que le président Bachar el-Assad se présentera pour un troisième mandat en 2014 "si le peuple le veut".
"Les Américains n'ont rien à dire sur qui va gouverner en Syrie" a-t-il ajouté lors d'un entretien avec la chaîne arabe Mayadeen, proche de la Syrie et de l'Iran.
La présidence syrienne a, de son côté, indiqué que Bachar el-Assad sera interviewé jeudi par al-Manar. L’interview est prévue à 21h00 heure de Damas (18h00 GMT).
Systèmes de défense anti-aériens russes
Par ailleurs, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné à ses ministres de ne pas s'exprimer sur la Syrie et la possible livraison de missiles russes à ce pays, a indiqué mercredi la radio publique. Cette consigne a été transmise à la suite des déclarations jugées menaçantes vis-à-vis de Moscou du ministre de la Défense Moshé Yaalon, a ajouté la radio. Israël "saura quoi faire" si la Russie livre des systèmes de défense anti-aériens de type S-300 à la Syrie, avait affirmé mardi M. Yaalon. Selon les médias israéliens, M. Yaalon faisait ainsi allusion à de nouveaux raids aériens que pourrait lancer Israël, comme il l'a déjà fait au début du mois près de Damas. Ces attaques visaient, selon des responsables israéliens, à empêcher des transferts d'armes au Hezbollah.
Moscou a défendu mardi la livraison à Damas de S-300, des systèmes sol-air sophistiqués capables d'intercepter en vol des avions ou des missiles téléguidés, comme un facteur de dissuasion contre une intervention extérieure en Syrie.
(Pour mémoire : Armes chimiques: Paris analyse les échantillons rapportés de Syrie)
La déclaration moscovite intervenait après la décision de l'Union européenne de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles, une mesure "soutenue" par Washington mais critiquée par Moscou. Les 27 sont cependant convenus de ne pas livrer d'armes aux rebelles dans l'immédiat pour ne pas nuire aux efforts de règlement politique, notamment à l'organisation de la conférence de Genève. Le Royaume-Uni et la France n'ont toutefois pas exclu mardi d'armer les rebelles avant le prochain sommet des chefs de la diplomatie européenne prévu le 1er août, tout en précisant ne pas avoir encore pris de décision sur la question.
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"Nous condamnons avec la plus grande force les déclarations du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah confirmant le rôle actif de ses militants dans les combats à Qousseir et ailleurs en Syrie. C'est une escalade...
commentaires (13)
Ils finiront A n é a n t i s dans leur sœur-syrie !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
16 h 31, le 30 mai 2013