La presse libanaise reflétait une nouvelle fois jeudi le profond clivage qui caractérise la scène politique libanaise, les journaux proches du 8 et du 14 Mars lançant des attaques en règle contre leurs adversaires politiques, au lendemain du report de la séance parlementaire et de la "mort" de la proposition de loi "orthodoxe"
Sous le titre "Les élections assassinées", le quotidien as-Safir, proche de 8 Mars, affirme que ce qui s’est passé "au Parlement n’est autre qu’une nouvelle mascarade qu’il faut inscrire au registre des innombrables mascarades de la classe politique libanaise". "Le feu en Syrie, la sécurité bancale au Liban, l’économie exsangue et la discorde confessionnelle qui guette n’ont pas suffi à les convaincre d'adopter une loi électorale qui satisfasse toutes les composantes", souligne le journal.
"Le Parlement s’est mué hier d’un endroit où sont censées naître les lois en un lieu où des pièges sont tendus pour marquer des points, mettre dans l’embarras les adversaires, échanger des accusations et assassiner les élections", ajoute encore le quotidien. "Les députés des Forces libanaises, du Courant du Futur et du PSP sont apparus souriants, il ne manquait plus qu'ils fassent le signe de la victoire et distribuent des friandises".
Pour son confrère du même bord al-Akhbar, "la proposition de loi mixte n’a servi qu’à enterrer le projet 'orthodoxe' pour mettre tout le monde devant un fait accompli : la prorogation du mandat du Parlement ou l'organisation des élections conformément à la loi de 1960". Qualifiant au passage de "spectacle pathétique" la journée parlementaire de mercredi, le quotidien lance une attaque au vitriol contre les députés du 14 Mars "qui soutiennent une proposition de loi dont ils ignorent le contenu et le mécanisme de fonctionnement".
Le quotidien an-Nahar, proche du 14 Mars, s’interroge quant à lui sur la riposte probable du 8 Mars à la loi mixte après les points enregistrés par ses adversaires politiques mercredi. Le journal souligne en outre que les deux jours accordés à la sous-commission ad hoc pour parvenir à un consensus "semblent insuffisants".
Mercredi, le président du parlement, Nabih Berry, a relancé les réunions de la sous-commission parlementaire chargée de parvenir à un consensus sur une loi électorale. Ces réunions doivent se tenir jusqu'à vendredi, date à laquelle le Parlement pourrait être de nouveau convoqué. La sous-commission avait suspendu ses travaux le 23 avril après un énième échec des pourparlers.
Si le quotidien al-Moustaqbal, organe du Courant du Futur, salue "le décès de la loi sectaire" qui avait pour "but de diviser les Libanais", il insiste sur la nécessité d’organiser les élections le plus tôt possible. "Ceux qui ont défendu durant des mois des projets de lois moribonds, ceux qui ont voulu infliger le mal aux Libanais doivent être tenus pour responsables du retard dans l’organisation des élections", souligne le journal.
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La "Presse" 8 Malsaine, une Presse LIBANAISE ?
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
20 h 00, le 16 mai 2013