Quand l’Iran drague une Égypte pas très enthousiaste...

Mahmoud Ahmadinejad a appelé à une alliance stratégique avec l’Égypte, à laquelle il a proposé une aide financière, mais son offre n’a pas soulevé l’enthousiasme attendu par Téhéran. « Nous devons tous avoir présent à l’esprit que le seul choix possible est de mettre sur pied cette alliance, car elle est dans l’intérêt des peuples égyptien et iranien et d’autres nations de la région », a dit le chef de l’État iranien, cité hier par l’agence de presse officielle égyptienne MENA. Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues, mais le président égyptien Mohammad Morsi, membre des Frères musulmans, a accueilli mardi son homologue iranien en grande pompe. « Certains cherchent à empêcher nos deux grands pays de se rapprocher, bien que les problèmes de la région nécessitent cette coopération, et notamment la question palestinienne », a dit M. Ahmadinejad. « J’ai déjà dit que nous étions en mesure d’offrir à nos frères égyptiens la possibilité de beaucoup emprunter et bien d’autres services », a-t-il souligné dans une interview au quotidien el-Ahram. Il faut dire que le tourisme égyptien a été durement touché par les troubles qui n’ont pas cessé depuis le soulèvement populaire et la chute de Hosni Moubarak il y a deux ans, et les investissements se sont taris en raison de l’instabilité politique et économique. Le chef de la diplomatie égyptienne, Mohammad Amr, a en tout cas minimisé la portée de la visite d’Ahmadinejad, en déclarant que le président iranien était avant tout au Caire pour le sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui s’est ouvert hier. « C’est donc là une chose normale, c’est tout », a-t-il déclaré.
Peu de progrès ont été enregistrés jusqu’à présent sur la voie d’une normalisation des relations bilatérales, a toutefois reconnu hier Mahmoud Ahmadinejad. « Aucun changement ne s’est produit ces deux dernières années, mais des discussions ont vu le jour, et Son Excellence le président Mohammad Morsi s’est rendu en Iran où nous l’avons reçu (...) », a-t-il dit. L’un des obstacles persistants au rétablissement des relations, pour Le Caire, concerne le fait qu’une rue de Téhéran a été baptisée du nom de l’islamiste égyptien qui avait dirigé le commando ayant assassiné le président Anouar Sadate en octobre 1981.
Par ailleurs, trois Égyptiens et un Syrien ont été interpellés mardi après avoir tenté d’agresser le président iranien à la mosquée Hussein du Caire. Maintenus en détention durant la nuit, ils ont été remis en liberté contre une caution de 500 livres égyptiennes (75 dollars) chacun. Mais l’Iran a minimisé l’incident, estimant que cela ne reflétait pas la position de l’Égypte à l’égard de Téhéran.

Anéantissement
Sur un tout autre plan, l’Iran est « prêt à marcher sur Israël pour l’anéantir » si l’État hébreu lance une attaque contre la République islamique, a déclaré Mahmoud Ahmadinejad, dans des propos rapportés par MENA hier. « Les sionistes (...) espèrent agresser l’Iran et l’attaquer, mais ils ont très peur de la réaction iranienne et des conséquences d’une telle attaque », ajoute M. Ahmadinejad. « Nos forces de défense sont en mesure de dissuader tout agresseur et lui faire regretter son acte », poursuit-il. Le président israélien, Shimon Peres, avait mis en garde mardi contre le « danger » d’un Iran nucléaire qui « menace notre existence et la paix du monde entier », lors de la séance inaugurale du nouveau Parlement. Les grandes puissances soupçonnent l’Iran de vouloir se doter de la bombe atomique sous couvert d’un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément avec véhémence.

Sanctions/discussions
Sur ce point, la difficulté à s’accorder sur une date pour la reprise des négociations sur le programme nucléaire de l’Iran augure mal de l’issue de la nouvelle réunion, selon des experts, pour qui les espoirs d’avancées sont minces. Après des semaines de querelles, l’Iran et le groupe des 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne) ont finalement confirmé mardi une nouvelle rencontre à Almaty, au Kazakhstan, le 26 février. Parallèlement, la Russie espère voir d’« importants progrès » dans ces négociations, selon un vice-ministre russe des Affaires étrangères hier. L’Iran a pendant ce temps dénoncé l’entrée en vigueur hier de nouvelles sanctions américaines, qui interdisent aux pays acheteurs du pétrole iranien de le payer en devises, estimant que c’était « un nouvel exemple de l’hostilité » des États-Unis à l’égard de Téhéran.
(Source : agences)

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