Rechercher
Rechercher

Liban - Liban

Une justice et une sécurité pour tous...

Le symbole de la justice. Archives AFP

« Mon ardent désir est de voir s’ériger une autorité judiciaire totalement autonome, fort capable, moderne et protectrice des libertés telles que consacrées par la Constitution et les lois (...). Il est de la responsabilité de l’État de concevoir et d’établir une vision d’avenir de manière à pourvoir aux besoins d’une administration de la justice. »
Ces propos, prononcés par le chef de l’État lors de l’inauguration judiciaire 2009-2010, ont été repris hier par le président du Conseil supérieur de la magistrature, le juge Jean Fahd, lors du lancement du nouveau projet de soutien européen à la formation des acteurs judiciaires.


Si le président du CSM a tenu à reprendre la déclaration de Michel Sleiman, c’est qu’il fallait bien rappeler que l’appareil judiciaire seul ne peut pas s’autoréformer – avec ou sans l’aide de partenaires européens – sans l’appui inconditionnel des politiques. Ou plutôt le contraire, puisque c’est seulement lorsque les politiques mettront un terme à leur mainmise sur les magistrats et le système judiciaire dans son ensemble que ce dernier se portera mieux. Lorsque les législateurs aussi se départiront de leur insouciance vis-à-vis du quotidien du citoyen, en mettant fin à leurs querelles byzantines sur tout et rien, pour pouvoir enfin plancher sur l’adoption ou l’amendement de textes tout aussi importants pour le citoyen que celui qui les fera réélire de nouveau.


Certes, le besoin de réformer le secteur judiciaire est on ne peut plus pressant si l’on aspire réellement à un État de droit digne de ce nom et à une justice véritablement indépendante. Les opportunités sont là et les aides affluent.
Encore faut-il que les politiques fassent preuve d’une volonté réelle dans ce domaine et cessent de tétaniser le citoyen de discours circonstanciels qu’ils prononcent à chaque occasion publique sur « l’indépendance judiciaire requise » qui reste une pure forme de l’esprit.


Car, rien ne sert de clamer haut et fort la nécessité de reformer, en signant protocole sur protocole, si la décision ne tombe pas du haut de la hiérarchie comme un couperet, pour entraîner dans son sillage l’ensemble des acteurs concernés, appelés à mettre la main au chantier, en prenant part activement à la dure bataille du changement.
Les acteurs, ce sont certes les juges, les avocats les experts judiciaires, les auxiliaires de justice, les médecins légistes et tous les autres maillons de la chaîne, notamment les services sécuritaires et la police judiciaire. Ce sont autant d’acteurs diversifiés et incontournables, chacun à partir de son poste, chacun du haut de sa responsabilité. C’est eux qui, en définitive, habiliteront un juge intègre et indépendant à rendre un bon verdict, et une police qui se respecte à préparer le terrain et à mettre en exécution. La chaîne est certes complexe et la réforme s’impose à toutes les institutions corollaires, dont dépend étroitement le bon fonctionnement de la justice.


Alors que l’État libanais est devenu aujourd’hui tristement célèbre par sa décrépitude, gangréné jusqu’au plus profond de ses institutions par la corruption, le clientélisme, le népotisme et le communautarisme, au moment où le citoyen a désormais pris l’habitude des règlements de comptes dans la rue, en cherchant à imposer un équilibre de la terreur avec les services de l’ordre, bravant la justice et les politiques –, aujourd’hui plus que jamais ce même citoyen rêve de justice et d’ordre.


Une justice égale pour tous, une sécurité citoyenne et non communautaire qui doit se départir au plus tôt de ses couleurs politiques écarlates.
Enfin, un État, qui reprend sa place naturelle, en se substituant progressivement, lentement mais sûrement, à la « horde primitive », qui suit aveuglément en continuant d’acclamer ses pères communautaires et claniques, comme le rappelait il y a peu de temps un psychanalyste.

« Mon ardent désir est de voir s’ériger une autorité judiciaire totalement autonome, fort capable, moderne et protectrice des libertés telles que consacrées par la Constitution et les lois (...). Il est de la responsabilité de l’État de concevoir et d’établir une vision d’avenir de manière à pourvoir aux besoins d’une administration de la justice. » Ces propos, prononcés...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut