Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a appelé jeudi, lors d'un discours, les Libanais à ne pas importer le conflit syrien au Liban.
"Outre la politique de distanciation adoptée par le gouvernement à l'égard de la crise syrienne, il existe deux approches face à la situation en Syrie. La première consiste à refuser l'importation du conflit, alors que la deuxième est basée sur la provocation et la propagation de cette crise au Liban", a lancé le chef du Hezbollah qui s'exprimait via des écrans géants lors d'une cérémonie à Baalbek (est), à l’occasion de la commémoration du quarantième jour du deuil de l’Achoura.
Et d'ajouter : "C'est grâce à la position de notre parti que le conflit n'a pas été importé au Liban. Si nos adversaires étaient au pouvoir, il est certain qu'il y aurait eu un conflit interne au Liban et un conflit armé entre le Liban et la Syrie".
Partition de la Syrie
Pour le leader du Hezbollah, la Syrie est, en outre, menacée de partition. "Notre position fondamentale est le refus de toute forme de partition ou de tout appel à la division et au découpage de n'importe lequel des pays arabes ou musulmans et nous appelons à préserver l'unité de chacun de ces pays (...). Du Yémen à l'Irak, jusqu'à la Syrie plus que jamais menacée", a déclaré le chef du puissant mouvement chiite armé.
Une nouvelle fois, il a appelé à un "règlement politique en Syrie", estimant que "si la solution militaire perdure, la guerre sera longue". "Il doit y avoir un mouvement politique sérieux, qui se dirige vers des pressions et une aide pour aboutir à une solution politique en Syrie, un dialogue politique et un règlement politique", a-t-il poursuivi.
Hassan Nasrallah a, dans ce contexte, appelé les Libanais à renforcer l'union nationale et la paix civile afin d'éviter et d'empêcher les dissensions. "C'est votre responsabilité de préserver la sécurité et la sûreté de votre pays", a-t-il encore dit. Il a également demandé au Cabinet de développer sa position politique à l'égard du conflit syrien, soulignant que cela ne contredit pas la politique de distanciation. "Il faut la développer et refuser les pressions exercées par les pays occidentaux sur le Liban", a indiqué Hassan Nasrallah. "Le gouvernement doit dire à la communauté internationale qu'elle impose au Liban un fardeau qu'il ne peut supporter", a poursuivi le chef du Hezbollah. "Nous ne pouvons pas adopter une politique de distanciation tout en supportant le fardeau qui nous est imposé", a-t-il insisté.
Réfugiés syriens au Liban
Concernant les réfugiés syriens au Liban, le secrétaire général du Hezbollah a estimé que ce dossier ne doit pas être politisé : "Il faut l'aborder d'un point de vue humanitaire uniquement. Les réfugiés syriens devraient être traités de la même façon qu'ils soient pro-régime ou anti-régime", a affirmé Hassan Nasrallah. Et d'ajouter : "Il est impossible de fermer les frontières entre le Liban et la Syrie. Nous devons œuvrer pour régler le dossier des réfugiés syriens le plus vite possible".
Ces derniers jours, le dossier des réfugiés syriens est le sujets de tensions politiques, surtout depuis que l'ambassadeur de Syrie au Liban Ali Abdel Karim Ali a accusé le ministre libanais des Affaires sociales Waël Bou Faour de discrimination dans la distribution des aides aux réfugiés syriens.
Hassan Nasrallah a, par ailleurs, appelé les Libanais à accueillir les familles syriennes dans leurs maisons, "malgré la crise économique qui frappe le pays". Selon lui, il faut "trouver une solution au conflit syrien pour trouver une solution au problème des réfugiés". Il a ajouté que "ceux qui sont responsables de l'afflux de réfugiés sont ceux qui alimentent la crise, que ce soit en Syrie, sur la scène régionale ou sur la scène internationale".
Lors de sa réunion d'aujourd'hui, le Conseil des ministres devrait aborder cette question sensible, alors que plusieurs responsables ont récemment indiqué que le pays du Cèdre ne pouvait pas "supporter seul ce fardeau".
Selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) publiés en décembre, 154.387 réfugiés syriens sont enregistrés au Liban, contre 142.664 en Jordanie, 136.319 en Turquie, 64.449 en Irak et 11.740 en Afrique du Nord.
