Un caïd libanais de la drogue lié au Hezbollah arrêté au Paraguay

C’était la mi-décembre l’année dernière quand Interpol avait arrêté dans la zone de transit de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle une Paraguayenne de 21 ans ayant avalé plus d’un kilogramme de cocaïne. Nélida Cardozo Taboada a avoué à la police française qu’elle avait été recrutée pour transporter de la drogue par un réseau de trafiquants. Son employeur, une femme paraguayenne mariée à un Libanais, l’avait convaincue d’avaler la cocaïne en lui promettant un emploi comme femme de ménage à Varsovie, en Pologne, rapporte Now Lebanon.
La police n’a mis que quelques jours au Paraguay pour parvenir à la tête d’un cartel de drogue libanais à la Ciudad del Este, une ville où les frontières du Paraguay, du Brésil et de l’Argentine se rencontrent. Wassim Abdelfadel a été arrêté le 21 décembre dernier avec sa femme paraguayenne.
Selon les informations communiquées par Interpol et la police paraguayenne, Abdelfadel, 30 ans, faisait partie d’un réseau de trafic international de drogue contrôlé à partir d’Isla Margarita, au Venezuela, une destination de vacances des Caraïbes qui est aussi une plaque tournante célèbre pour les cartels de la drogue sud-américains.
Le meneur du cartel est Ghazi Atef Nassredine, également connu sous le nom d’Abou Ali, un partisan déclaré du Hezbollah, devenu citoyen vénézuélien il y a 10 ans. En arrêtant Abdelfadel, Interpol et la police paraguayenne ont découvert un réseau international de blanchiment d’argent et un trafic de drogue de l’Amérique du Sud vers les États-Unis, l’Europe et le Moyen-Orient.
Abdelfadel était le chef d’un réseau qui envoie de l’argent à blanchir et des médicaments fabriqués dans la région des trois frontières, à des comptes bancaires à Istanbul et Damas. Selon un communiqué de la police du Paraguay, le réseau Abdelfadel envoyait régulièrement des sommes comprises entre 50 000 et 200 000 dollars à ces comptes.
Après avoir enquêté sur les propriétaires de ces comptes, la police paraguayenne est parvenue à constituer une liste de ressortissants libanais connus pour être des membres haut placés du Hezbollah. Mais cette liste n’a pas été remise à la presse. Les mêmes comptes bancaires auraient également reçu de l’argent provenant de différents continents.
Malgré sa jeunesse, Abdelfadel avait pris le contrôle de tout un marché soutenu par le Hezbollah, que ce soit sur le plan de l’immobilier ou des médicaments à Ciudad del Este et cela après que les dirigeants du réseau – les Libano-Américains Nemr Ali Zoayter, Amr Zoher et Moussa Ali Hamdan – eurent été arrêtés au Paraguay et extradés vers les États-Unis. Zoayter et Zoher avaient été arrêtés à Ciudad del Este en 2008, et Hamdan en 2010.
Selon les déclarations publiées par la police paraguayenne, Abdelfadel avait été en fuite pendant plus de trois ans. Il ne faisait pas seulement partie du cartel de la drogue, mais il était aussi propriétaire d’une entreprise de pièces automobiles, Automotores Fadel, située à Ciudad del Este. En 2008, plusieurs de ses clients l’avaient dénoncé à la police pour fraude.
Abdelfadel est né à Touline, un village de Marjeyoun. Il n’était pas le seul de son village à avoir fait fortune en Amérique du Sud ou en Afrique de l’Ouest.
L’Amérique latine est devenue populaire comme destination il y a vingt ans pour les Libanais originaires du Liban-Sud, car le processus d’émigration vers l’Australie ou les États-Unis était devenu très compliqué et il semble que les Libanais préfèrent souvent le Paraguay, parce que le commerce est en plein essor dans ce pays, souligne Now Lebanon.