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Spécial journée de la femme - Spécial Journée de la femme - Trois questions à

« J’aurais préféré être née femme à laquelle on a accordé ses droits »

Leila Awada, avocate et militante pour les droits de la femme.

Leila Awada, une avocate qui ne cesse de militer pour les droits de la femme au Liban.

Selon vous, quelles sont les plus graves atteintes aux droits ou à la condition de la femme au Liban ?
La plus grave atteinte reste l’atteinte au droit à la vie. Dans certains cas, la violence domestique mène au meurtre de la femme ou pousse cette dernière au suicide. Les répercussions de l’atteinte à la vie privée de la femme ne se ressentent pas uniquement au sein de la maison, mais affectent ses capacités à participer activement à la vie publique. Le droit de la femme au vote et à se porter candidate aux élections à été consacré par une loi qui remonte aux années 1950. Or peu de femmes se portent candidates. Non parce qu’elles ne le veulent pas, mais parce que la femme n’a pas le pouvoir de décider pour elle-même. Si elle souhaite participer activement à la vie publique, elle doit prendre l’accord de « l’homme » de la maison, qu’il soit le père, le frère ou le mari. Sans oublier qu’il existe des priorités. Victime de la mentalité machiste qui domine sa vie privée, la femme doit ainsi s’effacer pour céder sa place à l’homme (son frère, son père...) « puisqu’il a la priorité ». La violence lui fait perdre le contrôle de ses propres décisions. En effet, certaines femmes sont menacées de divorce, si à titre d’exemple elles refusent de voter pour le candidat favori du mari.

Le fait d’être une femme a-t-il favorisé ou handicapé votre carrière ?
Au contraire, le fait d’être une militante des droits de la femme m’a beaucoup aidée. Cela m’a permis de comprendre ce que ressentent mes congénères. J’ai compris que toutes les femmes au Liban, à un certain moment de leur vie, ont été victimes d’une forme ou d’une autre de discrimination ou de violence, que ce soit au sein de leur famille ou dans les lois en vigueur. En effet, le sentiment d’injustice n’est pas limité à une catégorie de femmes. L’extrait d’état civil familial à titre d’exemple m’agace au plus haut degré. Je ne comprends pas les raisons pour lesquelles lorsque l’homme se marie, on écrit à côté de son nom « marié », au moment où on barre à l’encre rouge le nom de la femme qui se marie, parce que, conformément à la loi, elle doit « suivre son mari ». C’est comme s’il s’agissait d’une propriété qui passe du père au mari !
Nous, les femmes qui travaillons, pouvons le faire, parce que l’homme a accepté. Le jour où il va s’opposer à cela, nous nous retrouverons devant un problème : choisir entre la famille et le métier.

Auriez-vous préféré être née homme ?
Non, j’aurais préféré être née femme à laquelle on a accordé ses droits, dans un pays qui me reconnaît comme une citoyenne à part entière et non comme une citoyenne de deuxième degré.

 

Retrouvez ce que d'autres femmes ont à dire dans notre dossier spécial Journée de la femme

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