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Nos Lecteurs ont la Parole

Mariage civil et anathème

Dr Élie ABOUAOUN
Pour certains, il n’est probablement pas étrange que le RP Abdo Abou Kassem jette l’anathème sur ceux qui optent pour le mariage civil. Ça fait des années que des activistes, chrétiens de surcroît, se posent des questions (parfois dans ces colonnes mêmes à l’instar de Michel Hajji Georgiou) sur la pertinence d’avoir un centre chargé de la moralité de la communauté. Sur le fond, « décider » que les mariés civils n’ont pas droit aux sacrements de l’Église n’est que le comble d’une hérésie qui doit cesser. J’espère de tout cœur que les jeunes catholiques sauront mesurer le danger de ce genre de pratiques et prendre position.
Le CCI s’est fait champion de la censure depuis bien longtemps. À ce titre, il s’est arrogé le droit de décider ce que les chrétiens du Liban doivent lire, voir ou écouter. À défaut d’une résistance culturelle structurée au sein même de la communauté – que le CCI considère comme sa chasse gardée –, certains reviennent maintenant avec une fatwa bien plus grave: celle de décider qui a accès aux sacrements du Christ. Que ce genre de jugement soit pris à la légère (normalement, l’excommunication relève de l’autorité d’un évêque) et communiqué de cette façon cavalière ne fait que pousser les croyants à se poser de plus en plus de questions sur la compétence des gens en charge des fonctions ecclésiastiques sensibles. Mais l’histoire va au-delà des compétences: c’est une question de principe. Qui est en droit de juger les croyants et comment? Qui est en droit de décider pour toute une communauté ce qui est «moral» et ce qui ne l’est pas?
Tout d’abord, il y a lieu de rappeler, à ceux dont la mémoire est courte, ce que le Christ lui-même a dit: «Ne jugez pas, afin de n’être pas jugés.» (Mathieu 7:1). Il n’y a en tout cas aucune source biblique pour la procédure d’excommunication. Et le fait de substituer cette absence de source biblique par un dogmatisme rigide ou un juridisme obscurantiste contredit la nécessité que, sur ces questions éthiques, l’Église catholique parte toujours d’un ensemble de principes au lieu de tomber dans le piège. L’Église, engagée au service des droits universels de l’être humain, de la liberté de conscience et, par-dessus tout, au fait que la religion chrétienne est basée sur le principe de la liberté du croyant et la centralité de sa dignité aux yeux du Créateur, ne peut pas permettre à un prêtre de s’arroger la fonction de « censeur ». À travers ces pratiques, le CCI éloigne l’Église des principes fondateurs de la religion chrétienne et, surtout, augmente la faille déjà existante entre les croyants et l’establishment ecclésiastique. À ce titre, l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques du Liban est appelée à redéfinir le rôle et la fonction du CCI de façon à neutraliser cette tendance liberticide observée depuis plusieurs années.
C’est à se demander si le CCI me permettra d’aller dimanche à la messe après la publication de cet article...

Dr Élie ABOUAOUN
Chargé de cours à l’Université Saint-Joseph
Enseignant vacataire à l’Université Notre Dame Louaïzé
Pour certains, il n’est probablement pas étrange que le RP Abdo Abou Kassem jette l’anathème sur ceux qui optent pour le mariage civil. Ça fait des années que des activistes, chrétiens de surcroît, se posent des questions (parfois dans ces colonnes mêmes à l’instar de Michel Hajji Georgiou) sur la pertinence d’avoir un centre chargé de la moralité de la communauté. Sur le fond,...

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