(Lire aussi : Mikati dénonce les critiques « injustifiées et inacceptables » portant sur l’aide de l’État aux réfugiés syriens)
Pèlerins enlevés en Syrie
Hassan Nasrallah a, par ailleurs, affirmé que les efforts des responsables libanais et turcs dans l'affaire des pèlerins chiites libanais enlevés en Syrie en mai dernier "n'étaient pas suffisants".
"Le gouvernement devrait assumer ses responsabilités vis-à-vis des citoyens. Allez négocier directement avec les ravisseurs! Vos appels téléphoniques ne sont pas suffisants. Vous n'avez pas le droit de critiquer les positions des familles des otages", a lancé le chef du Hezbollah tout en estimant que "la Turquie, l'Arabie saoudite et le Qatar sont capables de résoudre cette affaire. Ces pays participent activement aux événements en Syrie".
"Si le gouvernement est incapable de communiquer avec ces pays ou de régler ce dossier, qu'il soit franc avec les familles", a martelé le leader chiite.
Onze pèlerins chiites libanais ont été enlevés le 22 mai 2012 dans la province d'Alep, dans le nord de la Syrie, alors qu'ils rentraient d'un pèlerinage en Iran. L'un des pèlerins, Hussein Ali Omar, a été relâché le 25 août, un geste de bonne volonté après une médiation des ulémas musulmans. Un deuxième, Awad Ibrahim, a été libéré le 25 septembre.
Leur rapt avait été revendiqué par un groupe dirigé par un homme se faisant appeler Abou Ibrahim, basé à Azaz près de la frontière turque, et se réclamant de l'Armée syrienne libre (ASL), principale force de l'opposition armée. Mais cette dernière avait démenti toute implication dans ces enlèvements.
Mercredi, les familles des pèlerins ont manifesté devant les bureaux de la Turkish Airlines, à Beyrouth.
Peu après la fin du discours de Nasrallah, le ministre libanais de l'Intérieur Marwan Charbel a déclaré que l’État libanais négociait "directement" avec les ravisseurs des pèlerins chiites à Azaz, afin d'obtenir leur libération.
Ressources gazières et pétrolières
Le secrétaire général du Hezbollah a enfin appelé les politiciens libanais à mettre en place une stratégie nationale pour préserver et protéger les nouvelles ressources pétrolières et gazières du Liban en mer Méditerranée.
"Israël a immédiatement pris des mesures pour protéger les ressources énergétiques qui ont été découvertes, qu'avons-nous fait depuis cette découverte ?", s'est interrogé Hassan Nasrallah, lors d'un discours à l’occasion de la commémoration du quarantième jour du deuil de l’Achoura. "Ces ressources peuvent résoudre tous les problèmes économiques du Liban", a-t-il poursuivi.
Selon le chef du Hezbollah, ces ressources pourraient toutefois être la cause principale des prochains conflits dans la région. "Ces ressources appartiennent à tous les Libanais et non pas à un parti politique ou à des individus. Il est certain que les Israéliens vont essayer de mettre la main sur nos ressources surtout dans les zones disputées, en tant que Résistance nous sommes prêts à défendre ce qui appartient au Liban", a-t-il encore averti.
Volonté et foi
Le chef du Hezbollah a, enfin, indiqué que son parti sera confronté à plusieurs défis en 2013. "Les Israéliens et les Américains tentent de nous encercler dans le monde entier. Ils font pression pour que le Hezbollah soit inclus sur la liste européenne des organisations terroristes. Certains pays arabes œuvrent aussi pour donner une image diabolique de la Résistance (...), mais ils ne réussiront pas. Notre force ne réside pas dans nos armes mais dans notre volonté et notre foi". "Vos menaces ne nous font pas peur", a-t-il conclu.
commentaires (8)
Mawlay Nasrallah, ceux qui vous accusent injustement sans avoir aucun élément de vérité (à part écouter et lire la presse genre France 24, dirigée pour sa politique extérieur par un certain Attal) ne savent pas ce qu'ils font... Pardonnez-les!!
Ali Farhat
04 h 47, le 04 janvier 2013