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Nos Lecteurs ont la Parole

N’ayez pas peur !

Par Rami Antoine ABI AKL
Le choix de la loi électorale pour les législatives 2013 est aujourd’hui au cœur du débat politique. L’opinion publique n’est désormais plus en mesure de savoir quelles sont les intentions, ou même les positions des différents partis politiques. Certains sont inquiets pour l’avenir des chrétiens du Liban, duquel dépend concrètement ou symboliquement l’avenir des chrétiens d’Orient. Je ne veux pas croire que d’autres œuvrent pour maintenir le déséquilibre qui a affaibli les chrétiens au cours des dernières décennies.
Oui, je parle des Libanais chrétiens. Parce qu’il faut l’avouer, le système confessionnel libanais fait que le Libanais est défini, ou se définit, par son appartenance communautaire – entre autres si ce n’est uniquement parfois. Cette réalité est peut-être regrettable, amère ou triste, mais elle reste la réalité. Si je me permets en conséquence de parler de groupes religieux, je m’adresse en tant que Libanais, et en tant que Libanais uniquement, à tous mes frères.
Je comprends les inquiétudes de la communauté chrétienne, et regrette de constater qu’au XXIe siècle, une communauté religieuse au Proche-Orient se sent en danger. Cela traduit une menace sous-jacente à la liberté de culte, et une crainte de voir la citoyenneté rattachée à une appartenance religieuse déterminée. Mais je ne veux pas croire, et surtout je ne pense pas que la menace vient de l’intérieur du pays ; les communautés religieuses ont compris qu’aucune d’entre elles ne peut prendre les rênes du pouvoir à elle seule. De plus, la tradition de démocratie et de liberté, à la libanaise certainement, est désormais ancrée dans les esprits ; la tolérance ne se perdra pas du jour au lendemain.
Ce que j’entends dire à mes frères, c’est que notre salut n’est pas dans la politique ; ou du moins, il n’est pas que dans la politique. J’ose rappeler aussi à mes frères, qui revendiquent tous une appartenance confessionnelle, qu’ils sont censés croire en une instance de loin plus puissante qu’un simple Parlement. Je ne dis pas que le débat actuel est inutile. Cependant, je rappelle à tous les Libanais, qui partagent les inquiétudes de leurs frères chrétiens évidemment, qu’une loi bien choisie pourrait certes améliorer la représentation des chrétiens, mais que rien ne pourra menacer leur existence.
Je ne vais pas revenir sur deux mille ans d’histoire, jalonnés de guerres et d’invasions qui n’ont pu éliminer les chrétiens du Liban, ni les autres composantes de la société libanaise d’ailleurs. Je reviens simplement quelques mois en arrière, au 16 septembre 2012, à un paysage qui m’avait particulièrement marqué : celui de la marée humaine qui est allée à la rencontre du pape Benoît XVI à Beyrouth. Vous avez marché des kilomètres, subi la chaleur étouffante ou simplement regardé, avec émotion, les autres le faire devant votre poste de télévision. Vous n’étiez pas que des chrétiens.
Frères chrétiens, lorsque des inquiétudes vous traversent l’esprit, souvenez-vous de ce jour-là. Et souvenez-vous que vous êtes un groupe religieux, et non un groupe politique. Ainsi, bien plus que les urnes, c’est votre foi spectaculaire qui fait votre force, et c’est la bonne entente avec les autres groupes religieux qui fait la force de notre pays. Frères Libanais, vous n’êtes pas un danger les uns pour les autres ; vous avez essayé de vous entre-tuer, mais vous avez constaté que vous n’avez d’autre solution que le vivre ensemble.
Frères chrétiens, si vous n’avez pas changé depuis septembre 2012, je n’ai pas besoin de vous dire : n’ayez pas peur !
Le choix de la loi électorale pour les législatives 2013 est aujourd’hui au cœur du débat politique. L’opinion publique n’est désormais plus en mesure de savoir quelles sont les intentions, ou même les positions des différents partis politiques. Certains sont inquiets pour l’avenir des chrétiens du Liban, duquel dépend concrètement ou symboliquement l’avenir des chrétiens...

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