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Liban - Polémique

Les critiques continuent de pleuvoir sur Mansour

Le ministre des Affaires étrangères nie avoir reçu un message du chef du gouvernement et se demande en quoi il a pu violer la Constitution.

Deux jours après sa prestation remarquée au conseil de la Ligue arabe au Caire, au cours de laquelle il s’est une fois de plus singularisé en prenant la défense du régime syrien, le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour, continuait hier à être la cible de virulentes critiques en provenance principalement des rangs du 14 Mars.
Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), M. Mansour a opposé un démenti à des informations de presse selon lesquelles il aurait reçu un message du chef du gouvernement, Nagib Mikati, dont la teneur est restée inconnue. Des sources proches de M. Mikati, citées par l’agence al-Markaziya, ont répliqué que « tout démenti est inutile » et menacé de dévoiler la teneur du message.


Le ministre s’est, en outre, demandé en quoi il a pu « violer la Constitution » dans sa prestation au Caire, comme l’en a accusé hier le chef du bloc du Futur, Fouad Siniora. Ce dernier, qui répliquait à l’affirmation de M. Mansour selon laquelle les propos qu’il avait tenus devant le conseil de la Ligue n’exprimaient que son point de vue personnel, avait expliqué qu’un ministre des Affaires étrangères du Liban prenant la parole devant un organisme officiel arabe ou international n’exprime nullement son opinion personnelle, mais celle de son gouvernement.
M. Siniora a noté que M. Mansour s’était exprimé sans prendre en compte les avis du président de la République et du Premier ministre, ce dernier étant habilité par la Constitution à exprimer la politique suivie par le gouvernement. Or, a poursuivi l’ancien Premier ministre, le plaidoyer du chef de la diplomatie libanaise en faveur du rétablissement du siège du régime syrien au sein de la Ligue est « en contradiction totale » avec la politique déclarée de « distanciation » du gouvernement libanais à l’égard de la crise syrienne. Elle s’inscrit en faux également par rapport à la déclaration de Baabda, a-t-il noté. « Ne pas se conformer à la politique du gouvernement constitue (pour un ministre) une violation de la Constitution », a conclu M. Siniora.

 

(Lire aussi: Des positions politiques de plus en plus tranchées sur la Syrie qui font craindre le pire...)


De son côté, Ammar Houry, député de Beyrouth et membre du bloc du Futur, a déploré l’existence aujourd’hui au Liban de « plusieurs gouvernements au sein du même gouvernement » et réclamé un désaveu public de M. Mansour.
« Le document officiel en possession de la Ligue arabe au nom du Liban est représenté par le texte lu par M. Mansour, quelles qu’en soient les justifications. C’est une faute qu’il n’est possible de corriger que par l’envoi d’un mémorandum officiel qui émane du gouvernement libanais, demandant le retrait des propos du ministre et reflétant la politique de distanciation dont parle le cabinet », a souligné M. Houry.
Sans entrer dans les considérations juridiques, le secrétaire général du Futur, Ahmad Hariri, s’est quant à lui contenté de lancer : « Que Adnane Mansour, et à ses côtés le Hezbollah et l’Iran, continuent de défendre autant qu’ils le peuvent le régime syrien, au final le tyran sera renversé. »


Keyrouz, Abounader et Layoun...
Chez les Forces libanaises, le député Élie Keyrouz est allé encore plus loin en réclamant la révocation du ministre des Affaires étrangères. Ce dernier a, selon lui, « clairement violé la politique déclarée de distanciation exprimée par le gouvernement ». Son point de vue « est de toute façon en contradiction avec l’opinion d’au moins la moitié des Libanais. Il expose dangereusement les intérêts du Liban et ses relations arabes et internationales et met en péril les intérêts des Libanais expatriés dans les pays du Golfe », a souligné M. Keyrouz, notant l’absence de coordination et de solidarité au sein du Conseil des ministres.
Il a appelé le chef de l’État et le Premier ministre à « prendre la décision adéquate à l’encontre du ministre (Mansour) en vertu des règles énoncées dans le paragraphe 5 de l’article 65 de la Constitution », portant sur la révocation des ministres.


De même, le PNL a réclamé du pouvoir exécutif de « faire payer au ministre des Affaires étrangères le prix de son unilatéralisme et de sa violation de la déclaration de Baabda et de la politique officielle et déclarée du gouvernement ».
Hors des rangs du 14 Mars, le chef du Front de la liberté, Fouad Abounader, a lui aussi condamné la position de M. Mansour et sa « défense à mort du pouvoir syrien ».
En revanche, au sein du bloc du Changement et de la Réforme, le ministre de la Culture, Gaby Layoun, a affirmé que la « politique de distanciation est parfaitement appliquée par le gouvernement » et que les propos de M. Mansour sont « médiatiquement grossis ».
Toutefois, le député Neemetallah Abinasr s’est démarqué quelque peu de cette position en réclamant « la mise en œuvre de la politique de neutralité dans les actes et pas seulement en paroles ».

 

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commentaires (4)

Mansour le Juste! Cette pluie est une bénédiction. Laisser-là tomber sur la carapace de votre honorable et juste position avec laquelle vous représentez notre pays.. Le général Aoun avant vous avait eu droit lui à une tempête de leur part et il n'en set sorti que plus grand et plus fort. C'est comme ça au pays du cèdre, il faut se faire une raison!

Ali Farhat

13 h 44, le 09 mars 2013

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Commentaires (4)

  • Mansour le Juste! Cette pluie est une bénédiction. Laisser-là tomber sur la carapace de votre honorable et juste position avec laquelle vous représentez notre pays.. Le général Aoun avant vous avait eu droit lui à une tempête de leur part et il n'en set sorti que plus grand et plus fort. C'est comme ça au pays du cèdre, il faut se faire une raison!

    Ali Farhat

    13 h 44, le 09 mars 2013

  • Plusieurs gouvernements au sein du même gouvernement,résume bien la situation chaotique du pays ou chaque ministre se voit premier ministre malheureusement . Triste. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    12 h 19, le 09 mars 2013

  • Fate7 3ala 7sabou, se donnant des prérogatives de chef d'etat, ET... il se demande en quoi a-t-il pu violer la Constitution. Prend-il les Libanais et tout le monde pour dupes, OU... ?

    SAKR LEBNAN

    08 h 53, le 09 mars 2013

  • En politique les clowns ne reconnaissent jamais leurs clowneries. Que les lecteurs me permettent cette observation : Ne manquez pas de lire l'éditorial de M Issa Goraieb ce jour, Diplomanies. Un chef-d'oeuvre.

    Halim Abou Chacra

    03 h 12, le 09 mars 2013

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