Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban - Reportage

Forward et Business : quand offreurs et demandeurs d’emploi se rencontrent

Inaugurés hier au BIEL, les deux Salons du recrutement « Forward et Business » reflètent la réalité du marché du travail libanais. Des entreprises libanaises dynamiques qui embauchent ici comme à l’étranger de jeunes talents aux compétences multiples. Pourtant, ces deux parties semblent avoir du mal à trouver un terrain d’entente...

Inauguration du Salon Forward hier au BIEL. Photo Hassan Assal

La poignée de main est franche, le regard vif et assuré. À peine arrivé au Salon, Fayez, 33 ans, vient de terminer son premier entretien d’embauche. Pas de temps à perdre pour cet ingénieur industriel à la recherche d’un emploi depuis sept mois. « Avec plus de dix ans de métier et plusieurs pays à mon actif, je ne peux pas accepter n’importe quoi, explique-t-il, alors je mise beaucoup sur le Salon Forward pour multiplier les opportunités. » En sept mois de recherche, Fayez a déjà dû refuser deux propositions. « La première au Nigeria car les conditions étaient trop dangereuses en comparaison avec le salaire négocié, et la seconde au Liban à 1 000 dollars par mois pour dix ans d’expérience à mon actif. »


Comme beaucoup d’autres demandeurs d’emploi, Fayez ne le cache pas : s’il est présent au Salon, c’est avant tout pour trouver un emploi ailleurs. « Le Liban est synonyme de famine, affirme-t-il. Ici, on ne peut pas évoluer. Fraichement diplômés, on nous propose 800 dollars par mois, et après dix ans de métier, on se voit rémunérer à peine 1 000 dollars. »


Partir, c’est aussi la question qui rode dans la tête de Khaled, 22 ans. Diplômé en gestion et management de l’Université Saint-Joseph depuis maintenant un an, le jeune homme ne parvient pas à intégrer le marché du travail. « J’ai dû passer une trentaine d’entretiens d’embauches depuis mon diplôme, mais les postes proposés étaient très peu rémunérés et complètement en décalage avec mes compétences. » Aujourd’hui, Khaled pense alors sérieusement quitter le Liban.


C’est aussi ce qu’envisage Rawan, du même âge, titulaire d’une licence en nutrition de l’Université de Balamand. « Ce n’est pas tant trouver un emploi qui est difficile dans ce pays, insiste-t-elle, c’est plutôt pouvoir prétendre à un salaire décent. Clairement, si je dois rester, c’est pour une rémunération d’au moins 1 000 dollars par mois. »


Selon Tania Eid, directrice générale de Careers et E-Square, les entreprises organisatrices du Salon, le problème ne vient pas des entreprises libanaises. « Ces jeunes, à peine sortis de l’université ou avec très peu d’expérience, ont déjà des attentes très élevées, sous prétexte de vouloir rentabiliser de longues et coûteuses études. Mais tous les diplômes du monde ne pourront jamais remplacer l’expérience, souligne-t-elle, surtout qu’aujourd’hui, les jeunes se heurtent à une surenchère de diplômes. »


Même constat du côté des employeurs. « Nous recrutons beaucoup, insiste Sarah Zahr, responsable des ressources humaines pour une société de vente d’équipements médicaux et paramédicaux. Le problème est qu’au Liban, il est de plus en plus difficile de trouver la main-d’œuvre adéquate. Un simple diplôme ne suffit pas, il faut que le candidat ait l’esprit d’entreprise et un minimum d’expérience. » L’an dernier, Sarah Zahr a tout de même pu recruter quatre personnes grâce au Salon Forward.


La responsable des ressources humaines est actuellement à la recherche de 12 salariés. Selon elle, malgré le niveau de chômage, il n’est pas évident de trouver le bon candidat, « la plupart des jeunes préférant quitter le pays pour des salaires plus élevés ».


Le salaire est bien ce qui semble poser problème sur le marché du travail libanais, qu’on soit jeune diplômé ou professionnel chevronné. C’est le cas de Mona, 38 ans. Rentrée au Liban depuis un an pour suivre son mari, la jeune femme ne parvient pas à trouver une offre correspondant à ses attentes. « J’ai travaillé cinq ans comme directrice marketing à Dubaï, raconte-t-elle. Je gagnais plus de 10 000 dollars par mois à l’époque. Bien sûr, je suis consciente que la réalité du marché libanais est bien différente, mais tout de même, je ne peux pas accepter le même salaire que celui que j’avais avant de partir à Dubaï. » La jeune femme confie avoir passé quatre entretiens d’embauche en deux mois, mais refuse d’accepter une rémunération en dessous de 3 500 dollars. « C’est une question de principe, surtout qu’aujourd’hui, le coût de la vie au Liban est devenu aussi cher qu’à Dubaï », conclut-elle.

 

 

Pour mémoire

« Forward et Business » : à vos CV !

 

Salaire, accès à la propriété, cherté de la vie... Quelles sont les préoccupations des jeunes arabes ?


Jeunes diplômés et marché libanais de l’emploi : « Je t’aime, moi non plus »

 

Emploi : rester au Liban, mais à quel prix?

 

La poignée de main est franche, le regard vif et assuré. À peine arrivé au Salon, Fayez, 33 ans, vient de terminer son premier entretien d’embauche. Pas de temps à perdre pour cet ingénieur industriel à la recherche d’un emploi depuis sept mois. « Avec plus de dix ans de métier et plusieurs pays à mon actif, je ne peux pas accepter n’importe quoi, explique-t-il, alors je mise...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut