Rechercher
Rechercher

Liban - L’éclairage

Ce qui empêche encore un accord sur la loi électorale...

Les contacts politiques en cours, menés loin des feux des projecteurs, pour débloquer l’impasse concernant l’entente sur la loi électorale n’ont toujours pas débouché sur des résultats positifs tangibles. Et pour cause : la querelle ne porte pas vraiment sur la loi électorale, mais sur l’ensemble de l’étape politique à venir, ainsi que le rôle que le Liban devrait jouer dans le cadre régional. Tant qu’un accord n’est pas assuré sur cette vision de l’avenir, les parties politiques qui occupent actuellement le pouvoir préfèrent maintenir le statu quo. Le 8 Mars reste ainsi au pouvoir avec l’aide de Walid Joumblatt, lequel, sans lâcher la majorité et sans quitter le gouvernement, poursuit son rapprochement progressif du 14 Mars.


Parallèlement, le débat sur la loi électorale et le soutien des Forces libanaises et du parti Kataëb au projet d’Élie Ferzli ont jeté un grand froid entre les différentes composantes de l’opposition. Certes, les efforts sont continuellement déployés pour réparer les dégâts, mais les détracteurs de Samir Geagea et d’Amine Gemayel continuent de se demander comment les deux hommes ont bien pu glisser sur cette peau de banane qui leur a été jetée par leur adversaire, Michel Aoun. Le tandem chrétien de l’opposition a pensé pouvoir manœuvrer en soutenant la loi, de manière à pousser ensuite le chef du CPL dans ses derniers retranchements. Mais la loi dite « orthodoxe » a pris le dessus sur la manœuvre et s’est retrouvée comme animée d’une vie propre à elle : Kataëb et FL ont lâché leur projet initial, la loi des 50 petites circonscriptions, qui avait obtenu l’aval de principe du courant du Futur, quitte à ce que les détails soient ensuite discutés... Que s’est-il donc passé ? Pour un député haririen, les arguments développés par Samir Geagea pour expliquer son choix ne sont guère convaincants, pas plus que les motifs présentés par Amine Gemayel. Qu’à cela ne tienne, tout le monde semble d’accord sur la nécessité de colmater la profonde fissure qui a lézardé l’alliance du 14 Mars.


Encore une fois, la véritable raison de l’absence de consensus interne, de l’avis d’un ministre du cabinet Mikati, ce n’est pas la loi électorale. Tout le monde a les yeux rivés sur l’avenir de la région, et tout particulièrement sur celui de la Syrie, soutient-il. Des élections au Liban signifient nécessairement un remaniement ministériel. Or l’axe syro-iranien, qui est à l’heure actuelle dans la situation la plus critique de son histoire, ne semble pas disposé à se lancer dans cette aventure pour l’instant, tant le cabinet Mikati remplit ses bons offices dans ce domaine. Le régime syrien est mis au ban de la communauté internationale depuis le début des massacres, et le gouvernement libanais lui permet encore un accès au monde, grâce notamment aux bons efforts fournis par le chef de la diplomatie, Adnane Mansour, un partisan farouche d’Assad. Faut-il rappeler que Mansour n’a même pas tenu compte de la demande du président de la République de convoquer l’ambassadeur syrien pour lui signifier les protestations de l’État libanais ? Est-il nécessaire de souligner que le diplomate syrien va même jusqu’à justifier les agissements de son pays par les satisfecit qui lui sont accordés par le locataire du palais Bustros ?


Le cabinet actuel est une nécessité pour le Hezbollah, la Syrie et l’Iran, malgré ses échecs multiples dans différents domaines. Les ministres, y compris le primus inter pares, Nagib Mikati lui-même, n’ont pas le droit de démissionner, comme l’a récemment précisé Walid Joumblatt dans l’une de ses prestations télévisées. Dans l’optique du Hezbollah, le cabinet Mikati doit simplement appliquer le cahier des charges qui lui a été remis : rester au côté du régime Assad, en dépit de la cryptopolitique de dissociation ; ignorer les violations de souveraineté à la frontière libano-syrienne et le contrôle des frontières ; s’aligner sur la politique régionale de la « moumana’a ». Or le bras de fer international qui oppose l’Occident à la Russie, la Chine et l’Iran incite l’axe de la « moumana’a » à s’agripper au cabinet Mikati et à préserver le statu quo... en attendant de savoir comment le vent va tourner en Syrie et quel sera le résultat des négociations sur le nucléaire iranien.
Pas d’accord sur la loi électorale, donc, avant la fin de la crise syrienne et la conclusion d’un deal à l’échelle régionale et internationale.


Or des sources diplomatiques occidentales écartent la possibilité d’une prolongation du conflit syrien, estimant qu’un marché porteur d’une solution n’est plus très lointain. Un tel marché global se répercuterait positivement sur le pays et débloquerait aussitôt la voie vers les élections. Du côté de l’Occident, l’on continue de souligner avec grande insistance la nécessité du respect des échéances constitutionnelles, qui seront porteuses de changement et permettront au Liban de rejoindre la dynamique du printemps arabe. Pour l’Occident, donc, le scrutin doit se dérouler coûte que coûte, même si cela doit se faire sur base de la loi de 1960 remaniée. L’alternative, à savoir le chaos, n’est tout simplement pas envisageable.

 

Lire aussi

Liban : Quid après la convocation du corps électoral?

 

Repère

Loi électorale : petit guide à l’usage de l’électeur libanais perplexe

 

Voir notre dossier : Les électeurs libanais ont la parole
Les contacts politiques en cours, menés loin des feux des projecteurs, pour débloquer l’impasse concernant l’entente sur la loi électorale n’ont toujours pas débouché sur des résultats positifs tangibles. Et pour cause : la querelle ne porte pas vraiment sur la loi électorale, mais sur l’ensemble de l’étape politique à venir, ainsi que le rôle que le Liban devrait jouer dans...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut