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Nos Lecteurs ont la Parole

Juste après...

Par Hala MOUBARAK
Entre prise de position et prise d’opposition, tout vole en éclats. La masse applaudit les uns ou les autres, et rares sont ceux qui se baissent pour ramasser les morceaux. Les Libanais aiment regarder le ciel, les étoiles qui vont avec et se frottent de moins en moins au réel, à l’odeur acre de la vie, à la pauvreté qui frappe à toutes les portes.
Les Libanais parlent d’un pays avant de recoudre des blessures qui n’ont toujours pas pris le temps cicatriser. Les Libanais suivent un camp ou l’autre et dénigrent le milieu pour une place au soleil.
Un spectacle... Celui d’une politique devenue sénile, une politique stérile, une politique qui pue. Une politique qui n’a plus de principes, plus de bases, et qui baigne dans l’hypocrisie. Et tout le monde se permet de parler politique, de discuter la couleur des uns et des autres, de maudire un parti, de préférer Dieu à Allah. D’enregistrer un compromis au profit d’un autre. Et la masse suit... cinq millions sur six ! Des moutons de Panurge.
Applaudir celui qui ne sait plus tenir sa langue face au monde entier, celui qui pointe du doigt, celui qui accuse, avec la dignité de Zola en moins. Et continuer d’applaudir celui qui s’est sauvé parce que la peur est plus forte que l’amour d’un pays. Applaudir encore des noms morts gratuitement, des cadavres que l’on bafoue depuis 2005 et bien avant, encore et encore, et qui ont perdu tout de leurs valeurs, de leurs vérités, de leurs souvenirs. Même si, oui même si, leurs voix sont toujours dans nos têtes, à crier haut et fort : liberté et souveraineté, il ne nous reste que des lettres à taper sur un clavier. Du noir sur du blanc et l’étendard de leur mort n’est plus que marchandise à vendre au plus offrant. Un troupeau, à l’image de la ferme de George Orwell, avec un contenu philosophique, philo-fantasmagorique.
Où sont passées les idées de mon oncle qui s’est battu un soir de pleine lune pour une cause et est mort en héros ; les souvenirs de révolutions de mon père qui font écho à la mort de ses amis morts en martyrs ; les chemises rapiécées que ma grand-mère a pris le temps de coudre en priant Dieu et tous les saints pour que la guerre arrive à sa fin ? Et le sein de ma mère ? Les larmes de mon petit frère ? Oui-Oui dans une cage d’escalier, et vouloir rester malgré tout sur la terre de nos anciens. Où sont passés les idéaux ? Les hommes, les vrais. Les ancêtres de la nation – parce que c’est une nation qu’il nous faut reconstruire avant le pays et bien avant la politique, et surtout avant de parler élections législatives.
Une nation ! Là où tous les cœurs battent ensemble, pour les mêmes intérêts, contre un même ennemi. Toutes ces soirées à regarder des programmes télévisés qui ne font que nous rendre un peu plus comateux, plus apathiques. Une masse qui suit au lieu de brûler le pays pour reconstruire une nation, une masse qui a faim, qui n’a pas pu fêter Noël, qui s’endette de plus en plus. Une masse divisée en deux.
Le dégoût de soi, le dégoût de moi... de ne rien pouvoir faire, alors que je suis de ceux qui se baissent pour ramasser les morceaux.
Juste après... éteindre la lumière et prier ! Implorer Dieu qu’il nous vienne en aide...
Entre prise de position et prise d’opposition, tout vole en éclats. La masse applaudit les uns ou les autres, et rares sont ceux qui se baissent pour ramasser les morceaux. Les Libanais aiment regarder le ciel, les étoiles qui vont avec et se frottent de moins en moins au réel, à l’odeur acre de la vie, à la pauvreté qui frappe à toutes les portes.Les Libanais parlent d’un pays avant...
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