Le Liban est désormais d’autant plus fragilisé par ce qui se passe en Syrie que la polarisation que connaît la scène politique a fini par épouser les divisions syriennes.
Selon un responsable sécuritaire, la situation est très délicate, surtout que les parties libanaises ont fini par occulter l’intérêt national voire même les intérêts des citoyens eux-mêmes pour accorder la priorité à des prises de position de plus en plus tranchées et explicites en faveur du régime syrien. D’ailleurs, l’implication du Hezbollah dans les batailles au côté d’Assad au nom du « devoir jihadiste », est une preuve qui démontre clairement l’ingérence du Liban dans l’imbroglio syrien.
Il en est de même pour les prises de position du ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour qui, selon les milieux de l’opposition syrienne, se comporte comme s’il était le porte-parole du régime baassiste, et le représentant du projet irano-syrien dans la région, ses déclarations répercutant les lignes de la diplomatie de ces deux pays plutôt que celles de son propre gouvernement.
D’où le sévère rappel à l’ordre que lui a adressé le Premier ministre au sujet de son souhait de voir la Ligue arabe restituer sa place à la Syrie, une position qui a poussé Nagib Mikati à lui rappeler les critères de la politique de distanciation du Liban par rapport à ce qui se passe dans le pays voisin. Le chef du gouvernement n’a d’ailleurs pas tardé à faire remarquer, dans sa missive, que les propos de M. Mansour sont de l’improvisation pure et ne reflètent que son opinion personnelle et non officielle.
Comme il se doit, premier à voler au secours de son allié, le Hezbollah s’est dépêché, par le biais de son député, Mohammad Raad, de préciser que la position du ministre Mansour lors de la réunion de la Ligue arabe illustre fidèlement la position officielle du Liban. Cette réflexion, qui s’inscrit à contre-courant des desiderata du chef du gouvernement, n’est d’ailleurs qu’un échantillon de l’état de schizophrénie dans lequel se trouve actuellement l’exécutif qui se débat dans ses propres contradictions.
(Lire aussi: Les critiques continuent de pleuvoir sur Mansour)
Une chose est certaine : la situation syrienne n’est pas près, semble-t-il, d’évoluer dans un sens comme dans un autre, les approches de la communauté internationale en termes de solution à apporter n’étant pas très prometteuses à ce jour.
Il en va ainsi par exemple des efforts entrepris par Washington en vue de la mise en place d’un nouvelle équipe syrienne au pouvoir formée de personnalités modérées dont le rôle serait de contenir les islamistes et de les dompter notamment en les impliquant dans le processus de la prise de décision, un peu comme cela s’est fait en Égypte ou en Tunisie.
Une orientation que conteste fortement la Russie qui refuse catégoriquement l’implantation de sunnites fondamentalistes sur les bords de la Méditerranée et sur la côte syrienne plus précisément, craignant comme la peste l’influence qu’ils pourraient avoir sur la situation en Russie par le biais d’États tels que la Tchétchénie.
Ainsi, alors que Russes et Occidentaux tentent de parvenir à un consensus au sujet de la Syrie, estiment des sources diplomatiques, l’Iran agit dans la direction opposée, en poussant le régime baassiste à une plus grande radicalisation, pour mettre à profit l’escalade syrienne et mener les élections iraniennes à sa guise en juin prochain. D’où la difficulté, d’ici là, de parvenir à un règlement.
Désormais intrinsèquement lié à tout développement en Syrie, le Liban continue d’accueillir de son côté des réfugiés en grand nombre, plusieurs éléments fondamentalistes ayant profité de cette situation pour se glisser entre deux ou trois lots de réfugiés. Cette situation n’échappe pas à certains responsables sécuritaires qui craignent toutefois que ces éléments potentiellement perturbateurs n’entrent en action dans un proche avenir en vue de généraliser le chaos et de conforter leur présence et leur emprise.
C’est sous cet angle qu’il faut comprendre l’appel lancé par le chef de l’État, Michel Sleiman, qui a invité les leaders libanais à œuvrer en vue de la sauvegarde de la coexistence et de la paix civile. Cela devrait se faire selon lui grâce à la mise en place d’une nouvelle formule d’entente politique pour en dégager un nouveau texte de loi électorale assurant une représentation équitable. Autant de facteurs qui contribueraient indiscutablement à réunifier le pays et à resserrer les rangs tout en jetant les fondements de la phase à venir afin de sortir le Liban de son marasme lié à la révolte en Syrie.
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commentaires (3)
On concentre les extrémistes de la Qaëda, Nosra et autres en Est Méditerranéen pour en débarrasser la Tchétchénie, l'Afganistan et ailleurs. Vous ne voyez pas les condamnations SI TIMIDES de tous les Grands ? Les Grandes Puissances et les Régionaux, TOUS, sont de connivence... Fournir des armes aux deux côtés dans l'espoir de se débarrasser de tous les terroristes en Syrie... changer le régime dans ce pays et de continuer à côté ! Où ? CHEZ NOUS ! Les BÊTES ( EN MAJUSCULE ) sommes NOUS qui importons, sans réserve, et les problèmes et les conflits des autres, et qui appelons de VIVE VOIX, par nos interventions d'à côté, tous ces Fanatiques/Extrémistes et Mercenaires CHEZ NOUS. L'Hystérie et la Shizophrénie frappent tous nos Responsables/Irresponsables qui mènent notre pays à la Catastrophe Totale. Libanais, Réveillez-vous ! A quand le Bon Débarras ?
SAKR LEBNAN
14 h 06, le 09 mars 2013