Loi électorale : la commission ad-hoc clôture ses réunions... sans accord

Alors que, si l'on croyait aux déclarations de certains protagonistes en cours de journée, la "fumée blanche" était supposée s’élever d'une minute à l'autre lors de la dernière réunion de la sous-commission ad hoc chargée d'élaborer une nouvelle loi électorale en prévision des législatives prévues en juin, son président Robert Ghanem a annoncé samedi en fin de journée qu'aucun accord n'a pu être conclu.

"La commission a effectué d’énormes progrès dans ses discussions (autour des projets présentés), mais aucune vision consensuelle n'a pu être adoptée", a déclaré le député. Et de poursuivre : "Nous allons donc soulever notre rapport au président de la Chambre Nabih Berry."

Ce dernier avait convoqué, plus tôt dans la journée, les commissions parlementaires conjointes à une réunion lundi à 11h, ainsi que mardi, mercredi et jeudi, afin de discuter du projet de loi électorale et d'annoncer les résultats de la deuxième série de réunions de la sous-commission ad hoc, selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle).
Les commissions convoquées sont les suivantes : commissions du Budget et des Finances, de l'Administration et de la Justice, de la Défense et de l'Intérieur, de l'Information et des Télécommunications.

Selon Robert Ghanem, les discussions de samedi sont parties du mode de scrutin mixte (proportionnel et majoritaire) proposé par M. Berry. Les autres projets ont ensuite été débattus à tour de rôle. "Les différents projets se sont rapprochés à un certain point, mais les discussions ont porté sur le pourcentage de répartition entre mode proportionnel et majoritaire et sur le nombre de circonscriptions", a précisé M. Ghanem. Il a également souligné qu'à travers leurs propositions, tous les protagonistes ont essayé de concilier la juste représentation et l’équilibre politique. 

"Nous allons de l'avant et nous discuterons lundi du projet du Rassemblement orthodoxe qui figure sur l'agenda des commissions conjointes", a pour sa part déclaré le député du Courant patriotique libre (CPL) Alain Aoun à l'issue de la réunion. Et de poursuivre : "Nous souhaitions parvenir à un accord, mais malheureusement il n'y a pas eu de consensus. Nous allons donc discuter du choix qui a bénéficié de l'accord de la majorité (le projet orthodoxe), un choix juste et qui n'est dirigé contre aucune partie". 

Même son de cloche pour le député du Hezbollah, Ali Fayad, qui a assuré que le projet orthodoxe sera débattu lundi. "Nous avons donné une chance au consensus mais, le cas échéant, que la majorité parlementaire décide", a-t-il ajouté. Plus tôt dans la journée, M. Fayad avait indiqué que la proposition des Forces libanaises "manquait d'équilibre politique".

De son côté, le député du Courant du futur, Ahmad Fatfat, a souligné que son parti est attaché à son projet qu'il a qualifié de "consensuel et qui fait partie du plan qui pourrait sortir le Liban de la crise". M. Fatfat a néanmoins ajouté que "le projet des Kataëb, qui propose une division différente des circonscriptions de manière à renforcer la voix chrétienne, est proche de notre vision".

Son collègue, Serge Torsarkissian, a, lui, déclaré que les discussions porteront lundi sur un projet mixte, ajoutant que "rien n'arrivera dans le pays".

Samedi matin, le chef du CPL Michel Aoun avait toutefois affirmé que son parti ne votera que pour le projet orthodoxe (lors des réunions des commissions parlementaires conjointes). "Toutes les autres loi électorales proposées servent certains intérêts", avait-il dit.

Lors d'un discours prononcé en soirée, le secrétaire général du Hezbollah a lui aussi réitéré son soutien à son allié, le CPL et au projet orthodoxe. "Si ce projet était soumis au vote, nous voterons en sa faveur", a-t-il déclaré.

Pour mémoire

Le CPL et le Hezbollah chercheraient à reporter les élections afin de préserver leurs acquis

Repères

Loi électorale : petit guide à l’usage de l’électeur libanais perplexe

Dossier

Loi électorale : l’indépendantisme communautaire gagne du terrain...