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Liban - L’éclairage

Un coup de force contre le coup de force de 2011

L’unanimité politique autour de la désignation de Tammam Salam (124 des 128 députés l’ont appuyé lors des consultations de Baabda) soulève plusieurs interrogations sur les raisons de cette entente subite entre le 8 et le 14 Mars, en dépit des désaccords profonds qui les séparent. Le chef du bloc du Hezbollah, le député Mohammad Raad, est allé jusqu’à déclarer que Tammam Salam était le choix initial du parti de Dieu, quand bien même son nom avait été officiellement proposé par le courant du Futur et le 14 Mars.


En outre, ces interrogations récurrentes sur les motifs de l’appui commun à Tammam Salam sont doublées d’une crainte, exprimée dans les milieux du 8 Mars, sur les dessous de sa nomination, et surtout sur ses aboutissements.
La question la plus importante qui se pose en effet est celle de savoir si la facilité avec laquelle le nouveau Premier ministre a été désigné présage d’une facilité dans la formation du prochain gouvernement. Déjà, en réponse à la demande aouniste de procéder à des nominations représentatives du poids de chaque camp, et sans intention vindicative, Tammam Salam a clairement exprimé son refus catégorique des nominations vindicatives, rappelant que l’objectif de son gouvernement, celui de « l’intérêt national », se limitera à la tenue des prochaines législatives. Un argument censé persuader les différentes parties politiques d’éviter d’imposer leurs conditions respectives pour la formation du prochain cabinet, dont les membres ne devraient pas, par principe, être candidats aux prochaines législatives.


C’est sous cet angle que le Premier ministre désigné a défini les caractéristiques du prochain cabinet : un gouvernement de taille moyenne, formé de 14 ministres, dont les membres, proches de la politique sans être partisans, bénéficieraient d’une expertise dans un domaine spécifique. Tammam Salam compte favoriser l’alternance au pouvoir, en rompant la tradition des portefeuilles relevant d’un camp ou d’un parti déterminé. Il maintient par ailleurs la politique de distanciation, dans la lignée de la déclaration de Baabda à laquelle il a réitéré son attachement. La déclaration ministérielle devrait s’inspirer d’ailleurs du document de Baabda et substituer à l’équation armée-peuple-résistance (considérée par le 14 Mars comme une équation politique caduque) une formule qui accorderait au Hezbollah un rôle national qu’aucune partie ne peut refuser. Cette formule devrait permettre en pratique de profiter des capacités de la résistance jusqu’à ce que l’armée soit mieux équipée.


Face à ces constantes énumérées par Salam, les appels contraires de certaines parties (surtout du 8 Mars) à former un cabinet politique d’union nationale n’auraient d’autre but que celui de tenter une manœuvre politique visant à prolonger le mandat du Parlement, faute d’un accord sur une nouvelle loi électorale. Les milieux du 14 Mars craignent d’ailleurs, comme ils l’ont exprimé à plusieurs reprises, que la demande d’un gouvernement politique cache une tentative de contourner les échéances constitutionnelles.
Face à ces considérations, Tammam Salam semble déterminé à former un gouvernement de jeunes, à l’instar du cabinet formé par Saëb Salam dans les années 70 après l’élection de Sleimane Frangié à la présidence de la République.
Afin d’aboutir à ses fins, le Premier ministre désigné chercherait à accélérer le processus de formation du nouveau cabinet, sans toutefois brûler les étapes. Les consultations parlementaires qui commencent aujourd’hui devront lui permettre de tâter la volonté des parties d’accélérer ou de retarder la formation du cabinet. S’il prend en compte ces intentions, il veillera toutefois à ne pas se laisser entraîner dans le bazar de la formation du cabinet. Là aussi, il arguera de la courte vie du cabinet, dont l’objectif principal est de gérer l’échéance électorale.
Quoi qu’il en soit, les observateurs semblent optimistes quant à la prochaine étape. Des politiques rapportent l’optimisme de certains diplomates, qui qualifient de positive l’ambiance actuelle et s’attendent à ce que la prochaine étape voie le rétablissement du dialogue et des concertations entre les différentes parties, dans une ambiance de stabilité. Il existerait une volonté internationale de préserver la sécurité au Liban, et cette volonté serait parvenue à toutes les parties concernées.


D’ailleurs, la désignation de Tammam Salam serait, en soi, un coup d’État contre le coup d’État orchestré par le 8 Mars en 2011 pour renverser le cabinet de l’ancien Premier ministre Saad Hariri. Autrement dit, ce n’est plus l’axe irano-syrien qui détiendrait le pouvoir de décision au Liban. La démission de Mikati serait un indicateur du déclin régional de l’axe de la « moumanaa ». Le retour de l’Arabie saoudite sur la scène politique serait un autre indicateur de la nouvelle étape qui s’annonce. Le retour de la famille Salam en question donne un soufflet au régime syrien, qui avait adopté une attitude hostile envers Saëb Salam depuis qu’il avait signé en 1976 une pétition rédigée par Raymond Eddé appelant au retrait de l’armée syrienne du Liban...
Il reste que tous ces éléments, fussent-ils positifs, ne sauraient garantir une formation aisée du prochain gouvernement...

 

 

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commentaires (1)

Ne cherchez pas midi à quatorze heure. Le dessert a été préparé ( DEHORS ) et servi aux deux parallèles marsiens.

SAKR LEBNAN

07 h 32, le 09 avril 2013

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Commentaires (1)

  • Ne cherchez pas midi à quatorze heure. Le dessert a été préparé ( DEHORS ) et servi aux deux parallèles marsiens.

    SAKR LEBNAN

    07 h 32, le 09 avril 2013

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